Fantasy

Anno Dracula

Anno Dracula

Titre : Anno Dracula
Auteur : Kim Newman
Éditeur : Bragelonne / Le Livre de poche
Date de publication : 2012 / 2014

Synopsis : Londres, 1888. L’obscur voile de la terreur est tombé sur la capitale depuis que la reine Victoria s’est unie au sulfureux comte Dracula. Sous son influence, les citoyens sont de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des vampires, toujours plus puissants. Mais la riposte ne se fait pas attendre. Dans les sinistres ruelles de Whitechapel, un assassin surnommé Scalpel d’Argent massacre les prostituées aux canines un peu trop aiguisées. Lancés dans la traque du tueur, Geneviève Dieudonné, une vampire à la jeunesse éternelle, et Charles Beauregard, espion pour le Diogene’s Club, vont devoir gravir les échelons du pouvoir. Et s’approcher dangereusement du souverain le plus sanguinaire qu’a jamais connu le royaume.

Note 4.0

Des nuits intenses s’annoncent, mes amis, et nous avons une chance de mener le monde. Nous sommes le vent venu de l’Est. Nous sommes la fureur de la tempête. Dans notre sillage nous laisserons ce pays pacifié, et changé. Ceux qui hésiteront ou se montreront trop tièdes seront balayés par le torrent. Beaucoup seront détruits pendant que la lune se lèvera sur notre Empire. Mr Darwin avait bien raison : seuls les plus forts sont faits pour survivre. Nous devons nous assurer que nous sommes les plus forts parmi les forts.

 

C’est en 1476 qu’est officiellement décédé le voïvode Vlad III « l’Empaleur », plus connu depuis le roman de Bram Stocker sous le nom de Comte Dracula. Mais imaginez un peu que ce cher comte refasse surface en Angleterre à la fin du XIXe et parvienne à s’insinuer dans les bonnes grâces de la reine Victoria, jusqu’à obtenir d’elle qu’elle le nomme Prince consort… C’est le parti pris de Kim Newman qui nous offre avec « Anno Dracula » un roman qui pourrait sembler au premier abord très classique mais qui réserve malgré tout de bonnes surprises. Le casting en est d’ailleurs une, puisque le récit nous permet de croiser aussi bien Dracula que Van Hellsing mais aussi Bram Stocker, Joseph Merrick (plus connu sous le nom d’Elephant man), Lestrade, et bien sûr Jack l’Éventreur. Car au-delà de la présence de Dracula dans la capitale londonienne, le cœur de l’intrigue repose essentiellement sur la présence à Whitechapel d’un assassin baptisé « Scalpel d’argent » qui s’en prend depuis plusieurs nuits aux prostituées exerçant dans le quartier. Le point commun entre toutes ses femmes : leur condition de vampire…

Bien que s’appuyant sur des événements et personnages aujourd’hui encore bien connus du grand public (qu’il s’agisse de Dracula ou de Jack l’Éventreur), le récit de Kim Newman propose une approche différente de la question en corsant l’affaire grâce à la présence de ces fameux vampires. Car l’intérêt du roman ne réside pour une fois pas tant dans la découverte des caractéristiques et du mode de fonctionnement de ces redoutables créatures buveuses de sang que dans celle de leur intégration dans la société de l’époque. Un parti pris original qui permet à l’auteur d’aborder des thèmes beaucoup plus variés tels que le patriotisme ou encore la xénophobie. Outre le contexte, l’intrigue est elle aussi de bonne facture et, si le fait que l’identité de Jack l’Éventreur nous soit révélée dès la toute première page peut au premier abord déstabiliser, l’auteur a su conserver tout au long du roman la maîtrise complète de son récit dont les nombreux rebondissements maintiennent le lecteur en halène du début à la fin. Belle réussite également en ce qui concerne les personnages, à commencer par les deux protagonistes au passé mouvementé à propos desquels on aurait d’ailleurs souhaité avoir un peu plus de renseignements.

 

Kim Newman signe avec « Anno Dracula » un roman divertissant et bien plus réfléchi qu’on pourrait le croire. Les vampires y sont pour une fois traités non plus comme des créatures sombres et solitaires vivant à l’insu de tous, mais au contraire comme partie intégrante d’une société qui souffre de plus en plus de cette cohabitation forcée. A ceux qui auraient apprécié le roman, sachez qu’un autre ouvrage de l’auteur, « Le Baron rouge-sang », remet en scène certains personnages présents ici dans le contexte du début du XXe siècle.

Voir aussi : Tome 2

Autres critiques : Apophis (Le culte d’Apophis) Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Lutin82 (Albédo : Univers imaginaires) ; Sandrine Burgot Maillard (Mes Imaginaires) ; Yossarian (Sous les galets, la plage)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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