Blacksad, tome 1 : Quelque part entre les ombres
Titre : Quelque part entre les ombres
Série : Blacksad, tome 1
Scénariste : Juan Diaz Canales
Dessinateur : Juanjo Guarnido
Éditeur : Dargaud
Date de publication : novembre 2000
Synopsis : « Il y a des matins où l’on a du mal à digérer son petit-déjeuner. Surtout si on se retrouve devant le cadavre d’un ancien amour. » Dès la première case, le ton est donné. Nous sommes dans un polar. Avec les ingrédients habituels : un meurtre, une grande ville américaine rongée de l’intérieur, une belle poupée salement amochée. Jusqu’au détective privé – un chat baptisé Blacksad – qui contemple, désabusé, l’agitation de la grande ville en soulevant légèrement le store.
Parfois quand j’entre dans mon bureau, j’ai l’impression de marcher dans les ruines d’une ancienne civilisation. Non à cause du désordre qui y règne, mais parce que certainement cela ressemble aux vestiges de l’être civilisé que je fus jadis.
Splendide. Voilà le premier mot qui me vient à l’esprit pour qualifier ce premier volume des aventures de Blacksad. Car une chose est sûre, Juan Diaz Canales (au scénario) et Juanjo Guarnido (aux dessins) se sont ici surpassés ! L’intrigue, tout d’abord, peut certes paraître un peu classique mais se révèle finalement très bien ficelée : une actrice de renom est retrouvée assassinée à son domicile et l’un de ses anciens amants décide de remonter la piste de son meurtre. Et étant donné le nombre de ses admirateurs un peu psychopathes et de ses amants, autant dire que ce ne sont pas les suspects qui manquent… C’est donc à la résolution d’une enquête policière que nous invitent les deux auteurs, une enquête dont on suit avec intérêt les retournements de situation et le dénouement. Mais ce n’est pas là qu’il faut s’attendre à trouver la véritable originalité de l’ouvrage, non. Celle-ci serait plutôt à chercher du côté de l’univers et surtout des personnages dépeints par Canales et Guarnido.
Car si le monde décrit est bien le notre, ses habitants, eux, ne sont pas à proprement parler des hommes mais bel et bien des animaux anthropomorphes. Le protagoniste est ainsi un beau et grand chat noir qui côtoie aussi bien serpent, gorille, rat ou encore souris. Et on y croit ! A tel point que l’on en vient rapidement à trouver parfaitement naturel de voir un chien occuper la fonction d’inspecteur de police, ou un sanglier et un ours servir de gros-bras à un riche puissant. Mais là où réside le véritable point fort de l’ouvrage, c’est au niveau des graphismes. Jamais auparavant je n’étais tombée sur des dessins aussi marquants ! Chaque planche constitue ainsi en soi une petite œuvre d’art devant laquelle on s’attarde encore et encore avec un plaisir constamment renouvelé : on admire la qualité de la colorisation, on s’émerveille devant l’habileté de Guarnido à retranscrire le mouvement, et surtout on ne peut s’empêcher de rester bouche-bée devant la qualité de la représentation de chacun des personnages qui semblent véritablement prendre corps et vie.
Cela faisait des années que j’entendais vanter les mérites de « Blacksad », et je comprends sans mal aujourd’hui la raison de toutes ces louages ! Me voilà complètement séduite par ce beau félin aux talents de détective dont j’entends dès que possible poursuivre les aventures. Si vous n’avez pas encore sauté le pas, courez-y !