Feuillets de cuivre
Titre : Feuillets de cuivre
Auteur : Fabien Clavel
Éditeur : Actusf
Date de publication : 2015 (octobre)
Récompenses : Vampires & Sorcières Award 2016
Synopsis : Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d’une prostituée, premier d’une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l’âme mutilée par son passé et au corps d’obèse, l’inspecteur Ragon n’a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.
Une bibliothèque est une âme de cuir et de papier. Il n’y a pas meilleur moyen pour fouiller dans les tréfonds d’une psyché que de jeter un œil aux ouvrages qui la composent. La sélection, le rangement, le contenu, même la qualité de la reliure : tous les détails sont importants. Me croiriez-vous si je vous disais que j’ai résolu toutes mes enquêtes à partir de livres ?
Après nous avoir narré les mésaventures d’un groupe de petits vieux pourchassés par des hordes de zombies dans un Paris ravagé par une épidémie (« L’évangile cannibale »), Fabien Clavel renoue avec le décor parisien mais cette fois dans un tout autre contexte. Nous voici donc plongé dans une France du XIXe légèrement uchronique dans laquelle on va suivre la carrière d’un enquêteur, Ragon, qui, outre son physique pour le moins atypique, se distingue de ses collaborateurs par la méthode originale qu’il emploie systématiquement pour résoudre les énigmes qu’on lui soumet : les livres. C’est bien simple, pour Ragon, tout est dans les livres ! Et effectivement, la littérature semble constituer le véritable fil conducteur de toutes ses enquêtes qui font moins appel à ses capacités de raisonnement et de déduction qu’à sa connaissance livresque. Autant vous dire que tout bibliophile qui se respecte ne manquera pas de se laisser séduire par le parti pris audacieux de l’auteur qui a, de plus, soigné la construction de son récit. La première partie de l’ouvrage se compose ainsi de cinq enquêtes qu’on pourrait presque apparenter à des nouvelles. Pour passionnantes qu’elles soient, celles-ci ne semblent cependant pas avoir de véritable connexion les unes avec les autres, si ce n’est qu’elles concernent toutes Ragon et son amour des livres.
C’est seulement dans la seconde partie qu’on prend conscience de la maîtrise et de la subtilité déployées ici par l’auteur. On a alors davantage affaire à un feuilleton composé de différentes enquêtes mais qui sont cette fois clairement liées entre elles puisqu’elles ont toutes un même point commun : la némésis de Ragon, celui que l’on appelle l’Anagnoste. Et voilà que peu à peu des éléments troublants viennent faire la jonction avec la première partie et que l’on comprend que finalement pas le moindre détail n’a été laissé au hasard. Outre la qualité de son intrigue, le roman séduit évidemment par les nombreuses références littéraires qu’il contient. On croise ainsi le nom de quantité d’écrivains français classiques (ou populaires) du XIXe, de Victor Hugo à Baudelaire en passant par Maupassant, Zola, Dumas et bien sur Jules Verne. Fabien Calvel n’hésite également pas à adresser de petits clins d’œil à sa propre bibliographie et à ses thèmes de prédilection (la Hongrie médiévale, l’empereur Justinien, la langue latine…). Le charme du roman tient aussi de façon indéniable à son cadre puisque le personnage évolue dans un Paris du XIXe qu’on peine sans mal à se figurer grâce à quelques allusions historiques bien placées mais dans lequel on retrouve également des caractéristiques propres au mouvement steampunk.
Fabien Clavel signe avec « Feuillets de cuivre » un roman ambitieux et ingénieusement construit dans lequel les références littéraires abondent pour la plus grande joie du lecteur. Outre la qualité du texte lui-même il faut aussi reconnaître l’attrait exercé par son enveloppe puisque Actusf a accordé un soin tout particulier à la présentation de l’ouvrage qui comprend en sus d’excellentes préface et postface.
Autres critiques : Caro (Carolivre) ; Celindanaé (Au pays des Cave Trolls) ; Dionysos (LeBibliocosme) ; Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?) ; Jean-Luc Rivera (ActuSF) ; La Magie des Mots ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres) ; Ombrebones (Chroniques de l’imaginaire) ; Thomas Riquet (Mythologica) ; Xapur (Les lectures de Xapur)
Critique réalisée dans le cadre du Challenge Francofou 3
Aucun commentaire
Lupa
Une tentation qui prend place illico presto dans ma liste destinée au Père Noel, c’est obligatoire 😉
Boudicca
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi 🙂
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