Le Sabre de sang, tome 1 : Histoire de Tiric Sherna
Titre : Histoire de Tiric Sherna
Cycle : Le Sabre de sang, tome 1
Auteur : Thomas Geha
Éditeur : Critic, puis Folio SF
Date de publication : octobre 2009, puis janvier 2014
Synopsis : Mon nom est Tiric Sherna. J’ai survécu à la guerre. Mais la défaite que vient de subir mon peuple, les Shaos, me laisse un sale goût dans la bouche, comme une envie de vengeance. Les Qivhviens – des humanoïdes reptiliens – nous ont massacrés ou, pire encore, réduits en esclavage. Une caravane nous convoie vers Ferza, la capitale de l’empire qivhvien. Dans ce nid de vipères, les plus forts d’entre nous seront destinés aux arènes. Autant dire que je suis voué à une mort certaine… Mais je suis un Shao ! Et un jour viendra, je le jure, où nous nous relèverons et vaincrons l’ennemi. Oui, un jour, j’aurai ma revanche !
Ne tombe sous le charme des Qivhviennes. Elles sont belles, mais ici, ce sont elles qui on le pouvoir. Si tu ne le sais pas encore, l’empereur est… une impératrice. Les mâles sont les guerriers, et les femelles gouvernent. Depuis toujours. Les Qivhviens naissent pas portées, les femelles sont très rares. Elles sécrètent aussi un poison, au bout de leurs doigts, qui peut tuer le mâle rien qu’au toucher. De fait, elles sont sacralisées. Et craintes.
Dans le premier tome du diptyque du Sabre de sang, Thomas Geha s’attache à nous conter l’Histoire de Tiric Sherna. L’auteur (également sous son vrai nom, Xavier Dollo) a déjà conquis son public chez Critic et Rivière Blanche (Black Coat Press) avec notamment la saga d’Alone, de nombreuses nouvelles (dont celle qui ouvre l’anthologie Riposte Apo d’ImaJn’ère 2013) et le récent American Fays avec sa camarade Anne Fakhouri.
Si vous connaissez Thomas Geha davantage pour ses récits post-apocalyptiques, il est clair que l’univers du Sabre de sang va vous changer quelque peu, tout en conservant la fraîcheur de l’écriture de l’auteur. À l’inverse, si les univers de fantasy vous sont bien connus, celui du Sabre de sang devrait vous convenir également. Nous suivons ainsi Tiric Sherna, cartar (un comte local pourrait-on dire) d’une contrée shao, peuple fier mais en proie à une invasion dévastatrice par les Qivhviens, peuple reptilien particulièrement bien organisé. Ceux-ci sont redoutables sur le champ de bataille comme en dehors, et surtout les Qivhviennes qui dominent la politique de cet empire expansionniste.
L’Histoire de Tiric Sherna débute plus que mal, elle empire par la suite et peine à s’améliorer vers la fin. Pour autant, en simples lecteurs de fantasy, nous devons assurément nous réjouir du malheur des autres, car cela fait de belles histoires bien prenantes. Thomas Geha nous crée un héros caractérisé de manière raisonnable, pas de qualité fabuleuse ni d’élément facilitateur gratuit ; au contraire, nous le suivons alors qu’il est au plus bas et qu’il découvre un monde hostile mais recélant quelques relents de magie ponctuels et intéressants. Les bas-fonds de la capitale qivhvienne, Ferza, composent le décor des remous engluant Tiric dans un complot improbable ; par la suite, une échappée belle lui permet de davantage voir sa vie sous le coup de la revanche tant espérée, et ce Sabre qui compose la deuxième partie du récit fait alors figure de but et d’exutoire.
Dans ce roman, Thomas Geha fait preuve d’une sobriété touchante, je trouve. La souffrance est présente, bien sûr, mais elle fait partie intégrante du récit, sans jamais tomber dans l’action à outrance. De même, la sexualité est abordée à plusieurs reprises, mais les moments où des scènes auraient pu être développées longuement pour satisfaire notre voyeurisme (coutumier ?), il réussit à clore chaque situation concernée par une vision mignonne et complice qui suffit largement. À Tiric Sherna, il adjoint quelques personnages secondaires que nous aurions plaisir à découvrir davantage, mais sur lesquels il laisse planer de nombreux doutes astucieux : tant sur Zua Lazpoa, une grande dignitaire qivhvienne, que sur Kardelj Abaskar (dont nous apprenons heureusement bien l’origine en cours de route), un soldat servant un peu de mentor au héros, le roman ne se suffit pas à elle-même, et en même temps, c’est logique puisque nous n’avons là que l’Histoire de Tiric Sherna.
Avec ce premier volume du Sabre de sang, Thomas Geha nous emmène souvent sobrement, mais toujours efficacement, dans un monde crédible et digne d’intérêt. Suivant avec envie un héros qui se construit par étapes, le lecteur ne pourra n’être qu’avide de découvrir la suite (dans l’Histoire de Kardelj Abaskar, le deuxième volet) après une conclusion aussi déchirante et insoutenable que potentiellement inattendue.
Voir aussi :
Tome 2
Autres critiques :
Belgarion (Elbakin)
Jérôme Charlet (YoZone)
Pretty Rose Mary
Aucun commentaire
BlackWolf
J’avais passé un bon moment avec ce livre, j’espère que la suite te plaira tout autant.
Dionysos
Légèrement moins (https://bibliocosme.wordpress.com/2015/02/20/le-sabre-de-sang-tome-2-histoire-de-kardelj-abaskar/), mais de peu. Cela tient avant tout au fait que finalement, je crois que j’ai préféré être dans la tête de Tiric. 🙂