Les Oiseaux de lumière
Titre : Les Oiseaux de lumière
Cycle : Chroniques des Nouveaux Mondes
Auteur : Jean-Marc Ligny
Éditeur : ActuSF (fiche officielle)
Date de publication : janvier 2016 (1ère édition en 2001)
Récompenses : Prix Tour Eiffel de la science-fiction 2001
Synopsis : Dans l’espace volent les majestueux et intrigants oiseaux de lumière. Qui sont-ils, d’où viennent-ils ? C’est pour percer leur mystère que le célèbre baroudeur Oap Täo se lance à leur poursuite, en compagnie de Frieda Koulouris, qui espère bien faire de ces créatures le sujet de son prochain divertissement… Accompagnés de la mystérieuse Hu-Reï, ils s’engagent dans un voyage qui les fera se confronter aux dangers de l’espace… et à eux-mêmes.
Indisponible depuis trop longtemps, ce roman voit de nouveau le jour après son Prix Tour Eiffel 2001. Il se déroule quelques années après La Saga d’Oap Täo et peut se lire indépendamment. Jean-Marc Ligny y signe une science fiction délicieuse, porteuse de questions, dans la lignée de romans comme Inner City et AquaTM. Un space opera sensuel et rock ‘n’ roll autour de l’altérité, comme on en rencontre rarement.
L’amitié est une braise qui couve longtemps, et le plaisir une flamme éphémère.
Les éditions ActuSF ont toujours cherché à mettre en valeur le fonds déjà publié par Jean-Marc Ligny aux éditions Fleuve Noir depuis le début de sa carrière. Même si un certain nombre de ses romans paraît chez L’Atalante désormais, les éditions ActuSF ont déjà édité trois recueils de ses nouvelles constituant une partie des Chroniques des Nouveaux Mondes. En 2014, une ancienne trilogie était republiée en intégrale : La Saga d’Oap Täo. Dans la même veine, avec le même personnage central, voici de retour Oap Täo dans une nouvelle aventure, Les Oiseaux de lumière, prix Tour Eiffel 2001, d’abord publié en collaboration avec l’artiste Mandy.
Les Oiseaux du lumière dévoilés par le titre sont tout simplement le but ultime de la quête que nous sert Jean-Marc Ligny. Pour cela, il remet en scène, et en selle, son personnage râleur, buveur et coureur : Oap Täo. Celui-ci a bien vieilli : dans sa saga précédente, on le suivait en 2362 (de notre chronologie terrienne), mais là nous sommes désormais en 2432 et même s’il a obtenu comme beaucoup d’autres une thérapie génique lui permettant de ralentir son vieillissement, il n’a plus forcément les mêmes réflexes. Or, le monde, lui, va toujours plus vite : la rencontre des Terriens avec les Pléiadims et les Hyadims a permis une formidable expansion humaine dans la galaxie. C’est dans ce contexte d’aventure spatiale que sont apparus les Oiseaux de lumière, vastes entités cosmiques uniquement composées de photons mais formant un ensemble cohérent de l’ampleur d’un animal volant à travers les cieux. Oap Täo est mis sur leurs pistes par un multimilliardaire rêvant de s’approprier l’un des derniers qui existent, mais bien vite c’est ses retrouvailles avec Frieda Koulouris qui l’emmèneront sur la piste de ces créatures mystérieuses.
Jean-Marc Ligny se fait d’abord plaisir en contant une vaste aventure à travers l’espace, mais aussi en plaçant quantité de références, non seulement à l’univers qu’il a mis en place (le Coz-Pors, la Guerre de Trois Secondes, lady Godiva, le crostiche, le personnage même de Frieda qu’on pouvait avoir oublié depuis La Saga d’Oap Täo et qu’il réinsère ici, et tant d’autres détails pour les plus fans), mais aussi et surtout bon nombre d’allusions, surtout humoristiques à des choses très contemporaines, par exemple la « Foire du drone » ou bien les satellites jumeaux Clémentine et Mandarine, en orbite autour de la planète Orange. Cette nouvelle aventure d’Oap Täo se lit plutôt vite, pourtant en finissant cette lecture, je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui m’avait réellement plu. Je crois que c’est finalement avec Les Oiseaux de lumière que j’ai trouvé ce qui me parle dans ces récits des Chroniques des Nouveaux Mondes : je crois bien que j’y retrouve un esprit « SF des années 1990 » qui manque un peu aujourd’hui, un esprit proche de ce qui m’a toujours attiré dans les premières saisons de Stargate SG-1. C’est peut-être naïf, mais c’est surtout honnête.
Ici, finalement, c’est peut-être surtout le lien entre les espèces et les genres qui prend le plus de place. L’auteur utilise les différentes espèces vivantes de son univers pour mettre en valeur leurs différences mais aussi, et surtout, leur complémentarité, dans tous les sens du terme et dans tous les domaines… La fin peut paraître abrupte, mais elle est avant tout ouverte pour permettre d’entretenir le mystère sur la suite des aventures du mercenaire vieillissant Oap Täo. Mais d’ailleurs, pour finir, est-ce vraiment une aventure d’Oap Täo ? C’est vrai, il est là tout du long ; c’est vrai aussi, il semble être le personnage principal, mais en fait non seulement ce n’est pas lui qui déclenche l’aventure, mais en plus ce n’est pas lui qui la fait avancer, qui la motive ou qui la clôt. Finalement, et sans pouvoir dire du tout que c’est un mal, Oap Täo est un spectateur privilégié d’une belle balade sur le sentier des étoiles.
Les Oiseaux de lumière sont donc un roman d’aventure galactique qui invite au voyage dans la plus distrayante des traditions des années 1990. De manière plus générale, en relançant ces rééditions de Jean-Marc Ligny, ActuSF poursuit sur sa ligne éditoriale de proposer des récits défouloirs et qui tentent de se démarquer par un ton volontairement décalé ; or, un nouveau roman de cet auteur dans la même continuité aurait été commandé depuis quelques temps…
Voir aussi : Chroniques des Nouveaux Mondes, tome 1 ; tome 2 ; tome 3 ; La Saga d’Oap Täo
Autres critiques : Chiwi (Les Balades livresques de Chiwi) ; Strega (Les carnets de lecture d’une livropathe)