Fantasy

Royaume de Vent et de Colères

Royaume de vent et de colères

Titre : Royaume de vent et de colères
Auteur : Jean-Laurent del Socorro
Éditeur : ActuSF
Date de publication : 2015 (mars)
Récompenses : Prix Elbakin 2015 (meilleur roman fantasy français)

Synopsis : 1596. Deux ans avant l’édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s’oppose à Henri IV, l’ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.Les pions sont en place.Le mistral se lève.La pièce peut commencer. Placé entre l’Histoire et la fantasy, ce premier roman de Jean-Laurent Del Socorro est époustouflant de maîtrise et d’érudition.

Note 3.0

-Règle numéro 6 : les cons, ça ferme leur porte d’entrée à double tour, mais ça laisse grande ouverte la fenêtre de leur chambre.
-Ça fait deux règles numéro 6, Crescas.
-Ah bon ? Alors règle numéro 7 : me fais pas chier. T’as des questions Victoire ?
-La règle numéro1, c’est quoi ?
-Tu obéis à la Guilde, tu protèges la Guildes et tu trahis jamais la Guilde.
-Ça fait trois règles.
-Tu m’emmerdes avec tes nombres ! Tu veux devenir assassin ou comptable ?

 

1596. Déchiré comme le reste de l’Europe par les guerres de religion opposant catholiques et protestants, le royaume de France se fait peu à peu à l’idée d’avoir pour souverain un ancien protestant désormais converti en la personne d’Henri IV. Au sud, la ville de Marseille continue toutefois à tenir tête à l’autorité royale qui finit par ne plus pouvoir le tolérer et entreprend de mettre la fière cité portuaire au pas. Voilà l’épisode dont Jean-Laurent del Socorro a choisi de s’inspirer pour son premier roman qui mêle la grande histoire à une petite, mais crédible, touche de fantasy. Si je n’irai pas jusqu’à employer les propos ô combien élogieux utilisés par Ugo Bellagamba dans la préface du roman (et qui me paraisse quelque peu exagérés…), « Royaume de vent et de colères » nous fait malgré tout passer un bon moment de lecture. L’ouvrage se lit vite et bien et nous permet, l’espace de quelques heures, de nous plonger dans le quotidien d’une ville en totale effervescence car encore incertaine quant au sort qui sera le sien une fois que les troupes royale en auront terminé avec elle. Le fait que l’intrigue se déroule dans une zone géographique et un laps de temps très limité (vingt-quatre heures, sans tenir compte des flash-back) ne nuit en rien au dynamisme du récit qui demeure très rythmé du début à la fin du roman. Peut-être un peu trop, d’ailleurs…

Le principal reproche que l’on pourrait opposer au livre concerne en effet sa brièveté et la hâte que cela implique concernant la présentation de l’intrigue et des différents acteurs. Le roman se compose ainsi de petits chapitres n’excédant souvent pas une page et dans lesquels on découvre chaque fois le point de vue d’un personnage différent. Personnages auxquels il est difficile de véritablement s’attacher comte tenu du peu de temps que l’on passe en leur compagnie avant de sauter à un autre protagoniste. La plupart des acteurs de la tragique pièce qui s’apprête à se jouer à Marseille sont cela dit plutôt convaincants, qu’il s’agisse du chevalier solitaire hanté par son passé, de l’ex mercenaire reconvertie en tenancière, ou encore du « mage » fuyant son ordre en compagnie de son amant. Ma préférence va cela dit aux deux membres de la guilde des savonniers : Victoire, aujourd’hui vieille femme étant parvenue à se hisser à force d’efforts et de ruses à la tête de la plus célèbre guilde d’assassins de la ville ; et Silas, son compère, qui n’a malheureusement que peu de chapitres à son actif mais dont la gouaille et le ton volontiers blagueur rendent le lecteur non seulement curieux à son sujet mais aussi davantage soucieux de son sort que de celui des autres personnages.

 

Jean-Laurent del Socorro signe avec « Royaume de vent et de colères » un premier roman prometteur dans lequel la fantasy se fait plutôt discrète, sans que cela soit dommageable au récit. On suit les aventures de chacun des protagonistes avec à la fois plaisir et curiosité, et ce malgré la regrettable brièveté de l’ouvrage qui aurait, à mon humble avis, bénéficié de davantage de développements concernant le contexte historique ainsi que l’histoire des personnages eux-mêmes. Attendons maintenant de découvrir ce que l’auteur nous réserve pour la suite…

Autres critiques : Baroona (233°C), BlackWolf (Blog-o-Livre), Célindanae (Au pays des Cave Trolls), Dionysos (Le Bibliocosme), Eleyna (La bulle d’Eleyna) ; Gilthanas (Elbakin), Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?), Jean-Luc Rivera (ActuSF), Lhisbei (RSF Blog), Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres), MarieJuliet (Les Lectures de MarieJuliet), Milo (9e Art), Nicolas Winter (Just a Word), Ombrebones (Chroniques de l’imaginaire), Oriane (La Pile à Lire), Sandrine Brugot Maillard (Mes Imaginaires), Sia (Encres & Calames), Siana (Vampires et Sorcières), Thomas Riquet (Mythologica), Xapur (Les Lectures de Xapur), Yannick (Prose Café), Yossarian (Sous les galets, la plage)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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