Le Cercle de Farthing
Titre : Le Cercle de Farthing (Farthing)
Cycle : Le Subtil changement (Small Change), tome 1
Auteur : Jo Walton
Éditeur : Denoël (Lunes d’Encre) (fiche officielle)
Date de publication : 5 février 2015 (2006 en VO chez Tor Books)
Synopsis : Huit ans après que «la paix dans l’honneur» a été signée entre l’Angleterre et l’Allemagne, les membres du groupe de Farthing, à l’origine de l’éviction de Churchill et du traité qui a suivi, fin 1941, se réunissent au domaine Eversley pour le week-end. Bien qu’elle se soit mariée avec un Juif, ce qui lui vaut d’habitude d’être tenue à l’écart, Lucy Kahn, née Eversley, fait partie des invités. Les festivités sont vite interrompues par le meurtre de Sir James Thirkie, le principal artisan de la paix avec Adolf Hitler. Sur son cadavre a été laissée en évidence l’étoile jaune de David Kahn. Un meurtre a eu lieu à Farthing et un coupable tout désigné se trouvait sur les lieux du crime. Convaincue de l’innocence de son mari, Lucy trouvera dans le policier chargé de l’enquête, Peter Antony Carmichael, un allié. Mais pourront-ils ensemble infléchir la trajectoire d’un Empire britannique près de verser dans la folie et la haine ? Subtil mélange de roman policier classique et d’uchronie, Le Cercle de Farthing est le roman qui a révélé Jo Walton au grand public, bien avant le succès mérité de Morwenna.
L’hypocrisie anglaise, avait dit une fois David après trois bouteilles de vin, peut être merveilleuse. Des gens qui vous haïssent et vous considèrent comme un moins que rien, et qui en Allemagne vous enfermeraient dans un camp de travail forcé ou vous tueraient, se donnent la peine de faire semblant de ne pas être vraiment insultant.
Voici donc un des premiers romans de Jo Walton, écrit avant de se faire connaître avec le fameux Morwenna.
J’avoue que je me suis plusieurs fois demandé quelle était l’intention de l’auteur en rédigeant ce Cercle de Farthing, avant même de me laisser emporter par l’histoire, ce qui est sûrement une erreur, avouons-le. Je pense qu’il était d’abord de transcrire une ambiance aristocratique anglaise ; de ce point de vue-là, c’est tout à fait dans le bon ton : en effet, Jo Walton semble maîtriser, c’est assez frappant mais réconfortant (bizarrement, j’ai l’impression), les tics et les affres du flegme « so british » de la vieille noblesse qui domine donc ce Cercle de Farthing. Qu’est-ce donc que ce Cercle ? C’est « tout simplement » le groupe d’hommes et femmes politiques, surtout aristocratiques anglais, qui est à l’origine de l’éviction de Winston Churchill en 1941 pour signer un traité de paix avec l’Allemagne nazie. C’est dans ce contexte qu’intervient l’uchronie, élément qui m’a, en fait, le plus attiré vers cette aventure. Le Royaume-Uni est en paix et le continent européen est quasi complètement soumis depuis neuf ans (nous sommes en 1949) à Adolf Hitler et ses comparses.
L’auteur réalise son intrigue dans un huis-clos très travaillé où nous alternons entre les points de vue, d’un côté, de la jeune Lucy Kahn, fille des puissants Eversley mais mariée contre leur gré à David Kahn, qui a le malheur d’être un Anglais juif, et de l’autre, de l’inspecteur Peter Carmichael, policier venu enquêter sur la mort de James Thirkie, l’un des puissants du Cercle de Farthing. De ce côté-là, elle transcrit remarquablement bien l’ambiance aristocratique de la campagne anglaise. Certes, elle s’appuie un peu trop sur des chapitres courts pour rythmer plus facilement son récit, mais cela se justifie par l’alternance déjà évoquée. Pour préciser un petit peu sa technique, j’ai bien peur de ne pas avoir été ébloui par le style d’écriture, ni par le « labyrinthe » de pistes à élucider auquel elle aurait dû prétendre (honnêtement, le processus d’enquête est cousu de fil blanc). Heureusement qu’elle fouille comme il convient les relations entre les personnages sur des sujets sensibles comme l’antisémitisme latent et l’homosexualité refoulée.
C’est donc à travers un polar qui prend sa part d’ombre non pas dans le genre noir, mais bien dans les tendances sociétales des années 1930 et 1940, que Jo Walton crée, pourrait-on croire, un bel hommage au style « Crime en Cottage à la Christie ». Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre chez Denoël, a d’ors et déjà prévu de publier les deux autres romans qui suivent cette enquête.
Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3
Autres critiques : ClédeSol (Mille et une pages), La Chèvre grise (Nourritures en tout genre), Erwann Perchoc (Bifrost – Le Bélial’), Lhisbei (RSF Blog) Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres), Sandrine Brugot Maillard (Mes Imaginaires) ; Strega (Les carnets d’une Livropathe) ; Syl (Thé, lectures et macarons) ; Xapur (Les Lectures de Xapur)
16 commentaires
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Syl.
Bonjour, je donne une chance à la suite… J’espère que le prochain tome effacera ma petite déception sur le dénouement.
Dionysos
Bon état d’esprit. Je serai curieux aussi de voir ce qu’une suite peut ajouter à l’intrigue…
belette2911
Je note ou je note pas ???
Dionysos
Pour le côté « so british », je te dirais bien de noter ; pour le reste, j’attends la suite quand même.
belette2911
Ok, rien ne presse de mon côté, ce n’est pas comme si j’étais sans lecture.
Dionysos
Mais tu n’es jamais sans lecture, justement 😛
belette2911
Jamais, en effet, j’en serais malade !
lorhkan
Moi j’ai beaucoup cette enquête en petit comité, très Agatha Christie mais avec un fond uchronique qui participe pleinement à l’intrigue.
J’attends la suite avec impatience. 🙂
Dionysos
C’est ce que je retiens aussi, même si ça manque de rebondissement.
lorhkan
J’ai beaucoup aimé. 😉
unpapillondanslalune
J’ai trouvé superbe sa construction et cette façon d’amener peu à peu le contexte uchronique au premier plan.
Dionysos
Ah oui ? Ce n’est pas mal fait du tout, mais j’avoue ne pas avoir été bouleversé non plus.
Lupa
Tentée je suis, notamment pour ce côté « so british » toujours bienvenu dans mes lectures ^^ Merci pour cet avis éclairé 😉
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