Fantasy

Le Chant des épines, tome 1 : Le royaume rêvé

Le royaume rêve - Le chant des épines

Titre : Le Royaume rêvé
Série : Le chant des épines, tome 1
Auteur : Adrien Tomas
Éditeur : Mnémos
Date de publication : 2016 (août)

Synopsis : Voici la geste des jeunes héritiers des clans du Nord et de leurs compagnons. Voici la geste des princes otages, de celles et ceux qui ont pour projet d’unifier les marches du Gel pour en faire leur royaume rêvé, puissant, sûr et juste, gouverné avec sagesse.Mais leur chemin vers l’accomplissement de cette quête sera semé d’embûches : le respect du peuple s’arrache dans le sang et les larmes, et la victoire sur leurs ennemis demandera de grands sacrifices. Ils sont la dernière chance de survie du Nord : l’empereur-tigre menace de fondre sur les marches du Gel, et les mandragores s’éveillent pour les ravager. Les lames, la magie et le verbe seront leurs armes.

Note 3.5

Modelées dans les ronces et les ténèbres, sculptées à partir d’insectes et d’ombre, les abjections, ou mandragores, étaient des gardiens immortels imaginés par le désespoir des Elfes avides d’échapper aux massacres perpétrés par les Humains. Certaines s’étaient échappées des champs de bataille et avaient disparu au plus profond des forêts anciennes des marches du Gel, alimentant les craintes et les superstitions de paysans terrifiés qui brûlaient systématiquement tout arbre déformé, soupçonné d’être en réalité une mandragore en dormance.

 

Après une petite incursion dans le western fantastique avec « Notre-Dame des loups », Adrien Tomas revient cette année à l’univers du sixième royaume qu’il met en scène pour la troisième fois. Que les lecteurs n’ayant pas encore eu l’occasion de découvrir « La Geste du Sixième royaume » ou « La maison des mages » se rassurent : l’action se passe ici longtemps avant les faits relatés dans les deux romans sus-cités et se limite géographiquement à une petite portion seulement du continent. Direction donc les marches du Gel, territoire réparti entre différents clans entre lesquels règnent depuis des années un fragile équilibre garanti par la présence au sein de la maison la plus puissante d’otages composés des principaux héritiers des autres clans nordiques. L’histoire de la région, son fonctionnement politique et ses spécificités sont rapidement mais clairement évoquées par l’auteur qui favorise dès le départ la compréhension des enjeux par le lecteur qui voit ainsi son immersion grandement facilitée. La présence d’illustrations est également un plus appréciable puisque l’ouvrage est orné d’une très belle carte signée Joël Querci ainsi que de reproductions des blasons des quatre principaux clans, fruit du travail de Goulven Quentel. Malgré la qualité de sa présentation, l’univers reste dans son ensemble plutôt classique puisqu’on y retrouve les traditionnels elfes, nains et magiciens (même si certains bénéficient d’un traitement qui sort légèrement de l’ordinaire).

Le second bémol concerne la narration puisqu’on retrouve dans le premier tiers du roman un procédé qui m’avait déjà un peu gêné dans « La maison des mages », à savoir des changements de point de vue trop rapides (parfois à peine une page) mais surtout mettant systématiquement en scène de nouveaux personnages. L’auteur rectifie fort heureusement le coche assez vite et parvient dès lors à véritablement embarquer le lecteur qui se prend agréablement au jeu, quant bien même certains rebondissements se révèlent un peu trop prévisibles. Il faut dire que la réussite du roman tient en grande partie à ses personnages qui, en dépit de leur nombre, s’avèrent tous convaincants, qu’il s’agisse des héritiers des différentes maisons ou encore des conseillers gravitant dans l’entourage de la fragile souveraine de Sveld. Les personnages féminins occupent notamment une place de choix (ce qui n’est pas si fréquent) et bénéficient même d’un traitement un peu plus travaillé que leurs homologues masculins, à commencer par les deux très attachantes Vermine et Merisia. On ne peut d’ailleurs s’empêcher d’être frustré de la brièveté du roman dont le final nous laisse un peu trop sur notre faim : quel sort attend les fidèles Épines de la reine maintenant que les choses sérieuses sont enfin censées commencer ?

 

Pari réussi pour Adrien Tomas qui nous propose avec ce « Royaume rêvé » une nouvelle incursion dans son univers de prédilection qui s’étoffe un peu plus à chaque roman. Malgré quelques légers bémols on passe un agréable moment et c’est avec regret que l’on quitte si vite tous ces personnages attachants et ambigus qui constituent certainement la plus grande force du roman.

Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3

Autres critiques : Blackwolf (Blog-O-Livre) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Djiin (Chacune ses chimères) ; Jean-Philippe Brun (L’ours inculte) ; Lutin82 (Albédo – Univers imaginaires) ; Ptitetrolle (Lectures trollesques) ; Salveena (Le comptoir de l’écureuil) ; Xapur (Les lectures de Xapur)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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