Fantasy

La dernière flèche

La dernière flèche

Titre : La dernière flèche
Auteur : Jérôme Noirez
Éditeur : Mango / J’ai lu
Date de publication : 2010 / 2012

Synopsis : Angleterre, avril 1212. Diane de Loxley est une adolescente belle et farouche, au caractère trempé comme l’acier. Ses mots touchent leur cible aussi sûrement qu’une flèche. Rien d’étonnant quand on est la fille de Robin des Bois. Mais il est difficile d’être l’héritière d’une légende, d’un homme meurtri par la mort de son épouse, la célèbre Marianne. Diane veut de l’action, Londres va la lui fournir. La cité tentaculaire, pleine de bruits et de fureurs, est contrôlée par de ténébreux démons. Afin de les combattre, la fille de Robin devra s’associer avec le séduisant et mystérieux prince des mendiants, et rassembler les anciens compagnons de Sherwood. Sans compter un allié inattendu, l’ennemi intime de son père, le terrible shérif de Nottingham…

Note 3.0

J’ai noté d’autres signes. De la mousse entre les pavés, des fougères au pied des murs, du lierre accroché à des façades. Les fêtes de mai sont pourtant achevées. Les guirlandes de feuilles ou de fleurs ont été retirées. Les jack-in-the-green ont jeté leur costume, les arbustes autour desquels les gens dansaient ont été débités pour faire du petit bois. Quand je suis arrivé à Londres, il n’y avait pas tant de verdure. La cité change de couleur. Suis-je le seul à m’en apercevoir ?

 

S’il y a bien un héros populaire du Moyen-Age sur lequel on ne se lasse pas d’écrire, c’est bien Robin des bois. Difficile toutefois de trouver un angle d’approche un peu plus novateur que ce qu’on a l’habitude de trouver aujourd’hui dans les romans consacrés au personnage. Jérôme Noirez, lui, a trouvé la combine : au lieu de proposer une énième version de l’histoire de Robin avec tous les rebondissements qu’on connaît (son combat contre le shérif de Nottingham, sa romance avec la belle Marianne…), il choisit non seulement de situer l’action plus de quinze ans après les faits mais surtout de changer de protagoniste. Cette fois c’est donc la fille du héros, Diane de Loxley, qui occupe le devant de la scène. Une jeune fille peu impressionnée par les exploits passés de son paternel et, comme c’est souvent le cas avec les adolescents, blasée d’un rien. Alors quoi de mieux pour la sortir de sa léthargie que de l’éloigner un peu de la monotonie de Sherwood et de lui faire découvrir la grouillante ville de Londres ? Le roman de Jérôme Noirez nous entraîne dans les dédales de la capitale anglaise du XIIIe siècle dont il nous propose une reconstitution assez convaincante. L’auteur se plaît notamment à explorer les bas-fonds de la ville ce qui apporte au roman une touche de noirceur bienvenue qui vient légèrement contrebalancer l’aspect « jeunesse » du récit.

Le plus grand intérêt de l’ouvrage réside cela dit dans les nombreuses évocations à l’histoire et au folklore de la capitale londonienne dont on découvre certaines des fêtes et superstitions. Les scènes dans lesquelles Diane se retrouve confrontée aux créatures directement liées à ces légendes locales sont d’ailleurs les plus intéressantes du roman, le reste de l’intrigue se révélant moins passionnant. Bien que les événements se déroulent une quinzaine d’années après les aventures de Robin, on retrouve évidement des références à celles-ci ainsi qu’à ses protagonistes qu’il est agréable de voir évoluer dans un contexte différent. L’autre atout du roman tient d’ailleurs au contraste entre les décors dans lesquels se déroulent les aventures du père et de la fille : d’un côté la verdoyante et sauvage forêt de Sherwood dont l’ombre plane toujours sur Robin ; de l’autre cette ville tentaculaire et surpeuplée où la végétation n’a pas vraiment sa place et où se sont les corbeaux qui règnent en maître. L’héroïne est pour sa part intéressante même si le fait qu’elle soit en pleine crise d’adolescence n’en fait pas un personnage particulièrement subtil ou attachant. L’auteur a malgré tout pris la peine de nous offrir une belle galerie de personnages secondaires dont le plus surprenant est sans aucun doute l’ancien shérif de Nottingham, finalement moins antipathique qu’on pouvait s’y attendre.

 

Avec « La dernière flèche » Jérôme Noirez se réapproprie la légende de Robin des bois en transposant le voleur et sa bande dans la Londres du XIIIe siècle dont il met en avant l’histoire et le folklore. Un roman divertissant qui possède suffisamment d’atouts pour plaire à un lectorat d’adolescents et, dans une moindre mesure, d’adultes.

Critique réalisée dans le cadre du Challenge Francofou 3 et du Challenge ABC Littératures de l’Imaginaire 2016

Double Challenge

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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