Le Roy des Ribauds, tome 1
Titre : Le Roy des Ribauds
Série : Le Roy des Ribauds, tome 1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Éditeur : Akiléos
Date de publication : 2015
Synopsis : Bien qu’étant de basse extraction, celui que l’on appelle Le Triste Sir est un des personnages les plus craints et respectés du royaume. Officiellement, il ne sert que la cause de son souverain, le roi Philippe Auguste, dont il assure la garde rapprochée. Mais dans l’ombre, appuyé par ses redoutables espions et hommes de main, les Ribauds, il surveille, manipule et parfois élimine ceux qui se mettent en travers de son chemin, dans les bas-fonds autant qu’à la cour. Mais au coeur de l’hiver 1194, en assassinant sauvagement un commerçant bordelais, il va commettre une erreur pouvant le conduire à sa perte. En effet, le lendemain de son acte, il apprend de la bouche du roi que ce commerçant était l’un de ses espions, chargé de déjouer une tentative d’assassinat. Il est alors chargé par le souverain de trouver les « assassins » du commerçant aquitain.
Il était capable du pire comme du meilleur, et ses colères étaient légendaires.
Dans sa célèbre série « Les rois maudits », Maurice Druond mentionne au détours d’un passage l’existence de gardes bien spéciaux entourant Philippe le Bel (les « Ribaldi regis ») menés par un certain « Roi des Ribauds ». Il n’en fallait pas plus pour enflammer l’imagination de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat qui s’inspirent de l’anecdote pour créer le personnage du Triste Sire, héros d’une série de romans graphiques parus chez Akiléos. L’action prend place dans le Paris du début du XIIIe siècle et met en scène un homme présenté comme étant à l’origine de cette énigmatique charge qu’on retrouvera quelques décennies plus tard sous le règne des derniers Capétiens. Homme de main, protecteur, espion, diplomate… : le Triste Sire cumule les fonctions mais n’a rien d’un ministre ou d’un courtisan ordinaire puisque c’est du côté des bas-fonds davantage que du faste de la cour que l’entraînent la plupart de ses missions au service du roi Philippe Auguste. Le rôle est ambiguë et il en va de même de la personnalité de ce Triste Sire, tour à tour père aimant et protecteur, ennemi inflexible et sans pitié, ou ami et serviteur dévoué à la couronne. Un protagoniste atypique, donc, entouré d’une flopée de personnages secondaires possédant eux aussi une large part d’ombre mais malgré tout suffisamment étoffés pour parvenir à éveiller la curiosité du lecteur. On pourrait d’ailleurs en dire autant du scénario, Vincent Brugeas nous en dévoilant juste assez pour nous accrocher tout en gardant un bon nombre d’informations en réserve, histoire de nous frustrer un peu plus et de conserver le suspens jusqu’au tome suivant.
La qualité de l’ouvrage tient également énormément au travail de Ronan Toulhoat qui opte ici pour une ambiance très sombre qui convient non seulement à la personnalité et à l’humeur du protagoniste mais aussi au décor dans lequel se déroule l’essentiel de l’action. Car si l’illustrateur se plaît à nous laisser apercevoir ici une luxueuse chambre royale, là une magnifique vue sur la façade de la cathédrale Notre-Dame, ce sont surtout les bas-fonds de la capitale qui servent de cadre au récit. Arrières cours mal famées, intérieurs de tavernes ou de bordels, ruelles les moins fréquentables de Paris… : la variété des lieux dessinés et la multitude de détails qui les accompagnent témoignent du minutieux travail de recherches effectué par l’artiste qui rend ainsi relativement aisée l’immersion du lecteur dans cette France du début du XIIIe siècle. La qualité de la reconstitution historique ne s’arrête d’ailleurs pas qu’aux graphismes puisque le scénario nous permet d’avoir un aperçu succinct de la situation politique de l’époque et en particulier du règne de Philippe Auguste. Ce premier tome se focalise avant tout sur la rivalité opposant le souverain français à son homologue anglais, Richard Cœur de Lion, et à sa mère, la désormais âgée mais toujours aussi redoutable Aliénor d’Aquitaine. Là encore on a bien du mal à appréhender le personnage de ce roi à la fois machiavélique et habile stratège mais aussi tourmenté et prématurément vieilli (avec une calvitie et un œil en moins, on a peine à croire qu’il n’est âgé que de vingt-neuf ans au moment du récit…). Une chose est sûre : on meurt d’envie d’en découvrir davantage !
« Il est permis de violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants. » Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat l’ont bien compris et nous offrent avec ce premier tome du « Roi des Ribauds » un album visuellement et scénaristiquement impeccable. Nul doute que le deuxième opus sera du même acabit.
Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3
Aucun commentaire
belette2911
Oui, on peut la violer si on lui fait des beaux enfants, comme avec « Je suis le sang »… Je note le livre, il me plait, niveau pitch et dessins !
belzaran
Cette BD ne m’a pas emballé plus que ça. J’ai eu bien du mal à entrer dedans.
Boudicca
J’ai beaucoup aimé l’ambiance surtout, on s’y croirait vraiment ! 🙂
Boudicca
J’ai beaucoup aimé l’ambiance surtout, on s’y croirait ! 🙂