Le dernier chant d’Orphée
Titre : Le dernier chant d’Orphée (The Last song of Orpheus)
Auteur : Robert Silverberg
Éditeur : Actu SF (collection Perles d’épice)
Date de publication : 2012 (2008 en version originale)
Synopsis : On dit qu’il pouvait, par son chant, charmer les animaux et les arbres, sa voix fit chavirer les sirènes elles-mêmes. Mais son coeur appartenait à Eurydice, et lorsque la mort vint la lui ravir, Orphée se présenta aux portes des enfers, armé de sa seule lyre, afin de reprendre à Hadès l’âme de sa bien-aimée.
C’est la musique qui me rend indispensable ; c’est elle qui fait de moi le demi-dieu que je suis. A travers elle, je contribue à apporter du sens au cosmos. La musique, ce sont les mathématiques des dieux. Mes chants, mes quartets, mes symphonies, la plus humble de mes mélodies, tous alimentent la clarté sous-jacente qui donne sa cohésion à l’univers.
Au court de sa longue carrière d’écrivain, Robert Silverberg a souvent manifesté sa passion pour l’Histoire, et en particulier pour la période antique avec des ouvrages tels que « Roma Aeterna », une uchronie consacrée à l’empire romain, le recueil « Le nez de Cléopâtre » ou encore « Gilgamesh, roi d’Ourouk », roman mettant en scène le fameux souverain antique de Sumer. « Le dernier chant d’Orphée » appartient évidemment lui aussi à ce type d’ouvrages, puisqu’il donne la parole au célèbre poète thrace qui nous relate son histoire. Si les avis sur le roman semblent plutôt partagés, il m’a en ce qui me concerne beaucoup plu, en dépit de son indéniable trop grande brièveté. Les amateurs d’histoire ancienne et de mythologie seront satisfaits d’y retrouver tous les éléments connus du mythe : l’ascendance divine d’Orphée ; son règne dans sa Thrace natale ; son talent incomparable pour la musique ; son amour pour Eurydice et la douleur de sa perte ; sa participation à la quête de la Toison d’or ; et enfin sa triste et douloureuse fin aux mains des Ménades.
Parmi la multitude d’épreuves et d’aventures relatées par le poète, deux épisodes en particulier se distinguent : celui de la perte d’Eurydice et celui de la quête de la Toison d’or. En ce qui concerne le premier, je ne peux m’empêcher d’être légèrement déçue car il n’occupe finalement qu’une place très limité dans le récit. Le passage de la descente aux Enfers est cela dit particulièrement réussi, Robert Silverberg ayant pris la peine de détailler les différentes étapes de l’avancée du poète ainsi que les réactions suscitées par sa complainte sur les résidents infernaux. Il aurait toutefois peut-être été préférable de développer davantage la relation entretenue par les deux amants ainsi que le personnage d’Eurydice sur lequel on apprend finalement rien de plus. Le second épisode d’importance est tout aussi célèbre que le premier, même si on a tendance à y oublier le rôle joué par Orphée. La quête de la Toison d’or occupe ainsi une part conséquente du roman et revient une fois encore sur tous les éléments connus et attendus du mythe : la rencontre avec Jason et tous les héros réunis pour l’occasion, leurs déboires le long du chemin, la rencontre avec la belle sorcière Médée…
Difficile malgré la brièveté de l’ouvrage de ne pas relever la grande culture de Robert Silverberg qui revient à plusieurs reprises sur des éléments très précis de la culture grecque : les différentes divinités, certains grands événements tels que la Guerre de Troie ou la fondation d’Athènes, des éléments liés à la religion et aux cultes à mystères… Bref, si le roman n’est certes pas particulièrement complexe, les lecteurs peu familiers avec l’histoire antique et la mythologie grecque risquent cela dit d’avoir quelques difficultés à se repérer ou bien de passer à côté de certaines références. Enfin, sachez qu’au récit du poète succède une longue interview de Robert Silverberg (dans laquelle il exprime d’ailleurs sa profonde affection pour la France). Même si certaines questions peuvent paraître un peu saugrenues ou hors de propos, l’entretien a le mérite de retracer la carrière de l’auteur et d’aborder les différents grands thèmes que l’on retrouve souvent dans les ouvrages du maître.
Si « Le dernier chant d’Orphée » n’apporte au final rien de plus au mythe grec d’origine, voilà une lecture malgré tout fort agréable, que ce soit grâce à la qualité du style de Silverberg que parce qu’il est toujours bon de se replonger dans ces grands mythes antiques qui demeurent aujourd’hui encore bien présents dans la mémoire collective.
Autres critiques : Aelinel (La bibliothèque d’Aelinel) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Les chroniques du chroniqueur ; Elhyandra (Le monde d’Elhyandra) ; Yossarian (Sous les galets, la plage)
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