Le châtiment des flèches
Titre : Le châtiment des flèches
Auteur : Fabien Clavel
Éditeur : Pygmalion / J’ai lu
Date de publication : 2010 / 2012
Synopsis : En l’an mil, la Hongrie est le théâtre d’une lutte historique qui oppose les anciennes tribus féodales au roi István. Celui-ci entend, avec l’appui du Vatican, unir son pays sous une seule et même bannière, et convertir ses sujets à la nouvelle religion. Mais la puszta, la lande qui couvre la quasi-totalité du territoire, appartient aux esprits des croyances ancestrales et aux chamanes dont les pouvoirs semblent infinis… Intrigues politiques de grande envergure, batailles épiques à couper le souffle, magie, héroïsme… Le Châtiment des flèches réinvente l’histoire de l’Europe centrale au prisme de la fantasy.
Écoute-toi. Tu reprends les paroles d’un mort et celles d’un enfant. Ta bouche prononce les mots mais ton cœur ne les ressent pas. Nous n’avons pas besoin des empereurs ni des rois! Nous sommes les Magyars! Nos cavaliers opéraient depuis le califat de Cordoue jusqu’à la péninsule danoise! Mais l’or nous a affaiblis. Nous étouffons sous les soieries et la vaisselle précieuse! Nous nous sommes amollis. Nous avons oublié le goût de la poussière et l’amertume de la sueur. Toi, tu t’en souviens encore. Tu connais la sensation d’une monture entre tes cuisses, le rythme lancinant des chevauchées, l’ivresse de la conquête.
Avec « Le châtiment des flèches », Fabien Clavel nous entraîne sur les traces d’István (plus connu sous le nom d’Étienne Ier), roi hongrois du XIe siècle qui parvint à fédérer la majorité du peuple Magyar sous sa bannière et entreprit de convertir l’ensemble de son royaume au christianisme. Le dépaysement est total et on est rapidement séduit par ces vastes étendues sauvages et désertiques où règne encore la magie des chamanes et où le paganisme lutte tant bien que mal contre l’essor des chrétiens dans le royaume. Le procédé narratif utilisé par l’auteur consistant en une alternance de points de vue différents permet de plus une rapide immersion dans le récit qui ne connaît quasiment pas de temps mort. On suit ainsi tour à tour István, ce grand roi fédérateur extrêmement populaire aujourd’hui encore en Hongrie ; Fracas, un guerrier sans-tribu et à la personnalité très complexe dont les allégeances vont être amenées à évoluer au fil du roman ; et Koppány, ambitieux cousin d’István extrêmement attaché aux vieilles traditions des Magyars qu’il entend bien préserver coûte que coûte.
L’intrigue est, comme dans tous les romans de Fabien Clavel, extrêmement bien construite et maîtrisée de bout en bout. Les quelques touches de fantasy qui parsèment le récit sont quant à elles toujours utilisées à bon escient et apportent un charme supplémentaire à cet ouvrage qui séduit avant tout par l’originalité de son cadre historique pour la reconstitution duquel l’auteur a évidemment du effectuer quantité de recherches. Cela se ressent d’ailleurs dans l’ambiance et la cohérence du roman qui se fait vite très immersif et qui a le mérite de mettre en lumière un pan souvent méconnu de l’histoire de la Hongrie médiévale. En ce qui concerne les personnages, ce sont les femmes qui tirent leur épingle du jeu, et ce malgré le fait que ces dames soient un peu plus en retrait par rapport à leurs homologues masculins. J’ai personnellement été particulièrement sensible au personnage de Duna, mystérieuse et inflexible chamane bien décidée à ne pas laisser s’éteindre les anciennes croyances de son peuple.
Fabien Clavel signe avec « Le châtiment des flèches » un très bon roman qui nous fait découvrir une période cruciale de l’histoire hongroise en l’agrémentant de quelques touches de fantasy savamment distillées. A ceux qui auraient apprécié l’ouvrage, sachez que l’auteur compte parmi sa bibliographie bien d’autres romans mêlant histoire et fantasy parmi lesquelles on peut, entre-autre, citer « Furor » ou encore plus récemment « Feuillets de cuivre ».
Critique réalisée dans le cadre du Challenge Francofou 3
Autres critiques : Fred K (Un K à part) ; Yossarian (Sous les galets, la plage)
Aucun commentaire
belette2911
Mais c’est qu’elle me tente, là !! faut arrêter de me lancer des nonosses, ma PAL n’en peut plus 😀
Baroona
J’aime les cadres originaux, et celui-ci a l’air particulièrement inhabituel. J’en prends bonne note !