Captain America : The Winter Soldier
Titre : Captain America : The Winter Soldier
Cycle : Captain America 2 (au sein du Marvel Cinematic Universe, Phase 2)
Réalisateurs : Joe et Anthony Russo
Acteurs principaux : Chris Evans, Scarlett Johansson, Samuel Lee Jackson, Robert Redford, Sebastian Stan, Anthony Mackie, Cobie Smulders, Frank Grillo
Date de sortie française : 26 mars 2014
Budget : 170 M$
Livre original : Captain America : La légende vivante et L’hiver meurtrier et La mort de Captain America d’Ed Brubaker (2004-2006)
Synopsis : Après les événements cataclysmiques de New York de The Avengers, Steve Rogers alias Captain America vit tranquillement à Washington, D.C. et essaye de s’adapter au monde moderne. Mais quand un collègue du S.H.I.E.L.D. est attaqué, Steve se retrouve impliqué dans un réseau d’intrigues qui met le monde en danger. S’associant à Black Widow, Captain America lutte pour dénoncer une conspiration grandissante, tout en repoussant des tueurs professionnels envoyés pour le faire taire. Quand l’étendue du plan maléfique est révélée, Captain America et Black Widow sollicite l’aide d’un nouvel allié, le Faucon. Cependant, ils se retrouvent bientôt face à un inattendu et redoutable ennemi – le Soldat de l’Hiver.
Pour construire un monde nouveau, il faut parfois détruire l’ancien.
Le premier opus, Captain America : The First Avenger, construit comme un film d’époque, obtient une suite mettant en lumière un ennemi d’envergure, Le Soldat Hiver*. Très très peu de spoilers au programme !
Que vaut donc cette suite, heureusement sans numérotation, mettant en scène le super-héros à la bannière étoilée ? Commençons par le héros, Captain America ou Steve Rogers. Deux ans après la « bataille de New York », il a changé de costume, pour un plus moderne, et est devenu la figure de proue des principales opérations du S.H.I.E.L.D., organisation qui apparaît comme le principal personnage du film, au point d’éclipser le sous-titre officiel. Black Widow (Scarlett Johansson) Maria Hill (Cobie Smulders) et Nick Fury (Samuel Lee Jackson), mais aussi le Faucon (Anthony Mackie) et Alexander Pierce (Robert Redford) sont là ; c’est le S.H.I.E.L.D. au grand complet qui déboule dans ce long-métrage ! Seuls Phil Coulson (cf. la série Agents of S.H.I.E.L.D.) et Hawkeye (quelques incartades de l’acteur contre le producteur Kevin Feige) manquent à l’appel, puisque même l’agent Sitwell a un rôle tranchant. Tout cela participe à faire de ces films Marvel un monde cohérent : même si pas mal de personnages sont gâchés par un manque d’approfondissement (Cobie Smulders en Maria Hill, Emily VanCamp en Agent 13/Sharon Carter), certains clins d’œil sont justifiés et lourds de sens au niveau de la cohésion de cet Univers Cinématographique Marvel (notamment le rôle de Garry Shandling en Sénateur Stern déjà vu dans Iron Man 2, Maximiliano Hernandez en Agent Jasper Sitwell et l’inévitable Stan Lee avec une réplique tordante). Nous trouvons aussi beaucoup d’allusions à des personnages vus ou non encore dans les films Marvel Studios, si on tend l’oreille au bon moment.
La thématique principale est le complot, alors les révélations se succèdent et les méchants aussi. Du point de vue de Steve Rogers, son statut de héros est renforcé, notamment au service du S.H.I.E.L.D. Son costume a évolué positivement, comparé à Avengers, reprenant des thématiques du premier film et s’inspirant d’un de ses plus récents dans les comics. L’intérêt de sa propre intrigue se ressert sur Washington, emblème des États-Unis mais aussi de ses faux-semblants. Tout au long du film, nous voyons ainsi l’extraordinaire capacité de ce pays à agir vite, en sous-main, avec des moyens colossaux, leur capacité aussi à construire des organisations labyrinthiques et des engins de « destruction massive ». Quant au Winter Soldier, il pêche par manque de charisme, sauf peut-être dans la toute dernière scène post-générique (… où il revient au musée de la Deuxième Guerre mondiale pour avoir confirmation sur son identité réelle : il reviendra, évidemment, dans le troisième opus) et d’être choisi comme bouclier médiatique par Marvel Studios pour dissimuler d’autres protagonistes. Listons, à la va-vite, Toby Jones revenu d’entre les tombes en Arnim Zola numérique, Frank Grillo qui arrive en Crossbones remonté et utilisable pour d’autres films et Georges Saint-Pierre qui campe Batroc inspiré mais peu bavard. C’est en tout cas l’occasion pour Steve Rogers, de soldat, de devenir Captain !
Contrairement au noir et blanc du premier film, et en parallèle d’un Iron Man 3 très coloré, nous avons ici un film gris, toujours dans la nuance, dans un rythme par à-coups. Ce long-métrage pourrait même paraître hyper-violent, avec un nombre de morts incalculables et parfois très frappantes, puisque même Captain America dézingue parfois à tour de bras ! La puissance du personnage et notamment de son bouclier, qui en devient une arme, est d’ailleurs parfaitement mise à contribution. Dans ce déchaînement d’action, quelques scènes sont heureusement marquantes, notamment la course-poursuite avec « Nick Fury et sa voiture contre le reste du monde » où ils réussissent à glisser un peu d’humour dans une situation dantesque. D’ailleurs, les chorégraphies, notamment avec un Batroc inspiré au moins au niveau physique (à noter qu’une fois libéré de son bouclier, Captain America se bat tout de suite mieux !), sont largement travaillées pour augmenter le réalisme ambiant.
Mon seul gros problème se trouve donc être Scarlett Johansson, qui qui surjoue tout ce qu’elle fait et qui nous sert une Veuve Noire censée être une espionne froide et mystérieuse et qui devient en fait une fofolle ne cherchant qu’à caser Steve Rogers et frimant en faisant semblant « de toujours tout savoir » (sic) : mais non ! ce n’est juste pas possible de voir ça. Elle est clairement utilisée comme seul vitrine féminine de Marvel Studios et ça dépasse ce qu’elle peut faire à l’écran. Avant une Gamora athlétique dans Les Gardiens de la Galaxie et peut-être une Miss Marvel dans le prochain Avengers, on aurait pu espérer voir la Veuve Noire explorer d’autres voies et progresser dans ses chemins tortueux. Certes, elle a parfois des objectifs différents, mais n’interagit même pas de manière intéressante avec le Winter Soldier, alors que l’histoire aurait pu être davantage liée. Tant le personnage que la performance sont plutôt décevantes.
Enfin, les frères Russo au gouvernail, une inévitable allusion à leur série télévisée Community s’est glissée à l’écran avec ce cher Abed (Danny Pudi) qui, non-crédité et même en VF, fait rire en deux-trois mimiques et postures caractéristiques. Tout au long du film d’ailleurs, on sent plusieurs tentatives de petites blagues ; certaines tombent à plat, mais l’aspect patriotique du personnage est là aussi pour se faire dézinguer par ces piques verbales. Ce sont ces tentatives de recul vis-à-vis du personnage iconique qui rassure sur la suite de l’aventure, suite introduite notamment par le lien fait avec Avengers : Age of Ultron dans la première scène post-générique : un baron nazi sorti de nulle part (si, des comics, heureusement) mais avec un acteur très intéressant, un rappel du premier Avengers et deux « Miracles » lorgnant vers des horizons plus lointains.
Ce deuxième opus des films Captain America est donc plutôt une bonne surprise, avec certes de nombreux défauts, mais un aspect super-héroïque assumé et d’envergure. L’équilibre est bien trouvé entre de très forts liens avec le premier opus et un éventuel suivant, déjà en chemin, mais aussi avec les films Avengers, tout en conservant une trame propre. Les défauts sont plutôt rares, et surtout la conséquence de non choix plus qu’autre chose. Si tous les films super-héroïques misait sur un tel scénario roublard et justifié, ce serait énorme.
*Cette traduction est personnelle et en contradiction au titre VF « Le Soldat de l’Hiver » : la référence au « Général Hiver » qui offrit la victoire aux Russes face aux Français en 1812 semble bien plus intéressante.
Autres critiques : Les Toiles héroïques et Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)
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Kenehan
Ah, je me disais bien qu’il y avait un soucis avec Black Widow !
Pour Phil Coulson, son absence n’est pas si dérangeante au final puisqu’au même moment il fait face à ses propres problèmes dans « Marvel’s Agent of S.H.I.E.L.D. » et ça favorise les cross-over entre les films et la série (qui en a bien besoin pour tenir).
Très bonne critique en tout cas. Instructive qui plus est.
Vivement « Les Gardiens de la Galaxie » maintenant !
Dionysos
Oui, ce n’était pas du tout un reproche pour l’absence de Phil Coulson, au contraire il est très bien dans Agents of S.H.I.E.L.D., c’est vrai. Quant aux crossovers entre série et films, même s’ils ont dû accentuer la cadence après les premiers retours, elle est clairement faite pour cela, car depuis le départ il nous tease avec des « All is connected » de partout. 🙂