Le Maître
Titre : Le Maître
Auteur : Patrick Rambaud
Éditeur : Grasset
Date de publication : 2 janvier 2015
Synopsis : L’auteur de La Bataille (Prix Goncourt 1997) nous fait découvrir ici le destin inouï de Tchouang Tseu, le plus grand philosophe chinois, qui vécut au Vème siècle avant Jésus-Christ. Le portrait d’une Chine méconnue, vivante, éternelle, littéraire, par un écrivain aimé des libraires et de la critique.
C’est la tradition qui nourrit les guerres, la tradition qui force les hommes à des travaux épuisants, la tradition qui creuse le fossé entre riches et pauvres, la tradition encore qui invente des cultes pour séparer les hommes. N’est-ce pas de la barbarie ?
Avec Le Maître, Patrick Rambaud, le fameux auteur de La Bataille, tente d’inculquer une bonne dose de « sagesse orientale » à notre réflexion occidentale, usée et corrodée.
Nous suivons tout du long (et depuis ses premières heures) le récit initiatique de Tchouang que nous devinons Maître en devenir. Tchouang apprend l’écriture, se construit un métier, travaille sa réputation, apprend la vie (sous toutes ses formes), et finalement vit tranquillement, au gré de ses aventures et mésaventures. L’auteur suit donc une structure simple au premier abord en y mitonnant quelques rebondissements, surtout politiques. Est-ce que l’histoire de Tchouand est passionnante ? Non, et en plus Patrick Rambaud n’y met pas un point d’honneur à rendre l’ensemble intéressant : même si nous sommes plusieurs siècles avant Jésus-Christ dans une Chine franchement inconnue du lecteur français lambda (que je suis totalement sur cette œuvre), rien n’est totalement étranger en fait ; on suit donc un récit initiatique, d’une naissance à une mort, point final.
Du point de vue du sens, de l’intention de l’auteur, en revanche, il y a sûrement davantage à dire. Nous pourrions résumer en disant que nous avons là une transcription occidentale par Patrick Rambaud d’une sagesse orientale : forcément, nous sommes pleinement dans l’exercice de la « leçon ». Le tic de l’auteur semble parfois de placer bons mots à foison et fables sensées à l’avenant, il ne faut pas que le lecteur en soit gêné, car c’est tout l’esprit de cet ouvrage : inculquer quelques bribes de réflexion par saupoudrage.
Le Maître est donc un roman agréable de Patrick Rambaud. Sans être parfait du point de vue de la maîtrise, il permet une première immersion dans la culture chinoise, ce qui est déjà un grand pas.
Un homme voulait être saint. Il s’enferma dans une grotte pour s’éloigner des embarras du monde. Il méditait toute la journée, c’est-à-dire qu’il s’efforçait d’établir en lui un certain silence mais ne parvenait, en réalité, qu’à un état de complète hébétude. Il ne mangeait que des orties bouillies, pliait son corps à des pénitences et n’écoutait pas chanter son estomac. Quand il se crut conforme à son désir de sainteté, il consentit à mettre le nez dehors. Surgi de la jungle, un tigre le dévora en une bouchée. « Il aurait mieux fait de vivre », disait Tchouang.