Fiction historique

Trash Cancan : Les grands méchants

Trash cancan les grands méchants

Titre : Trash Cancan : Les grands méchants
Scénariste / Dessinateur : Caroline Guillot
Éditeur : Chêne BD
Date de publication : 2015 (février)

Synopsis : Messaline qui fait exécuter son beau-père qui refusait ses avances, Henri VIII qui décapite deux de ses femmes, Barbe Noire qui partage sa jeune épouse de 16 ans avec ses hommes… Ce nouveau tome de Trash Cancan dresse un portrait ensanglanté des méchants, des cruels, des sadiques, des concupiscents qui ont marqué de leurs forfaits l’histoire de l’Europe. Avec toute la rigueur historique nécessaire, l’humour des dessins et des pages ludiques (cartes, schémas, jeux…) Caroline Guillot vous plonge dans deux millénaires de méchanceté.

Note 4.0

C’est pas compliqué : tous ceux qui me gonflent sont exécutés !

 

Que peuvent bien avoir en commun Agrippine, Attila, le pape Jules II, Cortès, La Brinvilliers ou encore Robespierre ? Réponse : ils figurent tous au sommaire du tout nouvel ouvrage de Caroline Guillot consacré aux « grands méchants » de notre histoire. Après « La véritable histoire des rois et reines de France » et « Les favorites de Louis 14 », l’auteur choisit manifestement de plonger dans le côté obscur et nous propose de découvrir quarante personnages historiques dont la postérité aura surtout retenu le nombre impressionnant de cadavres qu’ils laissèrent derrière eux. Chaque portrait se compose d’au moins deux pages, la première proposant un récit succinct de la vie du personnage, la seconde illustrant de façon humoristique certains de ces épisodes. Le but premier de l’ouvrage est de faire rire, et de ce côté-ci nous sommes servi, l’auteur possédant un humour noir particulièrement aiguisé qui se manifeste notamment grâce aux illustrations mais aussi aux « bonus » accompagnant certains portraits (saurez-vous par exemple deviner qui reçu tel châtiment et pour quelle faute ? ou relier à chacune des huit épouses d’Henri VIII la bonne façon dont il se débarrassa de chacune d’elles… ?). Le second objectif consiste à instruire ou du moins titiller la curiosité des lecteurs, et là aussi le pari est réussi. Caroline Guillot effectue un bon travail de vulgarisation et nous brosse ainsi le portrait d’un bon nombre de personnalités historiques, qu’ils soient abondamment citées dans les livres d’histoire ou au contraire beaucoup moins connus du « grand public ». Seule contrainte : qu’ils soient Européens et que leur existence n’aille pas au delà de 1850.

Trash cancan planche 1

Malgré ces restrictions d’ordre géographique et chronologique, l’ouvrage se distingue par sa grande diversité : hommes, femmes, papes, rois, conquistadors, pirates, courtisanes : il y en a pour tous les goûts ! J’ai en ce qui me concerne beaucoup appréciée découvrir certaines femmes au destin peu commun dont j’ignorais jusqu’alors l’existence, qu’il s’agisse d’Irène l’Athénienne, impératrice byzantine du VIIIe siècle, ou de Jeanne de Belleville, noble française du XIVe n’ayant pas hésité à prendre les armes pour venger la mort de son amant. Pour ce qui est du reste, on retrouve sans surprise des personnalités telles que Néron, Gilles de Rai, Henri VIII, Barbe noire et j’en passe. Autant de personnages déjà réputés pour leur cruauté mais à propos desquels l’auteur n’hésite pas à démystifier certaines rumeurs. Non, Néron n’a certainement pas mis le feu à la ville de Rome pour avoir ensuite la joie de la regarder brûler en riant comme un taré du haut de sa terrasse. Non, la comtesse Bathory n’a sans doute pas assassinée près de quatre cent vierges pour faire trempette dans leur sang, de même que Vlad 3 l’Empaleur, pour tout cruel qu’il fut, n’a de toute évidence rien à voir avec le vampire Dracula. Le seul bémol tient à la sélection des candidats, chacun étant caractérisé par une note sur le « cruelomètre » en fonction du nombre de décès dont il s’est rendu responsable. Un parti pris évidemment critiquable étant donné que l’ouvrage réunit des chefs de guerre (auquel cas la barre monte évidemment assez haut) aussi bien que de célèbres empoisonneuses ou intrigantes au score évidemment mois impressionnant mais parfois bien plus cruelles (Boudicca figure par exemple au sommaire, si c’est pas une faute de goût ça !)

Trash cancan planche 2

Caroline Guillot signe avec ces portraits de « grands méchants » de l’histoire un ouvrage divertissant qui vous fera réviser votre histoire de façon peu conventionnelle. L’auteur manie l’humour noir avec une dextérité qui rend cette lecture aussi amusante qu’instructive. Une sympathique découverte que je poursuivrais sans doute d’ici peu avec les autres ouvrages de vulgarisation historique écrits par l’auteur.

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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