• Léonard & Salaï, tome 1 : Il Salaïno

    Léonard & Salaï

    Titre : Il Salaïno
    Série : Léonard & Salaï, tome 1
    Scénariste : Benjamin Lacombe
    Dessinateur : Paul Echegoyen
    Éditeur : Soleil (Noctambule)
    Date de publication : 2014 (mars)

    Synopsis : Ce diptyque nous entraîne dans l’intimité d’un homme devenu l’incarnation du génie créateur. Qui pourraient être mieux placés que deux hommes, deux artistes, pour vous conter l’histoire d’amour qui lia, pendant près de trente ans, Léonard De Vinci à un jeune apprenti qu’il baptisa Salaï (« petit diable »). Immergez-vous au cœur de cette évocation romanesque qui présente une autre vision de Léonard De Vinci, de son entourage et de sa vie. Comment a-t-il vécu, aimé, souffert ?

    Note 3.5

    Il ne faut pas appeler richesses les choses que l’on peut perdre.

     

    Parmi les artistes de génie qui marquèrent l’Europe de la Renaissance, Léonard de Vinci est sans doute celui qui aura fait l’objet de la plus grande fascination de la part de ses contemporains comme de celle des générations futures. On le connaissait peintre, architecte, scientifique, ingénieur…, on le découvre ici amant. Avec « Léonard et Salaï », premier tome d’un diptyque, Benjamain Lacombe a en effet pris l’audacieux pari de revenir sur la vie de De Vinci en se focalisant sur sa relation amoureuse avec un certain Salaï, beau jeune homme dont le peintre va très tôt faire son apprenti, son modèle et son amant.

  • Cris

    Cris Gaudé

    Titre : Cris
    Auteur : Laurent Gaudé
    Éditeur : Actes Sud (Babel)
    Date de publication : 2001

    Synopsis : Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore, retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front,  » l’homme-cochon « . A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix de ses compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité. Dans ce texte incantatoire, l’auteur de La Mort du roi Tsongor nous plonge dans l’immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.

    Note 5.0

    Je mets des pansements sur les morts et j’ampute les vivants. Il y a trop de cris autour de moi. Je n’entends plus les voix. Et je me demande bien quel visage a le monstre qui est là-haut, qui se fait appeler Dieu, et combien de doigts il a à chaque main pour pouvoir compter autant de morts.

  • Les mémoires de Zeus

    Les mémoires de Zeus

    Titre : Les mémoires de Zeus
    Auteur : Maurice Druon
    Éditeur : Hachette / Bragelonne
    Date de publication : 1963 / 2014

    Synopsis : Moi, Zeus, roi des dieux, dieu des rois, je vais vous conter mon histoire… À ceux qui pensent que vivre pour un dieu est aisé, je dis : « détrompez-vous. » Aux mortels qui croient que notre vie n’est que volupté et délices, je dis : « apprenez votre erreur. » Ne confondez pas ce que vous vous voudriez être avec ce que nous sommes. Ayant échappé de justesse à l’infanticide, à cause d’une prophétie, j’ai grandi seul, caché sur une île. Peu à peu, je suis devenu homme et guidé par ma grand-mère Gaïa, j’ai concocté un plan afin de renverser mon père, Cronos, maître de l’Olympe. Seul, j’ai appris la vie, l’amour, la mort et la colère. J’ai levé une armée, j’ai réveillé les géants, j’ai libéré mes frères et mes sœurs. J’ai accompli mon destin…Vous qui avez oublié, il est temps que je vous rappelle ce que nous avons vécu, alors que l’homme n’était encore qu’un enfant. Moi, Zeus, j’ai fait un long somme… je suis à présent réveillé.

    Note 4.0

    Comme la terre de Grèce était désignée pour que s’y formât l’avenir de l’homme, la terre d’Égypte était destinée à garder le souvenir des dieux. Étrangers, conquérants, tyrans et démagogues s’y peuvent succéder, rien vraiment de l’affecte puisqu’elle est miroir de l’éternité.

  • Le Versant féroce de la joie

    Le Versant féroce de la joie

    Titre : Le Versant féroce de la joie
    Auteur : Olivier Haralambon
    Éditeur : Alma
    Date de publication : 5 juin 2014

    Synopsis : Mort à 34 ans, Frank Vandenbroucke – « l’enfant terrible » du cyclisme belge – a captivé Olivier Haralambon, qui fut son coéquipier. Histoire d’une amitié et d’une fascination, ce récit d’une grande force littéraire décrit de l’intérieur les années où le cyclisme est passé de la légende au business.
    Né dans une famille de cyclistes, Frank Vandenbroucke est un gamin du Hainaut dont la vie a été façonnée pour et par le vélo. Au seuil de l’an 2000, après un parcours turbulent, il est 3ème coureur mondial. Mais il ne résiste pas au dopage qui ne cesse de s’étendre dans le cyclisme professionnel. Dès lors sa carrière est émaillée de poursuites judiciaires et d’exclusions. « VDB » tente plusieurs retours, s’épuise en compétitions souvent sanctionnées d’abandons ou d’échecs. Suicides manqués, drogue, déboires amoureux : tout se conjugue contre lui malgré son brio et l’admiration que lui portent ses pairs. Il meurt brusquement à 34 ans, physiquement brisé.
    Olivier Haralambon, lui aussi enfant du Nord et du cyclisme, a été fasciné par VDB avec qui il a couru, partageant les mêmes enthousiasmes et les mêmes épreuves. Menacé lui aussi dans sa santé par le dopage et la tension psychique d’un sport devenu de moins en moins sportif, il quitte le cyclisme professionnel pour suivre des études de philosophie et se confronter à l’écriture qui l’a toujours attiré.
    Le versant féroce de la joie est un exercice d’admiration, un retour au cœur du peloton, mais aussi un travail littéraire sur le double et l’expérience des limites.

    Note 3.5

    Chez Lotto, Jean-Luc croyait encore en la valeur de sa science propre, de son expérience ; aux soins qui se transmettent de père en fils, ceux que les bleus reçoivent des anciens ; quand et combien de cortisone pour qu’elle ne bloque pas les muscles, combien et à quel moment précis les amphètes pour les débloquer, déboucher les gicleurs.

    Le bonheur vient-il sans amertume ? La dépression est-elle la conséquence logique du refus du bonheur ? Non, ce ne sont pas les sujets du baccalauréat de philosophie pour l’an prochain, mais bien les questions sous-jacentes au Versant féroce de la joie, d’Olivier Haralambon. Rien que ça !

  • Goodbye Billy

    Good bye Billy

    Titre : Goodbye Billy
    Auteur : Lauren Whale
    Éditeur : Critic
    Date de publication : 2014 (juin)

    Synopsis : 14 juillet 1881, Old Fort Sumner. Lorsque la nuit tombe sur ce coin perdu du Nouveau-Mexique, l’Ouest américain ne le sait pas encore, mais on va l’amputer d’une légende. Tapi dans l’ombre, Billy the Kid attend son heure. Dans quelques secondes, ses actes changeront à jamais le cours de l’Histoire. Décembre 2012, Washington, bibliothèque du Congrès. Un archiviste examine un exemplaire du Miami Chronicle daté de 1934. Soudain, une photo retient son attention : les revenants existeraient-ils ? Tandis que les sbires d’un candidat à la présidence suppriment les dossiers compromettants de leur employeur, un groupe d’historiens de choc, dirigé par Richard Benton, se met en quête de la vérité. Quel lien unit donc un jeune hors-la-loi du XIXe siècle à un requin politique de l’ère spatiale ? Dick Benton et son équipe feront l’impossible pour le savoir.

    Note 4.0

    Un instant, il tenta d’imaginer ce que représentait une fusillade dans le vieux Far West. Les balles qui sifflent, la fumée des colts, les détonations et les cris. L’odeur âcre du tabac dans les saloons, les danseuses, les parties de cartes qui ne finissent pas toujours bien. Quel effet cela faisait-il de se camper au milieu d’une rue poussiéreuse, le revolver bas sur la hanche, à dévisager son vis-à-vis ? De quel bois fallait-il être constitué pour ne pas en mourir de peur ? Même si la dernière vision ne représentait probablement que celle du cinéma, elle véhiculait dans l’imaginaire populaire plus de signification que toues les autres réunies. Et cet homme là, Billy the Kid, incarnait tout cela et plus encore. Lui aussi avait manié le Colt, chevauché avec et contre la loi, lui aussi avait ri à la face de la mort. Il était le dernier des géants.

     

    Lorsqu’on lui annonce qu’il passera la fin de sa carrière aux archives de la bibliothèque du Congrès, Dick Benton, tout juste congédié par le FBI, comprend que ses supérieurs entendent bien le mettre au placard et ne plus jamais entendre parler de lui. Ils en auront pour leur frais, car dès son arrivée l’ex-agent découvre que des liens un peu louches existent entre le populaire candidat républicain à la présidence et … le célèbre hors-la-loi Billy the Kid ! Une information que beaucoup semblent près à tout pour faire disparaître…

  • Métro Z

    Métro Z

    Titre : Métro Z
    Auteur : Fabien Clavel
    Éditeur : Rageot (collection thriller)
    Date de publication : 2014 (juin)

    Synopsis : Emma est excédée quand son métro reste bloqué à la station Châtelet. Déjà qu’elle doit s’occuper de Natan, son petit frère autiste… Quand une explosion retentit dans le wagon voisin, elle se rue, paniquée, dans les couloirs envahis par une épaisse fumée jaunâtre. Emma réalise que tous les accès sont condamnés et que Natan n’est plus avec elle ! Partant à sa recherche, elle observe le comportement étrange et terrifiant des autres passagers : indolents, marmonnant, les yeux dans le vague…

    Note 3.5

    Si le zombie de ces dernières années incarne l’une des peurs les plus fortes : celle de la contamination et constitue un rappel des grandes maladies du siècle, plus particulièrement du sida, il exprime aussi les craintes en rapport avec les recherches en biotechnologie. Ainsi, le zombie rappelle la mort mais il lui donne aussi la forme de nos inquiétudes contemporaines.

  • La vie tumultueuse des producteurs

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    Titre : La vie tumultueuse des producteurs
    Auteur : Yonnick Flot
    Éditeur : Seguier Editions
    Date de publication : 2014

    Synopsis : Le métier de producteur de cinéma est aussi mythique que méconnu. Entre commerce et création, il suscite fantasmes, malentendus et vocations. Yonnick Flot a approché de près cette étrange et fascinante profession. Il révèle les mystères de quelques grandes figures pittoresques du XXe siècle qui, célèbres ou oubliées, ont eu en commun une passion ô combien déraisonnable et risquée pour le cinéma. Entrez dans les coulisses de cette « société du spectacle », où l’ ’argent et le talent font naître des chefs-d’œ’oeuvre, mais aussi des films sans intérêt. Découvrez des portraits colorés, des images en noir et blanc, des drames, des échecs, des amours flamboyantes et des triomphes éclatants. Et surtout, les films qui ont fait la petite et la grande histoire du 7e art. Hearst, Kennedy, Gallimard, les Noailles, Lebovici, Rassam, Berri, Toscan du Plantier, Balsan, Poiré, Braunberger etc. Quel casting ! Et leur vie, quel scénario !

    Note 3.5

    La conduite humaine, c’est bien connu et admis, est fortement, durablement, influencée par l’enfance.

    Egos surdimensionnés, gestionnaires irresponsables, amoureux des arts, boulimiques de travail, hommes d’affaires intraitables, éternels insatisfaits. Rayé la (les) mention(s) inutile(s).

    « La vie tumultueuse des producteurs » nous plonge avec délice dans un monde qui semble bien loin de nos petites vies. Un siècle avec les grands noms qui ont fait (et peut-être défait aussi par moments) l’histoire du cinéma.
    Le générique est à faire tourner la tête, des vies vécut à cent à l’heure, des destins brisés parfois, il faut avoir le cœur solide, un tempérament des plus forts, un culot certain pour jouer avec le Dieu argent avec une audace incroyable. Truffées d’anecdotes, le récit montre bien que sous les paillettes et les sourires de convenance, il faut un sacré tempérament pour résister aux jalousies, au stress, aux échecs.

    Après la lecture, on sort un peu frustrés forcément d’avoir survoler ces destins souvent incroyables. On aimerait passer plus de temps avec ces producteurs qui nous ont fait rêver. (en tout cas, moi). Le livre fait remonter nos propres souvenirs de ciné phages avec une certaine nostalgie.

    Un livre qui mets dans la lumière des faiseurs de rêves. A découvrir.

  • 1431 : L’homme qui trahit Jeanne d’Arc

    L'homme de l'année 1431

    Titre : 1431 : L’homme qui trahit Jeanne d’Arc
    Série : L’homme de l’année, tome 2
    Scénariste : Eric Corbeyran
    Dessinateur et coloriste : Horne et Froissard
    Éditeur : Delcourt
    Date de publication : 2013

    Synopsis : 1435, quatre ans après la mort de Jeanne d’Arc, les rumeurs les plus folles courent sur les raisons de sa capture par les Anglais à la bataille de Compiègne. La légitimité même de Charles VII commence à être remise en cause. Yolande d’Aragon, belle-mère du roi, décide en secret de mener l’enquête afin de démasquer le traître responsable de la chute de la Pucelle et ainsi assurer la stabilité du royaume.

    Note 1.0

    La diplomatie exige moins de force que d’esprit.

  • La Vieille Anglaise et le Continent et autres récits

    La vieille anglaise et le continent

    Titre : La Vieille Anglaise et le Continent et autres récits
    Auteur : Jeanne A. Debats
    Nouvelles : La vielle Anglaise et le continent ; Aria furiosa ; Saint-Valentin ; Stratégie du réenchantement ; Privilège insupportable ; Gilles au bûcher ; Fugues et fragrance aux temps du Dépotoir ; Nettoyage de printemps
    Éditeur : Folio SF
    Date de publication : 2012
    Récompenses : Grand Prix de l’Imaginaire 2009 (catégorie nouvelle francophone pour l’ensemble du recueil) ; Prix Julia Verlanger 2008, Prix Rosny aîné 2009, Grand prix de la Science-Fiction française (pour « La Vieille Anglaise et le Continent »)

    Synopsis : Certaines propositions ne se refusent pas. Même lorsque vous êtes une très vieille eco-warrior acariâtre et à l’agonie, même si l’offre va à l’encontre de tous les idéaux que vous avez défendus pendant des années : le transfert de votre esprit dans un nouveau corps. Mais ce n’est pas n’importe quel corps qui attend Ann Kelvin, c’est celui d’un grand cachalot, un des derniers de son espèce.

    Note 3.5

    Nous pénétrons ensemble dans les entrailles de Garnier. Mes deux chiens de garde sont mal à l’aise, je les comprends. Le contraste entre la partie publique de l’opéra et les couloirs obscurs réservés au personnel et aux troupes de spectacle est saisissant. D’un côté les ors, les cristaux étincelants et le velours rouge, et de l’autre la nuit, la poussière et les toiles d’araignées. Les sources de lumière, parfois trop violentes, diffusent une atmosphère étrange. On plisse les yeux et tous ceux que l’on croise prennent des allures inquiétantes d’apparitions fugitives entre deux lacs de ténèbres. Les ombres transforment un machiniste pliant sous le fardeau d’un projecteur en un monstre grotesque, une danseuse entrant et sortant de sa loge se fait vaporeuse et fantomatique. Garnier a toujours enflammé l’imagination. Les rats se chuchotent des légendes où le Destin, la Fatalité et la Mort sèment les larmes, les échecs et les drames dans les coursives sombres, croisant de temps en temps le fantôme de l’Opéra. Celui-ci on l’espère en tremblant de terreur. La tradition veut qu’il choisisse parfois une cantatrice et lui donne le talent pour affronter le rôle de sa vie. On ignore le prix à payer pour cette faveur insigne.

  • Etonnants Voyageurs 2014, Conférence #4 : Un monde fantastique

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    A l’occasion du festival des Étonnants Voyageurs de Saint Malo ont eu lieu cette année un certain nombre de conférences consacrées aux littératures de l’imaginaire.S’est ainsi tenu le dimanche 8 juin une table-ronde à la Maison de l’Imaginaire intitulée « Un monde fantastique » et réunissant cinq intervenants : Thomas Day, grand auteur de SFFF récompensé cet année par le Grand Prix de l’Imaginaire pour son recueil de nouvelles « Sept secondes pour devenir un aigle » ; Georges-Olivier Châteaureynaud, romancier et nouvelliste renommé membre de nombreux jurys littéraires ; deux auteurs étrangers, Bernard Quiriny pour la Belgique et Renaud Jean pour le Canada ; enfin Guillaume Sorel, illustrateur, récemment à l’origine d’une adaptation en bande-dessiné du « Horla ». En voici un bref compte-rendu.