Un bonheur parfait
Titre : Un bonheur parfait
Auteur : James Salter
Éditeur : Points
Date de publication : 1996 Edition de l’Olivier ; 2005 pour la collection Points
Synopsis : Nedra et Viri s’aiment, partagent une vie harmonieuse, jalousée par leurs amis. Ils habitent avec leurs deux filles Franca et Danny dans une belle demeure près de New York. Nedra est belle, séduisante. Viri est architecte et passionné par son travail. Toutes les semaines, il prend le train pour New York où il reste quatre jours, faisant ainsi la navette « entre deux bonheurs ». Des allers et retours heureux qui n’enlèvent pas la crainte de voir un jour les désirs disparaître, l’épanouissement s’évanouir. Avec le temps, il ne restera peut-être que tristesse et désolation, un vague souvenir. La délicate affaire du bonheur, illusoire parfois, éphémère souvent, qui s’accroche à la vie.
Une des dernières grandes révélations : la vie ne sera pas conforme à notre rêve.
C’est quand le bonheur ? chantait Cali. A lire le roman de James Salter, on se dit que la question est loin d’être évidente. Nedra et Viri forment un couple heureux, deux splendides filles, Blanca et Benny, une situation financière confortable, de nombreux amis… Mais voilà, les apparences sont parfois trompeuses : Nedra, la quarantaine arrivant, rêve de reprendre sa liberté une fois les filles élevées. Liberté retrouvée est-elle la véritable définition du bonheur ? Le roman de Salter figurait depuis longtemps dans ma liste des auteurs à découvrir et au final mon sentiment est partagé. Irrité tout d’abord par une forme de narration éclatée qui m’a gêné au début, par ces personnages à qui la vie réussie et qui s’inventent un mal être quelque peu agaçant ou indécent pour tout regard extérieur. Et puis petit à petit, par petites touches, l’auteur met en lumière la complexité des sentiments et là le roman devient prenant.
On est agacé par l’égoïsme apparent de Nedra, par le manque d’engagement de Viri pour se battre et conserver la femme qu’il aime. L’apparente image idyllique se fissure devant le choix irrévocable de Nedra et la passivité de Viri. Tel un chirurgien des sentiments, Salter dissèque ces tranches de vie avec un regard pessimiste. Ses réflexions sur le couple, sur le temps qui passe, sur nos choix et le regard des autres interpellent suivant nos propres expériences.
Salter vise juste , avec mélancolie et fatalisme. Pourtant l’ennui pointe son nez de temps à autre. En cause, peut-être, la volonté de raconter son histoire de manière distancière. Mais malgré ce léger bémol on referme ce livre le cœur serré, avec un effet miroir sur nos propres existences.