Bruxelles… capitale de l’imaginaire
Après le 11 septembre 2001, Madrid, Londres, Tunis, Paris… Bruxelles. La liste de villes martyres ne cesse de s’allonger. Depuis le 22 mars 2016, c’est le monde de l’imaginaire qui est touché à l’heure où saigne sa capitale. Les plus initiés ergoteront sans doute ce principe. Ils auront raison d’évoquer le Paris des Merveilles de Pierre Pevel, où la Grande-Bretagne comme mère patrie de la fantasy… et pourtant, ils se trompent.
Avez-vous déjà eu l’occasion de visiter Bruxelles, d’aller admirer la Grande place, d’en rester pantois au point de savourer une petite mousse, avant de passer aux moules frites dans une ambiance d’un autre temps et d’un autre monde ? Avez-vous déjà arpenté les quartiers sympathiques, tels que le Sablon, les galeries de Saint-Hubert, le quartier royal ? A cette longue liste, volontairement réduite, il faut encore rajouter, le Palais de Justice, l’Hôtel des Monnaies, tant et plus de musées, de places, de jardins et tant d’autres joyaux…
Tintin, Francis Blake, Victor Sackville, Lady S., Ric Hochet, Spirou et Fantasio figurent en bonne place parmi une liste d’hôtes de passage qui ont laissé leur marque. Bien d’autres sont encore passés : Rémi Georges, Morris, Franquin, Peyo, Roba, Jean Van Hamme, les de Groot père et fils, William Wance, Philippe Francq, Edgard P. Jacobs,… Marcher sur leurs traces, dans une capitale qui reste à taille humaine : ça n’a pas de prix.
Découvrir Bruxelles et mettre deux pieds, deux yeux et tout le reste dans un autre monde. L’actualité a beau répandre de la tension, de la peur, tout cela ne prend pas. Les rappels sont hélas pourtant nombreux : militaires en binôme, camions de transport de troupes déployés çà et là, voitures de police parcourant la ville à sirènes hurlantes. Fort heureusement, il y a les Bruxelloises et Bruxellois à l’accueil aussi chaleureux qu’aux sourires contagieux. Les spécialités locales y sont pour quelque chose aussi. Et il y a la ville…
Tant de rues offrent, pour les plus motivés, un véritable parcours pour découvrir tant de façades uniques au monde, sans oublier les petites surprises que l’on rencontre au passage. Ainsi un chien en pleine pose (humour belge oblige !), ou un Gaston plus que grandeur nature. La rue des sables propose un temple dédié à l’imaginaire. Certes la fantasy ne tient qu’une place assez restreinte mais le sanctuaire aura de quoi séduire les plus rétifs. Dès l’entrée le Centre belge de la bande dessinée nous embarque vers un autre monde. Un schtroumpf dans un coin, Lucky Luke et Jolly Jumper faisant face à Boule et Bill. Tous encadrent une entrée… unique. L’on se croirait presque à Moulinsart, la marche rebelle en moins et le buste de Tintin face à la fusée rouge et blanche en plus… Pour ce que recèlent les étages, il faudra les visiter alors que déjà la boutique-bouquinerie joue à la tentatrice.
Les menaces sont hélas nombreuses. Combien de façades déjà taguées, de boutiques, de galeries fermées, victimes du monde bien réel de l’économie et du commerce. Et maintenant les autres frustrés de la vie, ceux-là même dont nous parlons déjà trop. Mais ces réalités sont si vite oubliées. Il vous suffira ainsi de passer par les galeries de la Madeleine, occupée par des bouquinistes. Si vous n’y avez pas trouvé votre bonheur, n’hésitez pas à passer par le boulevard Maurice Lemonnier et la rue du Midi. Une telle concentration de bouquineries, de livres, de bandes dessinées, de DVD, de vinyles et de boutiques au mètre carré ne pourra que vous séduire. Et encore c’est sans oublier les vitrines puis le passage obligé dans les boutiques dédiées à l’imaginaire. Soyez rassurés, Thorgal n’est pas loin…
C’est donc les bras bien chargés et l’esprit bien aéré que l’on retourne dans un autre monde, le vrai celui-là, que l’on rejoindra par le biais de la gare du Midi. N’hésitez pas à mettre la main sur Bruxelles dans la BD, la BD dans Bruxelles : itinéraire découverte de Thibaut Vandorselaer pour vous en convaincre. Les bibliophiles ayant sans doute déjà repéré le Bruxelles BD de Philippe Decloux…
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manh14
le lien affectif qui nous lie à la Belgique, nous autres français, est très fort et indéfectible. Pour les gens de ma génération il remonte à l’enfance, oh temps heureux, à la rencontre de copains belges avec lesquels j’ai eu le bonheur de jouer. Plus tard des rencontres d’adultes. Vive Bruxelles et bon courage, les amis…
belette2911
Ah, Bruxelles, ma belle… je connais les bouquinistes, je les fréquente souvent. Quant au Palais de Justice, il fait tache dans le paysage avec ses échafaudages à demeure, sans compter que son concepteur, Poelaert, était surnommé le « Schieven architekt » (littéralement « architecte de travers »).
« En rendant ainsi hommage à la vision instinctive, plutôt qu’intellectuelle, de
Joseph Poelaert, Victor Horta ajoutait une pierre à la légende de l’architecte
génial dont le concepteur du palais de justice a su entretenir le mythe tout au
long de sa carrière, comme pour masquer ses carences professionnelles rédhibi-
toires : plans imprécis, devis inexistants ou dépassés, absence de prise en
compte ou ignorance des contraintes de la construction au seul profit de la
beauté des formes, incapacité manifeste de terminer une œuvre. Mais, quand on
prétend au génie, ne peut-on tout se permettre ? »
http://www.badeaux.be/Publications/Pub-Documentation/Pub12-2/04-Poelaert.pdf
davalian
Ce qui est frappant avec les Belges, c’est leur sens de l’accueil. Très rapidement, l’on se fait accepter. Il suffit de passer à deux-trois reprises dans un même endroit pour être considéré comme un habitué. Et la population est très accessible, même avec les touristes. C’est rare et tout à fait méritoire !
En tous cas le contraste est assez frappant entre le majesté de certains bâtiments, tels que le Palais royal et le Palais de Justice, pour une capitale qui reste à taille humaine.
L’hôtel des monnaies est lui aussi touché… par la présence de tentes sur son parvis… les associations semblent privilégier cet endroit ce qui est dommageable à la perspective, hélas.