Fantasy

Ariosto Furioso

Ariosto furioso

Titre : Ariosto Furioso
Auteur : Chelsea Quinn Yarbro
Éditeur : Folio SF
Date de publication : 2003

Synopsis : 1533. L’Italia Federata a conquis le Nouveau Monde. A Firenze, Lodovico Ariosto, poète et conseiller de Damiano de Medici, est pris en étau entre les factions rivales qui se disputent le pouvoir. Telle est la realtà. Le poète s’évade en écrivant une suite à son Orlando Furioso. Et dans cette Amérique de rêve, il devient Ariosto le héros qui, monté sur son hippogriffe fabuleux, va défendre les Cérocchi contre les sorts et les sorciers. Telle est la fantasiaJusqu’au jour, tragique, où rêve et réalité se rejoignent..Ce chef-d’œuvre de maestria évoque, par sa construction en abîme d’une réalité subtilement pervertie, Le Maître du Haut-Château de Philip K. Dick

Note 3.5

-J’ai entendu dire que les Amazones coupaient tous les hommes qu’elles capturaient. Ça n’a pas l’air d’avoir été votre cas.
-Il leur arrive de châtrer leurs ennemis, mais je n’en étais pas un. Leur reine, en fait, a dit que j’étais presque assez brave pour être une femme.

 

Et si le grand Ludovico Ariosto avait décidé d’écrire une suite à son « Orlando furioso », poème épique écrit au milieu du XVIe siècle ayant eu un succès retentissant ? C’est ce que se plaît à imaginer Chelsea Quinn Yarbro, auteur qui m’était jusqu’alors inconnu et qui signe avec « Ariosto Furioso » un roman atypique et plutôt plaisant à découvrir. Le récit alterne entre deux types de point de vue, celui du poète Ariosto, homme de confiance du grand Damiano di Mecici évoluant dans la « réalta », et celui du héros Ariosto, guerrier renommé chevauchant un magnifique hippogriffe et vivant de folles aventures dans la « fantasia ». Le premier univers (le notre, donc) est effectivement très réaliste, en grande partie grâce au remarquable travail de reconstitution effectué par l’auteur qui nous dépeint une Italie du XVIe siècle si riche et si animée qu’on s’y croirait. Et pourtant, certains détails uchroniques viennent bouleverser cette apparente vraisemblance et ajoutent une touche d’originalité supplémentaire à l’ensemble. On apprend par exemple que les grandes et orgueilleuses cités italiennes ont finalement acceptées, avec plus ou moins de bonne volonté, de s’unir en une fédération. A la tête de cette union ? Un prince Médicis, bien décidé à garantir l’unité de l’Italie mais néanmoins rongé par les actes contraires à l’honneur qu’il se voit forcer de commettre pour parvenir à ses fins.

L’univers de la « fantasia » est quant à lui beaucoup moins traditionnel puisqu’on y croise hippogriffe et sorciers indiens dotés de pouvoirs stupéfiants. Il s’agit là de la fameuse suite du « Orlando furioso » dans laquelle le poète tranquille et maladroit se met lui-même et scène et se transforme en héros noble et courageux luttant sur les terres du Nouveau Monde afin de secourir ses alliés indiens. Les chapitres consacrés à ce fier et brave guerrier m’ont un peu moins convaincue car trop ampoulés (intentionnellement, cela dit), même si je me doute qu’une grande partie du charme de ces passages tient aux clins d’œil renvoyant à l’œuvre d’origine que je n’ai pu relever puisque ne connaissant pas l’ « Orlando furioso ». Les chapitres mettant en scène le poète Ludovico sont pour leur part beaucoup plus passionnants. D’abord parce que le personnage est, de part sa maladresse, très attachant, ensuite parce que l’aperçu que nous offre l’auteur des intrigues de la cour florentine est pour le moins prenant. A tel point d’ailleurs que l’on pourrait regretter qu’il ne s’agisse justement là que d’un aperçu et que l’auteur n’ait pas choisi de développer un peu plus cette Italie uchronique. Le personnage de Damiano de Médicis, prince n’hésitant pas, pour le bien de sa fédération, à employer les méthodes les plus condamnables préconisées par Machiavel tout en souffrant de son honneur et son honnêteté perdus, mériterait à lui seul quelques centaines de pages supplémentaires.

 

Un roman original mêlant deux uchronies : l’une, plus réaliste, mettant en scène l’Italie du XVIe siècle, et l’autre, plus fantastique, se déroulant sur les territoires indiens du Nouveau-Monde, où toute forme de magie n’a pas encore disparu. Deux mondes qui vont pourtant tragiquement finir par se mêler.

Autres critiques : Dionysos (Le Bibliocosme)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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