Fantasy

Interview d'Adrien Tomas (rentrée 2016)

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A l’occasion de la sortie de son nouveau roman, « Le Royaume rêvé », Adrien Tomas a eu la gentillesse de nous accorder une petite interview dans laquelle il revient, entre autre, sur l’univers du Sixième royaume, son parcours d’écrivain ainsi que sur ses projets.

 
 

Le Bibliocosme : À quel moment vous êtes-vous mis à écrire ? D’où vous est venue cette envie ?

Adrien Tomas : Plus que l’écriture, c’est la narration qui est au cœur de mes envies. J’ai toujours eu l’impulsion de raconter des histoires, d’imaginer des personnages, des situations, des résolutions de problèmes ou des aventures. J’ai commencé à inventer des histoires pour jouer avec ma petite sœur, à raconter les aventures de nos peluches ou de nos playmobils, comme tous les enfants j’imagine… Mais dans mon cas, ça ne s’est jamais arrêté.

Dans mes jeunes années je me suis essayé au conte oral, au dessin, au scénario, mais c’est finalement l’écriture qui a retenu mon attention, sans doute parce que je trouve un peu magique que des signes balancés sur une page soient capable de susciter dragons et magiciens dans l’esprit de quiconque les déchiffre. J’ai écrit mon premier roman de fantasy à 14 ans (un truc abominable qui empilait les clichés et qui restera pour toujours dans le grenier de ma mère), et depuis je n’ai cessé d’écrire, jusqu’à arriver à un roman que j’ai jugé publiable (et coup de pot, un éditeur a pensé la même chose !)
 

Le Bibliocosme : Vos quatre romans ont été publiés par Mnémos : comment s’est construit le choix de cette maison d’édition en particulier ?

Adrien Tomas : Honnêtement, c’est un choix qui n’est pas à sens unique : pour publier, il faut choisir et être choisi. Mnémos est la seule maison d’éditions à m’avoir contacté suite à l’envoi de mon premier manuscrit. J’avais choisi de le leur envoyer parce qu’ils correspondaient à ma vision de la diffusion de la fantasy en France, et parce qu’ils donnaient leur chance aux auteurs débutants. Ils m’en ont offert une, je l’ai saisie, et la Geste est sortie. Et comme j’aimais bien travailler avec eux et que jusqu’à présent je n’ai pas vu l’intérêt de changer de maison, j’ai continué à leur proposer mes histoires, et ils ont continué à les publier.

La geste du sixième royaume

 

Le Bibliocosme : Y a-t-il des auteurs que vous appréciez particulièrement et qui vous influencent lorsque vous écrivez ?

Adrien Tomas : Franchement, de moins en moins. J’admire beaucoup certains auteurs et au début, j’ai essayé de m’inspirer de leur technique pour des éléments-clés pour lesquels je pense qu’ils sont particulièrement bons : David Gemmel pour les scènes d’action épiques, David Eddings pour les dialogues incisifs drôles ou dramatiques, Orson Scott Card pour l’introspection léchée des personnages… Je pense qu’on peut retrouver des références, volontaires ou non, à ces trois auteurs dans la Geste du Sixième Royaume. Mais plus j’ai pris de « bouteille » en écriture, plus j’ai tenté de m’éloigner de ces modèles, de tenter de voler de mes propres ailes et d’adopter mes propres schémas d’écriture, d’essayer autant que possible de faire « du Tomas » plutôt que du Tolkien, du Gemmel ou autre… C’est l’une des raisons pour lesquelles je lis (malheureusement) de moins en moins : une partie de moi craint de se rapprocher, voire d’adopter par mimétisme réflexe une technique ou un style que j’aurais particulièrement apprécié.

 

Le Bibliocosme : Votre dernier roman en date, « Le royaume rêvé », se déroule à nouveau dans l’univers du sixième royaume mais à une autre époque : pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette chronologie ?

Adrien Tomas : Le Royaume Rêvé aborde les tous premiers temps de la fondation du royaume nordique d’Evondia, sous l’égide de la jeune princesse Ithaen. Les humains se sont libérés moins d’un siècle plus tôt de l’esclavage qui leur avait été imposé jusque-là par les Elfes, et ont vaincu leurs anciens maîtres, désormais terrés dans la Grande Forêt. Le découpage de l’ancien Empire des Fées a vu naître plusieurs royaumes et domaines, dont les Marches de Gel, où s’affrontent quatre clans majeurs, y compris celui d’Ithaen.

Mille ans plus tard, au cours des événements contés dans la Geste du Sixième Royaume, la princesse Eaylia, sera reconnue comme étant du sang d’Ithaen par les restes rouillés d’Aevar, le mystérieux ange de fer dont les origines sont également racontées dans ce nouveau roman…

Le royaume rêve - Le chant des épines
 

Le Bibliocosme : Avec « Notre-Dame des loups » vous vous êtes essayés au western : pourquoi le choix de ce décor ?

Adrien Tomas : Bonne question ! Je n’ai jamais été très branché western, pour tout dire, mais je connaissais un peu les codes de ce type de narration, et j’ai eu l’idée un peu étrange de créer des cowboys qui chasseraient des loups garous. Cela faisait sens, après tout : dans l’imaginaire collectif, les lycanthropes peuvent être tués par des balles en argent, et les cowboys sont des tireurs légendaires : pourquoi ne pas rassembler les deux ?

Le décor enneigé s’est ensuite imposé du lui-même : pour raconter l’histoire telle que je la voulais, il me fallait un paysage dépouillé, froid et vide, où mes personnages ne pourraient que se retrouver seuls avec eux-mêmes, et où j’aurais toute liberté pour faire monter l’angoisse…
 

Le Bibliocosme : Dans chacun de vos ouvrages vous mettez en scène un nombre important de personnages et optez pour un changement fréquent de point de vue : comment procédez-vous pour construire votre roman et imbriquer tous ces fragments de récit les uns par rapport aux autres ?

Adrien Tomas : Assez étrangement, je ne trace jamais de plan pour mes romans, je les écris au fur et à mesure avec seulement une vague idée de la direction que je souhaite prendre. J’écris chaque chapitre comme une mini-nouvelle, une scène unique que je présente au lecteur et dans laquelle je dissémine des informations que je juge importantes tout en faisant avancer l’histoire.

Ceci dit, il m’arrive régulièrement de changer l’ordre de ces chapitres, ou d’en intercaler de nouveaux parmi ceux déjà écrits, pour des raisons logiques ou pratiques (« je n’ai pas assez insisté sur tel élément et ça va sembler tiré du chapeau quand je le réutiliserai », « tel personnage est resté de côté trop longtemps et ça va faire bizarre quand on le retrouvera soudain », « cela fait un peu trop longtemps que ça s’est pas bastonné, le lecteur va s’endormir, vite une bataille bien sanglante ! », etc.)

Notre-Dame des Loups
 

Le Bibliocosme : Vous avez été sollicité à plusieurs reprises pour figurer au sommaire des anthologies parues dans le cadre des festivals Trolls et Légende et des Imaginales : comment se passe pour vous l’écriture d’un texte de commande ?

Adrien Tomas :Pour moi, la nouvelle sur commande est l’équivalent d’un sujet d’invention, comme j’ai eu à en écrire des dizaines au collège et au lycée. Comme j’ai gardé un fonctionnement assez scolaire de ce point de vue, j’ai rarement du mal à considérer un sujet imposé dans un temps limité comme une contrainte : au contraire, je vois ça comme une sorte de défi à relever. Bon, ce n’est pas toujours facile de trouver une idée, mais jusqu’à présent je pense ne pas m’en être trop mal tiré…

 

Le Bibliocosme : Dans ces nouvelles vous avez à plusieurs reprises mis en scène le personnage de Tia Morcese, une enquêtrice dans un Paris peuplé de créatures surnaturelles : est-ce un univers et une héroïne que vous prévoyez à l’avenir de développer (peut-être par le biais d’un format plus long) ?

Adrien Tomas : C’est une piste que j’aimerais explorer, oui. A l’origine, Tia Morcese était censée n’être qu’une blague, une gentille moquerie vis-à-vis de la Bit-Lit. C’était l’occasion de créer une héroïne certes belle et badass mais aussi dotée d’un caractère effroyable et jurant comme un charretier ; de tourner en ridicule la guerre entre vampires et loups garous ; de me moquer des romances surnaturelles en faisant d’un troll l’intérêt romantique principal de Tia ; de créer des fées dealeuses et des trolls gérants de boîtes de nuit…

Mais finalement la blague est devenue un peu plus sérieuse que prévu : je me suis attaché à mon héroïne, à l’univers du Voile, et j’ai commencé à imaginer d’autres aventures pour mon enquêtrice… Pour le moment, je n’ai absolument pas le temps de me pencher dessus, mais à l’avenir, je pense que j’aimerais bien écrire un peu sur elle, dans un roman pourquoi pas ?

Trolls et légendes
 

Le Bibliocosme : Êtes-vous vous-même un lecteur régulier de science-fiction, fantasy ou fantastique ? Si oui, avez-vous un ou des coups de cœur particuliers à nous faire partager en ce moment ?

Adrien Tomas : J’ai été un gros dévoreur de SFFF avant d’écrire en ligue « pro », mais comme je l’ai dit plus haut, je suis désormais un peu plus évitant vis-à-vis de la lecture… Et puis je manque pas mal de temps, malheureusement. Mais ça ne m’empêche pas de lire par-ci par-là quelques livres tout de même, et de découvrir la littérature locale franco-belge ! J’ai par exemple récemment adoré Métamorphoses de Samantha Bailly, Vagabonds des airs de Camille Brissot ou le diptyque Aeternia de Gabriel Katz, et je dois encore me procurer les deux derniers tomes du Noir est ma couleur d’Olivier Gay, une série fantastique jeunesse qui dépote ! Je dois également me pencher sur les productions de certains collègues qui m’intriguent, comme le Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti, et terminer le Manesh de Stefan Platteau …

 

Le Bibliocosme : Pouvez-vous nous parler de vos projets en cours ?

Adrien Tomas : Priorité au Royaume Rêvé ! Je suis en train d’écrire le tome 2 du Chant des Epines, et j’enchaînerai très probablement directement par le tome 3. J’ai ensuite d’autres projets que j’ai hâte de sortir de mes tiroirs : un roman de Tia Morcese, un diptyque de steampunk, un feuilleton de fantasy sur des Nains, une histoire de vampires, et un autre roman dans le même univers fantastique que Notre-Dame des Loups… On verra lequel de ces projets me tentera le plus quand j’aurai mis le point final à ma trilogie… Les paris sont ouverts !

Bonnes lectures à tous !

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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