Niki de Saint Phalle : Le jardin des secrets
Titre : Niki de Saint Phale : Le jardin des secrets
Scénariste / Dessinateur : Dominique Osuch et Sandrine Martin
Éditeur : Casterman
Date de publication : 2015
Synopsis : Niki de Saint Phalle savait que l’Art peut sauver le monde, parce que l’Art l’a sauvé. De la folie. De la violence. D’elle-même.
Je tire sur mon père, mon frère, les hommes, ma mère, l’église, l’école, les conventions… ! Je tire sur moi ! J’ai abandonné mes enfants ! Je suis devenue le monstre qui me poursuivait depuis si longtemps. Il faut à présent, et jusqu’à ma mort, que je prouve au monde entier que cela en valait la peine. Il faut que je créé une œuvre puissante et immortelle…
Mannequin, peintre, metteur en scène, sculptrice… : Niki de Saint Phalle aura endossé bien des casquettes tout au long de sa carrière d’artiste au terme de laquelle elle laisse à la postérité un nombre impressionnant d’œuvres de toute sorte. Des œuvres qui, à défaut de forcément séduire, ne manquent en tout cas pas d’interpeller, de même que la personnalité de la créatrice. Dominique Osuch et Sandrine Martin reviennent par le biais de ce roman graphique sur l’ensemble du parcours de Niki de Saint Phalle que l’on découvre ici aussi bien dans la sphère privée que professionnelle. Un projet ambitieux pour un résultat de très bonne facture, tant sur le plan graphique que scénaristique. Plutôt épais, l’ouvrage se divise en fonction des arcanes majeures du tarot, jeu pour lequel l’artiste a toujours porté beaucoup d’intérêt, au point de s’en inspirer pour l’aménagement d’un jardin (le fameux Jardin des tarots en Toscane). Les auteurs reviennent chapitre après chapitre sur les événements marquants de la vie de l’artiste, à commencer évidemment par ceux qui l’ont inspirés pour ses œuvres. On découvre par exemple que le viol par son père dont elle fut victime à l’âge de onze ans manquera durablement son parcours artistique et lui inspirera quantité d’œuvres expiatoires comme des films ou encore ses célèbres séances de « Tirs » sur toile.
L’ouvrage revient également sur la vie sentimentale de Niki de Saint Phalle ainsi que sur ses rapports avec les différents membres de sa famille. On découvre également que la créatrice a souffert toute sa vie de nombreux problèmes médicaux, d’un dérèglement de la glande thyroïde en passant par de l’arthrite, une dépression, des insuffisances respiratoires… Les auteurs nous fournissent aussi un aperçu très complet de la carrière professionnelle de Niki de Saint Phalle et de la plupart de ses œuvres majeures à la réalisation desquelles on a droit à quelques aperçus (les Nanas, le Golem de Jéruslamem, le Jardin des tarots…). Le mannequinat, la peinture en autodidacte, la sculpture, le cinéma, le théâtre… : rien n’arrête l’artiste qui trouvera également le temps de s’impliquer dans la défense de nombreuses causes comme la prévention contre le sida ou encore la préservation des œuvres de son deuxième mari, Jean Tinguely. Rien à redire, donc, en ce qui concerne le scénario qui permet d’en apprendre un maximum sur ce personnage emblématique du milieu artistique du début du XXe. Les graphismes ceux eux aussi très réussis, tous en noir et blanc mais parsemés à de nombreuses reprises de touches de couleurs vives rappelant le style de la plupart des œuvres de Niki de Saint Phalle.
Un ouvrage très complet et visuellement attrayant revenant sur l’ensemble de la carrière de Niki de Saint-Phalle et brossant un portrait tout en nuance de l’artiste. Si vous êtes éventuellement intéressés par d’autres portraits de femmes sous la forme de romans graphiques biographiques, je ne peux que vous recommander chez le même éditeur « Olympe de Gouges » et « Kiki de Montparnasse » signés par Catel et Bocquet.