Science-Fiction

La Régulation

Titre : La Régulation
Auteur : Gaëlle Perrin-Guillet
Éditeur : Outre fleuve
Date de publication : 2024 (mai)

Synopsis : 2300, quelque part dans le monde. Une enclave entourée de murs abrite les survivants d’un cataclysme. Coupés de tout, ils vivent en autarcie dans une société gérée par les DIX, de mystérieux dirigeants que personne ne voit en dehors des écrans tapissant les murs de la ville. Dès que la surpopulation menace la cité, les DIX annoncent la Régulation : huit régulateurs reçoivent une liste de quatre noms. Quatre personnes à abattre sans se faire tuer à son tour. Car devenir régulateur, c’est savoir que son nom s’est affiché sur la liste d’un adversaire. Une seule règle : tuer ou être tué. Lorsque le jour de la Régulation arrive, la population sait que la chasse a débuté. Et la peur s’installe.

Tuer ou être tué

« Il n’en restera qu’un » ! Cette formulation désormais éculée (car abondamment utilisée dans beaucoup de dystopies écrites ces dernières années) est justement celle choisie par l’éditeur pour résumer le nouveau roman de Gaëlle Perrin-Guillet. L’action se déroule aux alentours de 2300 dans une enclave totalement coupée du reste du monde, et pour cause, puisque le monde en question est censé avoir entièrement disparu suite aux dégâts irréversibles causés par le réchauffement climatique. Dans cette enclave vivent donc les derniers représentants de l’espèce humaine, des hommes et des femmes qui, chaque jour, effectuent le travail qu’on leur a assigné et respectent scrupuleusement les consignes fournies par les Dix, les fondateurs de l’enclave. Dix personnalités qui constituent donc une forme d’élite, mais que personne n’a jamais rencontré autrement que par le biais de son petit écran, ce qui n’empêche pas les habitants de leur obéir au doigt et à l’œil. Une obéissance qui peut d’ailleurs aller assez loin, notamment lors de la Régulation, événement majeur mais épisodique qui donne justement son titre au roman. Le principe est relativement simple : lorsque la population de l’enclave devient trop importante, une Régulation est organisée afin de la ramener à un niveau acceptable fixé par les Dix. Plusieurs personnes appelées « régulateurs » reçoivent alors sur leur portable un message avec une liste de noms d’individus à éliminer, avec la certitude d’être soi-même sur la liste de quelqu’un d’autre. L’objectif est donc de tuer tout le monde, et d’être le dernier des régulateurs en course. Tout le monde est parfaitement familier de la procédure, aussi lorsque les premiers messages sont envoyés, la panique cède vite la place à la stratégie pour tenter de survivre le plus longtemps possible.

Une lecture pénible

Pourquoi imaginer un processus aussi tordu ? Pour quelles raisons choisir d’éliminer des personnes productives au lieu de se contenter d’éliminer des individus à l’article de la mort ? Comment se fait-il que la population ne moufte pas (y compris lorsqu’on leur demande de tuer un membre de leur famille) alors que les moyens de coercition déployés sont relativement limités ? Voilà quelques unes des questions qu’on peut se poser une fois le contexte du roman exposé, et malheureusement les réponses de l’autrice ne sont pas du tout à la hauteur. Vous l’aurez compris, mon enthousiasme pour l’ouvrage est plus que limité. La faute d’abord à l’incohérence du scénario qui rend difficile de se projeter dans ce décor qui sonne désagréablement faux. Le roman est en effet bourré d’incohérences et on voit arriver la plupart des rebondissements à des kilomètres. Les personnages sont caractérisés en deux trois lignes et, si leur profil est loin d’être inintéressant, leurs réactions sont souvent en décalage avec la gravité de ce qui leur arrive. Pas un ne remet par exemple en question le fait qu’il va leur falloir tuer quelqu’un, y compris quand la personne en question est un proche. Les remords comme le deuil ou la prise de recul ne durent jamais bien longtemps, les personnages étant sans arrêt entraînés dans un tourbillon d’action, si bien qu’on ne peut s’attacher à aucun d’entre eux. Les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres sont tout aussi factices que leurs émotions, et le rapprochement entre certains d’entre eux est tellement cliché qu’on est parfois tenté de se demander si on n’aurait pas plutôt affaire ici à une parodie. Les heureux hasards, eux, ne cessent de s’enchaîner, ce qui nuit un peu plus à une intrigue déjà franchement bancale. Toutes et tous ont ainsi été entraîné.es à se défendre ou à tuer, et je ne parle pas des révélations concernant l’existence d’un groupe d’opposants aux Dix qui frôlent le ridicule tant les ficelles sont grosses. Quant à l’explication finale, on la voit venir dès le départ, et celle-ci reprend là encore les pires clichés qu’on a l’habitude d’associer à la SF.

Avec « La Régulation », Gaëlle Perrin-Guillet met en scène une société dystopique dans laquelle des hommes et des femmes désigné.es au hasard se changent en tueurs et tueuses lorsqu’il devient nécessaire de réguler la population de l’enclave dans laquelle ils vivent. Un concept simpliste qui peine malheureusement à convaincre tant il est bourré d’incohérences et fait appel à de nombreux clichés rendant l’intrigue prévisible.

Autres critiques :  ?

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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