Gengis Khan
Titre : Gengis Khan
Scénaristes : Denis-Pierre Filippi et Mari Favereau
Dessinateur : Manuel Garcia
Éditeur : Glénat (collection « Ils ont fait l’histoire »)
Date de publication : 2014 (octobre)
Synopsis : La grandeur vient à ceux qui s’en emparent. Au XIIIe siècle, Gengis Khan et ses hordes de cavaliers mongols ont semé la terreur. De la Chine à l’Europe, en passant par le Moyen-Orient, ils ont mis à genou les plus grandes puissances de l’époque… Mais avant de devenir ce grand conquérant que le monde entier connaît, Gengis Khan se faisait appeler Temüdjin. Né au cœur des arides steppes d’Asie centrale, c’était le fils d’un chef de clan assassiné par les siens. Un jeune garçon en exil, condamné à errer avec sa mère et à lutter pour sa survie. Comment, de cette jeunesse difficile, Temüdjin a-t-il finalement réussi à unir les tribus d’un pays déchiré par les guerres intestines et à constituer le plus vaste empire de tous les temps ? Découvrez l’homme qui se cache derrière la légende…
– J’ai du mal à croire qu’un homme se cachait véritablement derrière Gengis Kahn. Beaucoup le voient comme un dieu, une légende. J’en viens à douter qu’il était réel.
– Et pourtant, il a bien été un homme avant cela, même un enfant. Et bien des choses auraient pu empêcher cet enfant d’avoir le destin qu’il a connu. Comprendre de qu’il était t’aidera peut-être à cerner ce qu’il est devenu. A l’époque, il n’avait même pas ce titre, même si son père était un noble Bahadur. A l’époque, il s’appelait encore Temüdjin, et la vie lui avait accordé un peu d’insouciance.
Avec « Ils ont fait l’histoire », les éditions Glénat lancent une nouvelle collection d’albums proposant des portraits biographiques illustrés de ces hommes et femmes qui laissèrent une empreinte marquante dans l’histoire, de Charlemagne à Napoléon en passant par Jaurès, Vercingétorix, Saint Louis, ou plus récemment Gengis Khan.
Chef nomade devenu empereur à la tête d’un territoire immense, Temüdjin (1165 – 1227) est sans aucun doute l’une des figures les plus marquantes du XIIIe siècle, non seulement en raison de son ascension fulgurante mais aussi et surtout en raison de son entreprise d’unification des populations nomades des steppes. Il y aurait énormément à dire sur le parcours de ce leader d’exception, trop pour un seul album, si bien que les auteurs ont fait le choix de se focaliser essentiellement sur le début du parcours du chef mongol, de son enfance à l’obtention de son titre de Gengis Khan (« empereur puissant »). L’ouvrage démarre donc à la mort du père de Temüdjin qui est âgé de seulement neuf ans et à la spoliation de son titre de chef par un ancien allié de sa tribu. Le lecteur assiste alors au long combat mené par le jeune garçon pour reconquérir son pouvoir, puis à l’élargissement de celui-ci suite à ses victoires sur les peuples voisins tels les Tatars ou encore les Merkit. Les graphismes sont très immersifs et permettent au lecteur de se faire une idée réaliste de ce que pouvait être la vie dans les steppes au début du XIIIe grâce à des illustrations représentant les activités quotidiennes accomplies par les nomades ainsi que les paysages du nord-est de la Mongolie constitués non seulement de steppes mais aussi de forêts et de montagnes.
L’album comprend également un dossier dans lequel Marie Favereau, chercheuse spécialiste de l’empire mongol, revient plus en détail sur les grandes étapes de l’unification des tribus mongoles et leur expansion. Cela permet d’aborder des points qui ne sont pas traités dans la bande dessinée (comme la politique mise en place par Gengis Khan pour gérer cet immense empire et l’hétérogénéité de ses habitants) et de comprendre certains choix scénaristiques pris par les auteurs. Si le scénario et les graphismes sont bien à la hauteur, je serais toutefois plus réservée concernant les personnages eux-mêmes, notamment ceux gravitant autour de Gengis Khan (sa mère, son épouse, ses alliés…) qui sont la plupart du temps trop en retrait (c’est à peine si certains ont l’occasion de prononcer deux phrases). Temüdjin est pour sa part un petit garçon attachant dont on comprend la colère et la détermination. Dans la seconde partie de l’album consacrée à l’ascension du Khan, la narration a cependant tendance à se faire plus distante ce qui réduit légèrement l’empathie du lecteur à l’égard du protagoniste qu’on ne voit plus que dans son rôle de chef militaire et très rarement dans des scènes plus intimistes comme cela pouvait être le cas au début.
Une bande dessinée instructive consacrée à l’une des figures les plus célèbres de l’histoire mongole. Si le choix de se limiter uniquement à l’ascension du Khan et d’occulter tout ce qui concerne son règne est un peu frustrant, cela permet tout de même de prendre conscience de l’exploit qu’a constitué son élévation et de mieux comprendre certains traits de son caractère comme son attachement à sa famille ou ses ambitions d’unification. Une bonne découverte.
Autres critiques : Gianni Zablot (YoZone)