L’Antilégende
Titre : L’Antilégende
Auteur : Fabien Clavel
Éditeur : Mnémos (Icares)
Date de publication : 2005
Synopsis : Don Juan est accusé de meurtre ! Une à une, les femmes qu’il a séduites sont retrouvées mortes, le cœur arraché, et une étrange escouade de spadassins noirs est lancée à ses trousses. Le séducteur légendaire clame son innocence… Mais que s’est-il passé entre le moment où la statue du Commandeur l’a entraîné aux enfers et sa réapparition à Séville ? Il n’en conserve pas le moindre souvenir. Pire encore, il ne parvient même pas à se remémorer l’identité de ses conquêtes passées… Accompagné de son valet et de la blonde et sulfureuse Manon Lescaut, il part à la recherche de la clé du mystère à travers une Europe étrangement transformée. Mais un inquiétant personnage au masque de fer semble l’avoir devancé…
Je pensais à toutes les femmes battues, humiliées, vendues, terrifiées ou tristes, que contient cette cité si paisible à nos yeux. C’est pour elles que je viens. Un rêve va passer ce soir sur ces maisons, les cœurs vont palpiter, les poitrines se vont enfler de soupirs, les yeux brilleront. Ce soir, ma cape et mon manteau couvriront la ville entière. Le règne des femmes arrivera. Les cocus pleureront, les jaloux dépériront, les pères autoritaires seront dupés, les amants malséants seront abandonnés, les frères geôliers perdront leurs prisonnières. Au matin, je l’espère, les yeux seront dessillés. Un vent de liberté soufflera sur ces toits, bousculera ces foyers que la loi mâle domine sourdement.
Que peut-il bien arriver aux personnages des livres que nous lisons une fois que leur auteur en a fini avec eux ? C’est à cette question toute simple et légèrement saugrenue que Fabien Clavel propose de répondre dans son roman « L’Antilégende ». L’auteur y met en scène le très controversé mais néanmoins célèbre Don Juan, l’une des plus grandes figures de séducteur de la littérature, qui, accompagné de son fidèle valet Sganarelle, se retrouve projeté dans l’étrange monde de l’Index, cet Enfer dans lequel se retrouvent un jour ou l’autre tous les personnages nés de l’imagination et de la plume d’un écrivain. Au delà des bizarreries propres à cet univers où les lois temporelles et spatiales qui régissent le notre n’ont plus cours, notre protagoniste doit également faire face à ce qui constitue pour lui le pire scénario : Don Juan est accusé d’assassiner une à une ses conquêtes de la façon la plus atroce qui soit! Ni une, ni deux, le grand séducteur se lance alors dans un grand périple à travers une Europe du XVIIIe totalement revisitée afin de restaurer son honneur bafoué et de mettre fin aux agissements de l’énigmatique et insaisissable Masque de Fer.
L’idée est des plus originales, il faut l’avouer, et l’on sent tout au long du roman l’enthousiasme de Fabien Clavel qui rend ici un bel hommage à quelques uns des plus grands personnages de la littérature et à leurs auteurs, d’Alexandre Dumas à Cervantes en passant par Edmond Rostand, l’abbé Prévost, Molière… Le monde de l’Index dans lequel se déroule l’action est extrêmement réussi et permet à l’auteur de faire cohabiter des personnages issus de différentes époques, le tout sans que la cohérence de l’œuvre n’ait a en souffrir. Vous passerez ainsi en un clin d’œil de la France à la Lune, du XVe au XVIIIe siècle, tout cela aux côtés des trois mousquetaires aussi bien que du baron de Müchahausen, de la séduisante Manon Lescaut ou encore de Cyrano de Bergerac. Et pourtant, malgré toutes ces qualités je n’ai pu m’empêcher d’être légèrement déçue par le roman qui m’a finalement assez vite lassée. La faute, je pense, à son caractère burlesque très marqué (ce avec quoi j’ai toujours eu beaucoup de mal) et surtout au manque de sympathie éprouvé pour le protagoniste dont la cruauté envers certains personnages (notamment Sganarelle) et l’absence de véritables sentiments m’ont beaucoup gêné.
Au final, « L’Antilégende » se révèle être un roman solide et original qui ne manquera pas de ravir tant les amateurs de fantasy que les amoureux des grands classiques de la littérature. Le livre souffre malgré tout d’un certain nombre de défauts qui m’ont malheureusement empêchée de pleinement apprécier le travail de Fabien Clavel.
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Escrocgriffe
Dommage, ça avait l’air aussi original que passionnant !