Récit contemporain

Platon la Gaffe : Survivre au travail avec les philosophes

Platon la Gaffe

Titre : Platon la Gaffe : Survivre au travail avec les philosophes
Scénariste : Charles Pépin
Dessinateur : Jul
Éditeur : Dargaud
Date de publication : 22 novembre 2013

Synopsis : Kevin Platon va faire son stage d’observation de 3è dans une entreprise de Communication : la COGITOP… La devise de la boîte c’est « Un service, des cerveaux »… et pour cause : tous les employés sont des philosophes célèbres ! De Nietzsche le DRH à Foucault, responsable de la vidéo-surveillance, de Thérèse d’Avila secrétaire de Direction à Montaigne en période d’Essais, notre stagiaire va découvrir le monde du travail version philo. Jul et Charles Pépin nous offrent un véritable manuel pratique de la vie de bureau. Avec cet album, vous n’irez plus jamais travailler de la même façon !

Note 4.5

Avoir l’air débordé est devenu un signe extérieur de réussite. Et c’est ainsi que passent les jours, puis les semaines, sans que jamais soit simplement posée la question de ce qui est important. Nous avons tous les moyens, dans notre travail, de distinguer l’urgent de l’important. Il suffit d’y penser : la distinction s’imposera d’elle-même et, peu à peu, nous nous émanciperons de la tyrannie de l’urgence. Alors nous comprendrons la fonction même de l’urgence : nous empêcher de repérer ce qui est important.

Marre du train-train quotidien au bureau ? De vos collègues ? De votre tyrannique de patron ? De vous sentir sous-estimé, voire totalement invisible, aux yeux de votre hiérarchie ? Alors jetez-vous sur ce guide de survie ayant pour noble ambition de vous faire appréhender dans toute sa complexité l’une des jungles les plus sauvages et redoutables de notre XXIe siècle : celle du monde de l’entreprise. Au moyen d’une ingénieuse alternance de dessins humoristiques et de textes explicatifs plus sérieux consacrés à des thématiques propres au monde du travail (les collègues, le boss, les codes vestimentaires…), Charles Pépin (le scénariste) et Jul (le dessinateur) nous proposent ici une critique acerbe mais néanmoins lucide du monde de l’entreprise tel qu’il existe aujourd’hui. De la supercherie qu’est l’open-space à la multiplication des caméras de surveillance au bureau, en passant par la « dictature de l’urgence » ou le renforcement de la pression patronale, les deux auteurs se font un malin plaisir d’aborder en détail tous les tabous liés au travail, et ce par le prisme de la philosophie.

Platon la Gaffe planche 2

Car la véritable originalité de l’ouvrage réside en la mise en scène de certains des plus grands philosophes de l’histoire, pour l’occasion reconvertis en employés du XXIe siècle. Voilà donc Platon devenu stagiaire un peu paumé découvrant l’entreprise, Socrate maître de stage, Sigmund Freud employé de l’année, Thérèse d’Avila assistante de direction… L’occasion pour Charles Pépin et Jul de revenir de façon simple et concise sur les principales thèses élaborées par chacun de ces penseurs et de proposer une belle réflexion quant à ce qu’est aujourd’hui le travail en entreprise et de la place qu’y tient chaque individu. N’allez cela dit pas croire qu’il s’agit là d’un ouvrage purement théorique, bien au contraire, car l’humour y est présent à chacune des pages qui fourmillent de petits clins d’œil ou jeux de mot savoureux que les amateurs d’histoire et de littérature ne manqueront pas d’apprécier relever. De Diogène militant dans son tonneau contre l’open-space à Montaigne ne parvenant pas à sortir de sa période d’essai, en passant par Foucault devenu un obsédé de la surveillance, il faut avouez qu’il y a franchement de quoi rire.

Platon la Gaffe planche 1

Avec ce « Survivre au travail avec les philosophes », Charles Pépin et Jul signent un ouvrage d’une drôlerie et d’une lucidité remarquables, à la fois défouloir et support de réflexion. Idéal pour mieux appréhender votre vie professionnelle et les théories des grands philosophes de l’histoire, tout en découvrant d’amusantes anecdotes qui enrichiront votre culture générale. Tenez, saviez-vous par exemple que le mot « travail » venait d’un terme latin désignant un instrument de torture à trois pieux capable d’infliger le plus atroce et le plus lent des supplices ? De quoi faire réfléchir, non ?

Voir aussi : La critique de Dionysos (Chroniques de l’Invisible)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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