Magies secrètes, tome 1
Titre : Magies secrètes, tome 1
Auteur : Hervé Jubert
Éditeur : Le-Pré-aux-Clercs (Pandore)
Date de publication : 8 novembre 2012
Récompenses : Grand Prix de l’Imaginaire « Roman jeunesse francophone » 2013
Synopsis : L’empereur Obéron règne sur la cité de Sequana.
Le tyran veut faire disparaître toute magie, c’est pourquoi il persécute les êtres féeriques. Certains parviennent à trouver refuge dans l’hôtel de Georges Beauregard, l’ingénieur-mage qui travaille officiellement pour le Pouvoir. L’agent de l’ombre se voit confier une mission par le Ministre des affaires étranges. Depuis quelques temps, des sorts s’abattent sur les proches de l’empereur. On soupçonne le Visage, une entité maléfique qu’il a jadis affrontée. Profitant du désordre, les habitants féeriques répandent la terreur. Miroirs maléfiques, jouets magiques qui se transforment en machines de cauchemars, personne n’est à l’abri. Beauregard est directement concerné car il est le fils d’une fée et d’un mortel.
L’ingénieur-mage devra choisir son camp…
La Féérie est une faune, une flore, un système […]. Elle est fragile. Cet arbre en est le symbole. Ta mission consistera à la protéger contre les hommes et contre elle-même.
Avec Magies Secrètes d’Hervé Jubert, abordons l’un des trois premiers titres sortis à l’occasion de la naissance d’une toute nouvelle collection, « Pandore », dont Xavier Mauméjean, lui-même, prend les commandes et qui vise apparemment cette catégorie nouvellement cernée par les éditeurs, les « Young Adults » : tout un programme… marketing surtout (Le Pré aux Clercs dédie d’ailleurs un site internet tout spécialement à cette collection).
Nous pouvons faire un constat simple d’emblée : avec sa très belle écriture et son style franchement chaloupé, Hervé Jubert donne du plaisir à lire, c’est indiscutable, mais ne nous facilite franchement pas la tâche ! Beaucoup de lecteurs se plaignent qu’Hervé Jubert nous perd complètement dans son univers extrêmement riche, mais n’est-ce pas là une caractéristique de la plupart des mondes de fantasy ? Y être perdu et découvrir plus tard que tout peut y être aussi tangible et compréhensible que dans notre petit monde « normal »… C’est vrai, le héros Beauregard (qui porte un œil de verre d’ailleurs, avouez qu’elle est bonne celle-là, non ?) parcourt sa ville sans nous dire à chaque coin de rue qu’il connaît tel banc pour s’y être assis, telle échoppe pour s’y être accoudé et qu’il ne se souvient plus des nuits passées là ou tel caniveau pour s’y être retrouvé plusieurs matins avec la gueule de bois… mais heureusement qu’il ne nous guide pas pied à pied, un peu de réalisme que diable ! Quel ennui ce serait d’avoir autant d’explications pour si peu d’action, heureusement donc qu’Hervé Jubert se sent complètement empli de l’univers si particulier qu’il a créé. Or, en parlant d’explications précises, l’auteur compense tout cela par un nombre impressionnant de notes de bas de page, chose extrêmement rare dans une œuvre de fiction : n’est-ce pas, là encore, le signe que l’auteur est littéralement immergé dans le monde qu’il a créé ? Ce monde, justement, se veut une adaptation libre du Paris du second Empire dont l’auteur semble, par ses recherches, être un spécialiste. Personnellement, j’aime beaucoup également cette période, mais je regrette la trop grande tendance de l’auteur à calquer la toponymie et l’Histoire de cette ville de Sequana sur ce Paris-là. Comment ne pas voir dans Sequana (nom du fleuve, de la ville et de l’empire, rien que ça !) la Seine associée par métonymie à Paris, dans « Hoffmann » notre « Haussmann » national qui agit comme le premier pour harmoniser de manière drastique l’urbanisme de la capitale, ou bien dans l’aiguille de Cléopâtre l’Obélisque de la Concorde (ou de Louxor plutôt) ? Les exemples ne sont peut-être pas légion, mais ils sont certainement multiples : je vous passe entre autres les quartiers comme celui de l’ « Étoile » situé au bout d’un « grand boulevard »…
Je serai assez avare d’explications et de détails sur l’intrigue car, après ces quelques réflexions, je tomberais facilement dans le spoiler outrancier. Toutefois, quitte à faire quelques réflexions tout de même, il est à noter que nous ne savons pas du tout qui, dans le monde de Sequana, nous raconte cette histoire et surtout quand il le fait. Les dernières phrases peuvent nous lancer dans des suppositions très variées et les différentes allusions au cours du récit nous conduisent à penser que c’est un contemporain de Beauregard, témoin des faits ou en ayant entendu parler, qui écrit de nombreuses années après les événements de cette intrigue, mais il est difficile d’en dire davantage sans se lancer dans des supputations vaseuses.
Une impression mitigée au bout du compte, car finalement ai-je vraiment envie de lire la suite des aventures de Georges Hercule Bélisaire Beauregard, ingénieur-mage au service de l’empereur ? Pas totalement, il faut l’avouer, mais d’un autre côté, des questions se posent, je me suis laissé porter sans aucune difficulté par cette aventure… donc il y a de quoi être mitigé et, peut-être, faudrait-il relire ce roman dans un autre contexte, plus favorable pour apprécier cet univers si particulier et si riche.
Pour l’avoir rencontré au festival des Étonnants Voyageurs 2013, Hervé Jubert défend parfaitement son œuvre et nous permet de poursuivre les mystères de Sequana avec un site dédié.
Autres critiques : Chiwi (Les Balades livresques de Chiwi) ; Oriane (La Pile à Lire)
Aucun commentaire
Corinne/Pyrouette
Mitigé compliqué ?
Dionysos
Peut-être un peu oui, mais en un sens c’est bien d’avoir un vrai univers particulièrement riche. Là, on est vraiment abreuvé (dans le bon sens du terme) d’informations enrichissantes, mais j’avoue que pour une partie de lecteurs ça pourrait ressembler à un manuel sur un Paris alternatif, tellement H. Jubert a poussé ses recherches très loin.
belette2911
Qu’est-ce qu’on peut pinailler, nous, les lecteurs ! On a pas trop aimé, mais on veut connaître la suite quand même… 🙂 Nous sommes difficiles ? Non, juste chicaneur… Je sais ce que c’est, je l’ai déjà vécu !
Dionysos
On se refait pas malheureusement : plus il y a de bons livres, plus on en veut des meilleurs ! En tout cas, c’est mon ressenti.