Rétro-fictions
Titre : Rétro-fictions
Auteurs : Jeanne-A Debats (« Sempervirens »), Sylvie Jeanne Bretaud (« L’ombre de Whitechapel »), Arnaud Cuidet (« La Garde rouge »), Léon Calgnac (« La tour »), Francis Carpentier (« OYAPOC 1902 »), Brice Tarvel (« La porte bleue »), Jean-Hugues Villacampa (« Drôle de poulet »), Jean-Luc Boutel (« L’invasion des hommes-taupes »), Artikel Unbekannt (« Japon, année zéro »), Anthony Boulanger, (« Écarlate était le ciel »), Jérôme Verschueren (« Le chevalier noir »), Jean Bury (« La Rouille »), Julien Heylbroeck (« Marionnettes »), Bruno Baudart (« À l’ouest rien de nouveau »), Patrice Verry (« L’empereur, le préfet et l’ingénieur »), Brice Tarvel et Robert Darvel (« La machine à explorer Baker Street »)
Illustrateurs : Gérard Berthelot et Gregor
Éditeur : ImaJn’ère
Date de publication : 13 juin 2014
Synopsis : Toute œuvre de fiction est une œuvre d’imagination. Serait-ce donc à tort que le langage courant attribuerait le terme « imaginaire » aux seules littératures relevant de la science-fiction, du fantastique ou de la fantasy ? On pourrait arguer que ces littératures, de par leur nature même, possèdent un « degré » supplémentaire d’imagination, mais ce serait rentrer dans un débat d’étiquette stérile. L’association ImaJn’ère préfère vous proposer une « littérature populaire », au sens de la créativité, de la distraction et de l’accessibilité à tous.
Dans ce recueil, vous découvrirez des textes pouvant s’apparenter à des genres aussi variés que le polar, la SF, le fantastique, l’humour, l’aventure, ainsi que d’autres que les inconditionnels de l’étiquetage auront bien du mal à classer.
Ces nouvelles possèdent cependant un point commun : toutes se déroulent entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Une anthologie rétro qui vous surprendra !
Il fallait voir Hugues le Bouquiniste, dressé maintenant hors de ses donjons de carton, la claymore au poing, l’œil éclairé d’une redoutable lueur guerrière, face aux vélociraptors circulant comme une armée cuirassée avide de conquêtes.
« La porte bleue » – Brice Tarvel
Avec l’anthologie 2014 d’ImaJn’ère, nous touchons à tous les genres, il y a de tout au niveau du ton, et enfin nous explorons quasiment tous les continents ! Grande variété donc, permise par l’intitulé de l’appel à textes qui a conduit à cette publication : la plume portée vers le passé, le but était de surprendre en créant une aventure se déroulant entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle (plus exactement entre 1851 et 1949) ; tant en SFFF qu’en polar, les thèmes permettaient d’explorer énormément d’aspect (uchronies, univers steampunk, aspect gothique, utopies, genre noir, enquête, investigation, politique, etc.). Avec seize nouvelles de taille et d’univers très variables, la diversité est le maître mot offert au lecteur. La longue critique détaillée qui suit est à retrouver dans La Tête en l’Ère n°30 et le fruit de la collaboration entre Boudicca et Dionysos.
Avec « Sempervirens », Jeanne-A Debats nous plonge dans l’enfer de la Première Guerre mondiale. À l’aube du centenaire du déclenchement des hostilités en Europe, il s’agit là de s’engouffrer dans les tranchées où la mort est présente de la plus violente des manières. « Tout ce chemin pour rien : une bombe y est tombée directement. L’ancien refuge où l’on trouvait un brasero, du vin, des cigarettes et parfois de la soupe chaude, n’est plus qu’un cratère, un trou de terre obscure et martyrisée d’où s’échappent encore quelques fumerolles acides. »
Automne 1916, dans les Flandres en proie aux obus et autres armes de destruction massive, Nico voit sa tranchée atrocement subir les affres de la guerre et finit par n’être uniquement accompagnée de ces sortes de « compagnons du devoir » que sont Pensée et Mémoire, ses deux pigeons pour seule compagnie dont les noms seront évidemment porteurs de sens au cours du récit. Dans cette atmosphère guerrière où la survie est devenue son seul but, sa fuite l’entraîne dans un lieu inversement proportionnel au monde des tranchées, en l’occurrence une drôle de petite boutique où l’attendent une jeune femme et une quantité de produits. C’est la part de fantastique chère à Jeanne-A Debats qui entre alors en scène.
En effet, l’auteur, notamment du recueil La Vieille anglaise et le continent et de Métaphysique du vampire, joue sur le fort contraste entre deux mondes opposés qu’on aurait peine à imaginer se côtoyer aussi simplement. Contrairement à ce que pourraient croire les adeptes du style de Jeanne-A Debats, elle ne se révèle pas aussi crue dans son propos qu’à l’accoutumée, et c’est davantage la situation qui exige de la violence pour l’arrière-fond et de la gouaille pour le personnage principal, histoire de mettre en avant la césure entre l’horrible de la situation et la spontanéité avec laquelle Nico tente de se rattacher à la vie. Même si nous n’en apprenons finalement bien peu sur lui-même, c’est son destin qui constitue le vrai tragique de cette nouvelle. Et tout repose dans sa quête pour rester « toujours vert », « toujours fringant », suivant comment on comprend ce titre mystérieux en latin.
Lauréate du concours ImaJn’ère 2014, Sylvie Jeanne Bretaud nous propose de suivre « L’ombre de Whitechapel ». Elle revisite de manière inattendue l’affreuse affaire de Jack l’Éventreur datant de 1888. Emeline, souffrante, confesse une histoire survenue lors de sa jeunesse. Alors qu’elle fréquentait son amie « la douce Ginger », une des prostituées de son quartier, il a fallu qu’elle tombe quasiment nez à nez avec le tueur en série.
L’auteur mise sur une nouvelle plutôt courte avec une histoire relativement simple mais incorporant plusieurs références bien connues de l’époque victorienne. Dans une ambiance noire mi-glauque mi-guindée, elle ne nous épargne pas l’atrocité des crimes de l’Éventreur : « Je vais te punir, catin. Pour ta peine, je te mets le sein droit sous la tête… les reins sur la commode… le foie sur la chaise, la rate dans le tiroir. Tu auras beaucoup de mal à te reconstituer après ça ! » Avis donc aux amateurs de « court mais intense » !
Par « La Garde rouge », c’est à la Commune de Paris que s’attaque Arnaud Cuidet. Menacée à la fois par Versailles et les Prussiens, celle-ci doit faire face à un étranglement critique et toute découverte est bonne à prendre pour un éventuel avantage stratégique. Pendant cette année 1871, Gustave, à la tête d’une petite troupe de « réquisitionneurs » fouille las bas-fonds de Paris, accompagné notamment d’Émile et d’Agnès : un trio composé « d’un vieil ingénieur, d’un contremaître bourru et d’une féministe turbulente », pour reprendre les mots de l’auteur. Tous trois semblent s’intéresser à une forge recelant bien des avantages pour la défense de Paris. Avant de dévoiler sa trouvaille qui « suscite » bon nombre de réactions, Arnaud Cuidet maintient le mystère, un peu artificiellement certes, mais ça tient bon. « Oui, c’est une entreprise insensée. Ne pourrait-on pas dire la même chose de la Commune ? Après tout, vous avez accepté de travailler avec des femmes ; c’est déjà fou, non ? »
Dans ce contexte, « La Garde rouge » apparaît alors comme un défi technologique pour l’année 1871. Machineries, ferronneries et tuyauteries ont la part belle pendant un certain nombre de paragraphes. Ça sent le proto-steampunk dans le sens où nous allons chercher des applications à la technologie de l’époque que nous n’avons pas tenté dans notre histoire. Tout cela amène l’auteur à nous délivrer finalement un combat déterminant entre le Rouge et le Blanc. Façon match de boxe : à ma gauche, La Garde, géante de fer communarde ; à ma droite, Le Versaillais, le chevalier blanc au service du pouvoir. Entre prises de catch et manœuvres d’abordage, Arnaud Cuidet se fait clairement plaisir dans ce combat singulier entre deux masses robotiques dignes d’un film sur Godzilla, dans cette analogie du combat naval entre deux navires flambants neufs uniquement créés pour se détruire l’un l’autre. Immanquablement pour les amateurs de combat dantesque et métallique !
C’est grâce à « La tour » que Léon Calgnac a lui aussi été élu lauréat du concours ImaJn’ère 2014. D’une première affaire sur un roman sulfureux, parlant vaguement de meurtre et d’adultère, l’auteur se focalise sur Hippolyte Sénéchal, directeur du journal L’Événement en novembre 1867, pour en tirer un récit volontairement pompeux pour coller à la bourgeoisie de l’époque. Toutefois, le cœur de cette nouvelle ne réside pas en cette amorce, mais bien dans le mystère qui s’installe progressivement. « Le mystère n’est pas immoral. Le mystère n’est pas politique. Les gens aiment le mystère. » Ce fameux mystère, constamment recherché par l’auteur, tente de se condenser autour de deux personnages travaillant côte à côte pour la scène principale : le jeune critique littéraire Pierre Sandoz et le neurologue Jean-Martin Charcot (ayant d’ailleurs eu son rôle historique dans la définition de l’hypnose dans le domaine médical). En passant par une sombre affaire de déliriums communs, cette « tour » apparaît alors comme le point commun de cas pathologiques étrangement connectés.
Francis Carpentier nous propose, avec « OYAPOC 1902 », un récit perdu entre France et Brésil, l’Oyapoc étant le fleuve servant de frontière entre les deux États en Guyane française depuis 1713. Sur un ton léger, voire humoristique de temps à autre, mais sans jamais négliger un langage très littéraire, nous suivons une expédition en pleine jungle entre considérations politiques, ethnologiques et économiques. « La saison des pluies noyait tout, on n’accédait plus aux abattis, le gibier se terrait, le poisson nageait loin des filets. Les vivres que l’ancien conseil municipal n’avait pas détournés s’étaient épuisés en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. La disette sévissait. Pour rire, les gens disaient qu’en s’entraînant à jeûner pendant tout le carnaval, ils seraient fin prêts pour le carême. » En effet, quand il s’agit d’éviter les postes de douane pour aller piquer la mine d’or du voisin et s’arroger des droits sur telle tribu indienne locale, la forêt amazonienne est un lieu privilégié. Ça sonne créole, ça sonne vrai et ça donne envie de filer en douce dans la jungle (ou pas finalement).
C’est dans des horizons bien plus proches de nous que Brice Tarvel place « La porte bleue ». Sur un ton très décalé, il place directement son histoire dans un Angers uchronique de 1924 où la boutique PhénomèneJ est déjà quasiment comme nous la connaissons aujourd’hui. « Il fallait voir Hugues le Bouquiniste, dressé maintenant hors de ses donjons de carton, la claymore au poing, l’œil éclairé d’une redoutable lueur guerrière, face aux vélociraptors circulant comme une armée cuirassée avide de conquêtes. » Il s’agit bien de suivre Hugues Campavila, le bouquiniste aventurier, et son épouse Carmen, la ménagère compulsive, dans une chasse loufoque aux trousses d’une nuée de vélociraptors ayant traversé ladite porte du titre. Ça promet !
Quant à Jean-Hugues Villacampa, lui aussi lauréat du concours ImaJn’ère 2014, il nous présente à son tour un « Drôle de poulet » en la personne d’Antonin Desloirs, commissaire de Givet, bourgade ardennaise à la frontière belge. Petite bourgade, petit commissaire de pas grand-chose, et pourtant c’est dans une ambiance à la Maurice Leblanc (que le personnage principal côtoie d’ailleurs) que nous découvrons une affaire bien peu commune. « Meurtre dans la haute » aurait tout aussi bien pu être le titre, car le casting local est gratiné. C’est alors l’occasion de suivre une orgie gastronomique en forme d’huis-clos macabre et seul le dénouement pourra en dire davantage…
Jean-Luc Boutel préfère, lui, nous narrer l’histoire d’un emmerdeur (sic). Avec « L’invasion des hommes-taupes » (sous-titrée « Une aventure inédite de Sélénex »), il s’intéresse d’abord à Anselme Castagneul qui, comme d’autres savants au même moment, disparaît en plein cœur de Paris par la voie du souterrain, mystère au rendez-vous là aussi. Pas sûr que la narration en chapitres au sein de cette nouvelle favorise vraiment la compréhension, mais en empruntant tous les codes du « héros dévoué à sa mission », l’auteur tend fortement vers la thématique du super-héros, avec le dénomme Sélénex, le protecteur de la capitale. Dans cette optique, nous ne pouvons nous empêcher de penser à une forte inspiration de l’histoire vis-à-vis d’un antagoniste bien connu des Quatre Fantastiques (de Marvel), le tout premier même, l’Homme-Taupe, le Moloïde. C’est alors l’occasion pour le lecteur d’explorer à la va-vite un espace qui fait encore beaucoup fantasmer : les bas-fonds et les souterrains de Paris, ici dans leur réalité au tournant des XIXe et XXe siècles, dans un aspect un peu gothique et, en tout cas, effrayant. Beaucoup de descriptions et peu de dialogues viennent entraîner le récit, pour une nouvelle pourtant bien portée sur l’action. Et en matière de péripéties en milieu souterrain, il y a de quoi s’occuper, avec en plus de cela quelques machineries complexes pour égayer le voyage. En plus de cela, croiser quelques têtes connues comme Rosny-Aîné, Gustave Eiffel, et quelques autres, n’est jamais un mal.
Artikel Unbekannt a choisi de nous narrer le Japon des années 1940 de manière stéréotypée certes, mais parfaitement réglée. Un « Japon, année zéro » où les deux bombes H seront l’horizon des événements. Kiyochi, Kumiko et Kojima forment les trois volets de cette exploration du Pays du Soleil levant, qui se définissent très simplement comme suit « Kojima aimait Kumiko qui aimait Kiyochi qui n’aimait personne ». Et le rythme ternaire imposée par le fond est dès lors présent dans la forme en toute circonstance. Dans leurs choix comme dans leur destin, trois voies possibles et inéluctables apparaissent dans ce Japon. Statisticiens, enseignants et yakusas : ces voies possibles ne sont pas légion et demandent autant d’honneur que de violence sur soi. « Les yakusas : un état dans l’état, une bague de feu autour d’un doigt de glace, le chaos à l’intérieur de l’ordre, un monde parallèle dont le roi invisible a le geste bruyant, mais le verbe discret. »
Forcément, entre un triangle amoureux et les affres de la vie quand la politique des yakusas s’en mêle, cela ne peut que créer des étincelles. Et Artikel Unbekannt nous entraîne dans un tourbillon de situations apparemment inéluctables. Violence des mots comme de certaines scènes dont une magnifique de torture, dégoulinante à souhait, une pointe de fantastique liée à la fameuse tradition des tatouages dans le milieu des yakusas : les ingrédients font plaisir à voir et l’ensemble s’enchaîne magnifiquement bien.
« Écarlate était le ciel » selon Anthony Boulanger, autre lauréat du concours ImaJn’ère 2014. Et en effet, à l’automne 1916, les combats aériens font rage dans le ciel européen. Le ballet incessant des rapaces de métal est à peine interrompu par l’intrusion de nouvelles armes toujours plus meurtrières. Pour autant, la guerre ne règne pas entre les Nations du monde puisque celles semblent, au contraire, toutes alliées face à des forces surnaturelles et monstrueuses appelées les Résurgences, celles-ci ayant pris le contrôle du Royaume-Uni et de l’Irlande, notamment. « Depuis que l’ennemi avait conquis les airs, la guerre avait pris une nouvelle tournure. De l’attaque, les nations continentales étaient passées à la défense puis au repli contrôlé. De l’espoir, les peuples étaient passés à l’accablement. À une certaine forme de désillusion et de fatalisme. » À l’heure d’une bataille décisive, Manfred von Richthofen doit jeter toutes ses forces pour trouver ce qui fera enfin la faiblesse de ces monstres de toutes formes ayant déclaré la guerre à l’humanité.
« Une aventure de Béla Bartók » nous promet Jérôme Verschueren. Avec « Le chevalier noir », il reprend son héros qu’il publie déjà au Carnoplaste lors de l’une de ses enquêtes au cœur de New York en janvier 1941, toujours en quête d’activités nazies à détruire. Cette fois, Béla Bartók, croyant devoir démanteler une cellule nazie, un laboratoire à super-soldats, en plein centre de la Grande Pomme, tombe sur une affaire d’un caractère bien plus fantastique. Les fantômes rôdent parfois dans la ville et ce n’est pour le plus grand bonheur des vivants. Avec son assistante Becky, il s’agit pour lui de remonter la piste de ce qui fait la terreur du quartier et les apparences sont évidemment trompeuses.
Jean Bury réinvente la « légende » de Louis Pasteur et du petit enfant atteint de la rage avec « La Rouille », ce qui peut être considéré comme l’équivalent de la rage pour les robots de son petit monde. Car, en effet, l’univers à tendance steampunk qu’il met en place est l’occasion de voir proliférer les « eiffels », ces automates en plein développement. La combinaison entre mécanique et microbiologie est intéressante et suivre les explications du savant incompris est bien plaisant. Une nouvelle plutôt sympathique donc puisqu’elle ne se prend pas la tête, se suffit à elle-même et résout astucieusement une affaire bien délimitée.
Avec « Marionnettes », direction l’URSS des années 1930 ! Une Union soviétique en pleine mutation, profondément marquée par l’arrivée au pouvoir de Staline et les phases d’épuration qui ont suivi. C’est dans ce contexte tendu, alors que tout le monde se méfie de tout le monde, qu’est découvert en 1937 le corps d’un officier de l’Armée Rouge, atrocement massacré dans des circonstances bien étranges. Difficile en une vingtaine de pages seulement de mettre en place une intrigue très complexe, néanmoins la nouvelle de Julien Heylbroeck n’en est pas moins divertissante, l’auteur n’hésitant même pas à faire intervenir quelques spécialités du folklore russe.
Sélectionné parmi les lauréats du concours ImaJ’nère 2014, Bruno Baudart nous entraîne pour sa part dans le Berlin-Est de la fin des années 1940. Une ville profondément marquée par la Deuxième Guerre mondiale et dont les habitants ploient encore sous le joug d’une surveillance de tous les instants menée par la Stasi : en 1949 aussi bien qu’en 1943, on craint les délateurs. Et c’est justement pour se venger de l’un d’eux, responsable de l’arrestation et de la mort de sa compagne des années auparavant que le narrateur se décide à passer à l’acte. Un récit très touchant baignant dans une ambiance mélancolique qui ne laisse pas indifférente et parsemé de quelques références à des auteurs majeurs tels que Remarque et son « À l’ouest rien de nouveau » ou encore à Nietzsche.
Patrice Verry nous raconte, quant à lui, une fable impériale et festive. « L’empereur, le préfet et l’ingénieur » présente l’histoire de Joseph de Beaucrest, proche de Napoléon III, du préfet Haussmann et de l’ingénieur Bönickhausen. Offerte au lecteur de manière légèrement déchronologique, cette avancée en sous-main et en trois temps va très vite au point de reposer sur plusieurs sous-entendus laissant au lecteur le soin d’imaginer jusqu’où peuvent remonter les méandres de cette histoire. L’intérêt est d’ici d’approfondir ce qui constitue un des fondements de la « fierté nationale française » (fierté à tel point que plusieurs nouvelles de l’anthologie y font également référence) ; difficile d’en dire davantage sans tout dévoiler de cette nouvelle relativement brève, mais très dynamique.
Avec « La machine à explorer Baker Street », Brice Tarvel et Robert Darvel nous narrent une aventure de l’un des héros mis en scène par les fascicules Carnoplaste : Harry Dickson. Une sorte de Sherlock Holmes américain résidant au 92b ou 221b Baker Street (le mystère plane toujours…) et épaulé par le jeune Tom Wills et l’imposante Mrs Crown. C’est donc sur une touche d’humour que l’on referme cette anthologie, Brice Tarvel et Robert Darvel se mettant eux-mêmes en scène dans des situations rocambolesques impliquant notamment la présence d’un taxidermiste spécialiste en mécanique quantique ainsi que l’utilisation d’un canapé « enjambeur d’espace et de temps ». Une histoire bon enfant qui permet de refermer l’ouvrage sur une note positive.
Rétro-fictions est donc une anthologie très diverse, très distrayante, qui nous fait particulièrement voyager dans le temps et dans l’espace et mêle de façon plutôt joyeuse des auteurs reconnus et quelques semi-professionnels.
Voir aussi : Total Chaos (2013)
Autres critiques : Cécile Duquenne (SFFFfrancophone)
Rétro-fictions, que vous pouvez encore commander (vite !) auprès de la boutique PhénomèneJ. Toute pré-commande aide grandement la tenue de la convention.
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