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Les faibles et les forts
Titre : Les faibles et les forts
Auteur : Judith Perrignon
Éditeur : Stock
Date de publication : 2013Synopsis : Il a l’air d’un roi, le fleuve. Il est là depuis toujours, rouge à force de creuser l’argile, rivière Rouge, c’est son nom. La nuit, il brille. Le jour, il est plat comme le verre et ne reflète que le ciel, les nuages et les arbres. Il semble ne pas nous voir. Nous sommes une quinzaine, nous venons ici presque chaque jour depuis deux semaines tant la chaleur semble vouloir nous punir, mais il passe, indifférent à nos enfants qui s’élancent, à leurs mères qui disent, Attention au courant, et aux vieilles, comme moi, qui se retranchent à l’ombre sur leurs sièges pliants.
Rien ne trouble le fleuve. Il connaît son sort, il descend l’Amérique et s’en va se noyer dans le Mississippi puis dans la mer. Il est tout petit là-bas dans la mer, mais si grand devant nous. J’ai peur de lui. J’ai l’impression qu’il rit, qu’il rit du pont un peu plus loin qui rouille en ayant cru l’enjamber, qu’il rit de nous aussi, de nos mains et nos pieds incapables de nager, de nos sueurs froides quand passe la police, j’ai l’impression que nous sommes comme les feuilles mortes qui dans quelques mois se détacheront des arbres, poussières dans l’eau.
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L’oeil du purgatoire
Titre : L’œil du purgatoire
Auteur : Jacques Spitz
Éditeur : L’Arbre Vengeur
Date de publication : 24 octobre 2008 (1ère édition en 1945)Synopsis : Vous connaissez le passé, imaginez le futur, redoutez le présent: il vous reste à découvrir le «présent vieilli», ce temps inédit inventé par Jacques Spitz dans un roman phénoménal considéré comme un des classiques du roman d’anticipation français.
Son héros, un peintre raté résolu au suicide, va vivre une expérience hors du commun qui le conduira où nul n’est allé: inoculé par un savant fou, un bacille s’est attaqué à sa vue et lui permet de voir le monde et les êtres tels qu’ils seront dans un futur proche. Mais ce qui n’était qu’une étrange expérience devient une aventure effarante lorsqu’il réalise que le temps se dilate et qu’il «voit» de plus en plus en avant.
Livre haletant sur le cauchemar d’un homme seul au milieu d’un univers en déréliction, L’œil du purgatoire est un roman unique qui réussit à pousser une logique jusqu’à son extrême limite avec une audace et une intelligence qui ont laissé pantois ses admirateurs. Il était impensable de ne pas le proposer de nouveau à ceux qui croient que la littérature, mieux que n’importe quel art, doit nous permettre d’explorer les confins et les mystères de notre imaginaire.Je suis mort, et il n’y a rien de changé dans l’univers : dirai-je que c’est un peu décevant ?
Comme promis, voici comment j’ai abordé les éditions L’Arbre Vengeur, par l’entremise notamment de la chère Verdorie. Et c’est en complet novice de Jacques Spitz comme de son œuvre que j’attaquais ce court roman au titre énigmatique et mystérieux, L’œil du purgatoire.
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Requiem pour Elfe noir
Titre : Requiem pour Elfe noir
Auteur : John Gregan (Fabien Clavel)
Éditeur : Mnémos (Icares)
Date de publication : 2008Synopsis : Dans le Ghetto des Fées, les humains ont disparu et tout le monde perd la mémoire. Quand l’elfe Alfar se réveille un matin dans un hôtel miteux, il découvre que quelque chose ne va pas : le dernier lutin est mort, dans l’indifférence générale. Il se rend sur place, se fait passer à tabac par une bande de Bergtrolls, ne découvre rien de spécial, se pose des questions sur la suite, et décide d’y retourner. Il devient alors enquêteur dans un monde où les enquêtes n’existent pas…
Je ne suis pas là pour être rentable. Nous sommes des inutiles et c’est notre grandeur. Est-ce que tu connais une plus belle réponse à la question : « À quoi tu sers ? » que celle-là : « À rien » ? D’ailleurs, toute autre réponse fait le lit de la tyrannie.
Avouez que ce titre, Requiem pour Elfe noir, sonne doucement à nos oreilles comme un chant liturgique pour sombre créature enchantée ; et c’est bien le cas !
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Stairways to hell
Titre : Stairways to hell
Auteur : Thomas Day
Nouvelles : Extermination Highway ; Dirty Boulevard (ou la transgression selon Maleki Neko) ; Punishment Park
Éditeur : Le Bélial
Date de publication : 2002Synopsis : Ils sont trois, ils se prénomment Thomas. Déchus du Royaume, ils recherchent l’Amour. Le premier est en prison pour un crime raciste qu’il a bel et bien commis. À sa sortie, il fait la connaissance d’une amérindienne qui va lui montrer sa véritable nature. Car cet homme est aussi un loup, qui déambule dans les carcasses automobiles d’Extermination Highway. Le deuxième est médecin urgentiste à Paris. Alors que la crise conjugale guette, il découvre le petit monde interlope des catacombes et de des carrières. Là, il rencontre Maneki Neko, actrice porno et sorcière, grande spécialiste de la transgression. Le dernier est écrivain, du moins c’est ce que croit son entourage. En réalité, il s’agit d’un imposteur hanté par le fantôme de celle à qui il a tout volé, une certaine Eddie qui s’apprête à le guider jusqu’aux escaliers qui descendent vers l’enfer.
Quelles que soient les ruelles que nous arpentons ; les boyaux dans lesquels nous rampons ; les voies ferrées, de fer et de rouille, que nous longeons ; les filles, bandantes ou moches, que nous baisons ; les toits souillés sur lesquels nous aimons déambuler ; notre ennemi reste le même, pour toujours et à jamais. Nous n’avons qu’un ennemi : la réalité. Une ennemie, car s’il est un principe féminin, c’est bien celui-là. Au final – au moment où le livre des révélations s’ouvre à la bonne page – la condition humaine s’avère d’une étonnante simplicité, plus simple qu’un point, un cercle ou une ligne : nous n’avons qu’une ennemie et c’est la réalité.
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Victor Hugo : Aux frontières de l’exil
Titre : Victor Hugo : Aux frontières de l’exil
Scénariste : Esther Gil
Dessinateur : Laurent Paturaud
Éditeur : Daniel Maghen (BD Carnet)
Date de publication : 29 août 2013Synopsis : Septembre 1853. Victor Hugo est en exil sur l’île de Jersey. Passionné de spiritisme, le poète assiste régulièrement à des séances de tables tournantes jusqu’au jour où le fantôme de sa fille, Léopoldine, morte tragiquement noyée lui apparaît. Dès lors, le poète est hanté par des visions nocturnes lui intimant de faire la lumière sur le drame. Accident ou meurtre ? Victor Hugo sort de son exil et se lance dans une enquête qui le mènera jusque dans les mystères du ventre de Paris. Là, au péril de sa vie, il découvrira un univers peuplé d’âmes sombres, qui lui inspireront la formidable épopée humaine des Misérables et quelques-uns de ses combats politiques.
Il se dit des choses devant lesquelles je détourne la tête. Non, ce qui se dit n’est pas. Quoi ! Une voix ne pourrait pas, si c’est la voix d’un exilé, demander grâce dans un coin perdu de l’Europe, pour un homme qui va mourir, sans que M. Bonaparte l’entendit ! Sans que M. Bonaparte intervint ! Quoi ! M. Bonaparte qui a la guillotine de Belley, la guillotine de Draguignan et la guillotine de Montpellier, n’en aurait pas assez, et aurait l’appétit d’une potence à Gernesey ! En même temps qu’il y a un tout-puissant au ciel, il y aurait ce tout puissant sur la terre ! Non !
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L’ange blond
Titre : L’ange blond
Auteur : Laurent Poujois
Éditeur : Mnémos (Icares)
Date de publication : 2010Synopsis : Sujet : LEFÈVRE, Aurore. Âge : 26 ans. Signalement : 1m68, 50 kg, blonde, yeux verts. Nationalité : Européenne (France). Formation : Légion Impériale (six ans de service actif, diplôme de stratégie spatiale, grade de commandant, démissionnaire). Profession actuelle : Éducatrice pour biônes / Maître-orchestreur (nom de scène : der Blonde Engel). Signes particuliers : Indisciplinée +++/ Dangereuse. Mission : Démanteler la conjuration menaçant l’impératrice Caroline Bonaparte. Note : Ne coopérera pas sans y être contrainte…
-Je suis sûr que vous allez pouvoir m’expliquer ça, grinça Constantin. Pour « ça », il entendait certainement la carcasse fumante du hangar 13.
-Quelqu’un à joué avec des allumettes, suggérai-je. -
Gagner la guerre
Titre : Gagner la guerre
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2009
Récompenses : Prix Imaginales 2009 (meilleur roman français)Synopsis : Au bout de dix heures de combat, quand j’ai vu la flotte du Chah flamber d’un bout à l’autre de l’horizon, je me suis dit : « Benvenuto, mon fagot, t’as encore tiré tes os d’un rude merdier. » Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d’écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé. Je me gourais sévère. Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d’orgueil et d’ambition, le coup de grâce infligé à l’ennemi n’est qu’un amuse-gueule. C’est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c’est au sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon.
La guerre doit payer la guerre : sans quoi même le vainqueur en sort navré et à merci de ses ennemis restés hors du pré.
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Arsène Lupin, gentleman cambrioleur
Titre : Arsène Lupin, gentleman cambrioleur
Cycle : Les aventures extraordinaires d’Arsène Lupin, tome 1
Auteur : Maurice Leblanc
Nouvelles : L’Arrestation d’Arsène Lupin ; Arsène Lupin en prison ; L’Évasion d’Arsène Lupin ; Le Mystérieux voyageur ; Le Collier de la reine : Le Coffre-fort de madame Imbert ; Herlock Sholmès arrive trop tard ; La Perle noire ; Le Sept de coeur
Éditeur : Le Livre de Poche (coll. Policier)
Date de publication : 1962 (déjà en 1907 chez Pierre Lafitte)Synopsis : Vif, audacieux, impertinent, rossant sans arrêt le commissaire (qui ici, en l’occurrence, s’appelle l’inspecteur Ganimard), traînant les cœurs après lui et mettant les rieurs de son côté, se moquant des situations acquises, ridiculisant les bourgeois, portant secours aux faibles, Arsène Lupin, gentleman cambrioleur est un Robin des Bois de la « Belle Époque ».
Un Robin des Bois bien français : il ne se prend pas trop au sérieux, ses armes les plus meurtrières sont les traits d’esprit ; ce n’est pas un aristocrate qui vit comme un anarchiste mais un anarchiste qui vit comme un aristocrate. Arsène Lupin, après plus d’un demi-siècle, n’a pas vieilli. Il ne vieillira jamais en dépit de son chapeau haut de forme, de sa cape et de son monocle.Lupin ne reste en prison que le temps qu’il lui plaît, et pas une minute de plus.
Ces nouvelles d’Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, ont largement contribué à populariser ce personnage facétieux qu’est ce voleur au grand cœur. Après le succès de la toute première nouvelle le mettant en scène, Maurice Leblanc publie ensuite ce recueil pour nous conter plusieurs de ses aventures.
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Ayesha : La légende du peuple Turquoise
Titre : Ayesha : La légende du peuple Turquoise
Auteur : Ange (Anne et Gérard Guéro)
Éditeur : Bragelonne
Date de publication : 2005Synopsis : Dans les royaumes orientaux de Tanjor, le Peuple turquoise est en esclavage depuis des millénaires. Mais il chérit une légende qui lui donnera un jour le courage de se révolter : la légende d’Ayesha, la déesse qui commandera aux étoiles et rendra la liberté à ses enfants condamnés. La jeune reine Marikani n’est pas insensible à leur sort, mais elle a d’autres soucis. De retour d’exil, elle espère rallier la cité d’Harabec et reprendre le trône dont on la écartée. Malgré tout son orgueil, elle aura bien besoin de l’aide d’Arekh, un galérien cynique et brutal dont elle a sauvé la vie. Ils n’ont rien en commun. Leur rencontre va pourtant changer le destin de toute une civilisation, bien au-delà de tout ce qu’ils pouvaient imaginer. Ceci est l’histoire d’une femme indomptable, de ceux qui l’ont aimée et de ceux qui l’ont trahie. Ceci est l’histoire d’une révolution.
Qu’importe l’origine du mythe. Ce qui est certain, c’est qu’à l’époque où Salmyre, la cité lointaine, étincelait de ses dernières lumières d’or, que l’émir et la reine d’Harabec se livraient à leurs querelles insignifiantes et séculaires, une révolte sourde et secrète grondait dans le cœur des esclaves du Peuple turquoise. Ils parlaient d’Ayesha. Ils attendaient Ayesha.
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Sept secondes pour devenir un aigle
Titre : Sept secondes pour devenir un aigle
Auteur : Thomas Day
Nouvelles : Mariposa ; Sept secondes pour devenir un aigle ; Éthologie du tigre ; Shikata ga nai ; Tjukurpa ; Lumière noire
Éditeur : Le Bélial
Date de publication : 12 septembre 2013Synopsis : Une île du Pacifique à la fois tombeau de Magellan et unique territoire d’un arbre à papillons endémique… Un homme au visage arraché par un tigre mais qui continue de protéger « la plus belle créature sur Terre », coûte que coûte… Un Sioux oglala sur le chemin du terrorisme écologique… Un trio de jeunes Japonais qui gagne sa vie en pillant la zone d’exclusion totale de Fukushima…Des Aborigènes désœuvrés cherchant dans la réalité virtuelle un songe aussi puissant que le Temps du Rêve de leur mythologie… Une Terre future, post-Singularité, inlassablement survolée par les drones de Dieu… Science-fiction, fantastique et uchronie… Thomas Day explore ici le rapport de lhomme à la nature à travers six plongées dans les marges du monde, de l’Asie à l’Amérique en passant par l’Australie.
Deux scientifiques japonais font une étude statistique des grandes catastrophes de la période 1861-2007. Ils mettent en corrélation le nombre de victimes de ces catastrophes naturelles avec le nombre de naissances recensées durant cette même période. Ça donne un graphique à deux courbes tout simple. La ligne future théorique, où le nombre de victimes deviendra équivalent au nombre de naissances, c’est la Barrière Gaïa. L’équilibre par la catastrophe. Leur étude invite en moi une image anti-scientifique, presque métaphysique : la Terre a choisi de se débarrasser de la vermine qui l’empoisonne ; elle se secoue, ce qui donne des tremblements de terre ; elle se roule dans les ouragans comme un buffle dans la boue pour apaiser les démangeaisons de son écorce endommagée. Elle se venge de nous, car nous comme trop nombreux, trop sales, trop négligents. C’est une idée farfelue qui me plaît bien.