Les morts posséderont la Terre

Titre : Les morts posséderont la Terre
Auteur/Autrice : Margaret Killjoy
Éditeur : Argyll (collection RéciFs)
Date de publication : 2025
Synopsis : Désormais en cavale, Danielle Cain et son équipe d’apprentis chasseurs de démons atterrissent à Pendleton, dans le Montana, après un accident de voiture. La ville, qui a connu des jours meilleurs, leur réserve bien des surprises : une bibliothèque occulte anarchiste, des habitants qui prétendent être revenus d’entre les morts, ou d’autres ayant carrément disparu sans laisser de traces. Voyant là l’occasion idéale de développer leurs compétences magiques, la bande de joyeux punks se met en tête de sauver la ville du nécromancien local, au risque de déclencher, au passage, rien moins que l’apocalypse elle-même !
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X files version anarchiste
Quatrième numéro de la collection « RéciFs » initiée par les éditions Argyll l’an dernier, « Les morts posséderont la Terre » est une novella indépendante mais qui s’inscrit dans la série des aventures de Danielle Cain, héroïne révélée dans « L’agneau égorgera le lion ». Une série signée Margaret Killjoy, autrice anarchiste américaine dont j’avais adoré le premier roman traduit en français et relatant la résistance désespérée de communautés anarchistes contre un ennemi impérialiste prêt à tout dans « Un pays de fantômes ». On retrouve à nouveau ici une bande d’anarchistes traçant leur route dans l’Amérique contemporaine, et notamment une jeune femme, Danielle, qui a découvert il y a peu avec stupéfaction l’existence d’un monde magique séparé du notre par une frontière finalement assez poreuse. Après une première rencontre terrifiante avec une créature surnaturelle ayant causé de graves dommages, la petite troupe a été forcée de prendre la fuite et de faire profil bas afin de ne pas se faire repérer par les forces de l’ordre. Un concours de circonstances va les amener dans une petite bourgade en plein déclin dans laquelle ils tombent sur une bibliothèque tenue par d’autres anarchistes. Là, ils découvrent rapidement que leurs toutes récentes compétences en surnaturel vont être mises à contribution puisque plusieurs habitants de la ville ont semble-t-il été ressuscités par un mystérieux nécromancien. Seulement jouer avec la mort n’est pas anodin, et les conséquences pourraient bien être terribles pour tout le monde.
Des personnages qui sortent du lot
La novella nous offre une nouvelle histoire prenante dont l’originalité réside moins dans le volet surnaturel de l’intrigue (somme toute assez classique) qu’une fois encore dans la volonté de l’autrice de mettre en scène les valeurs et préceptes qui régissent l’anarchisme. Rien à voir toutefois avec un manifeste politique, la résolution du problème posé par ce nécromancien amateur est bel et bien au coeur du récit qui s’inscrit ostensiblement dans la droite lignée des romans d’urban fantasy dont il reprend les principaux codes. Ainsi, c’est essentiellement au niveau du mode de vie adopté par les personnages et de leur manière de gérer le quotidien et les conflits que transparaissent certains principes de l’anarchisme. Les personnages ont par exemple un rapport à la propriété privée très différente de celle qui a cours aujourd’hui, fonctionnent en auto-gestion et règlent tous leurs différents de manière démocratique. Tous sont intéressants, même si on peut regretter que, à l’exception de l’héroïne, les autres membres du groupe bénéficient d’un traitement beaucoup plus sommaire qui ne permet pas de véritablement les cerner. Les liens qu’ils entretiennent les uns avec les autres et l’évolution de leurs relations occupent cela dit une place centrale dans l’intrigue, ce qui permet à l’autrice de créer une dynamique de groupe convaincante qui participe au plaisir que l’on prend à suivre l’enquête.
Dans « Les morts posséderont la Terre », Margaret Killjoy renoue avec l’héroïne de sa précédente novella et nous offre un nouveau récit mené tambour battant dans lequel une bande de joyeux anarchistes entament une carrière de consultants en problèmes paranormaux. Reprenant les principaux codes de l’urban fantasy, saupoudrés de concepts anarchistes, la novella se révèle être de bonne facture et propose de cheminer avec des personnages originaux et attachants.
Autres critiques : ?
