Fantasy

Servir froid

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Titre : Servir froid
Auteur : Joe Abercrombie
Éditeur : Bragelonne
Date de publication : 2013

Synopsis : La guerre est un enfer, mais c’est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l’ont rendue très populaire… trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d’une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance. Quoi qu’il lui en coûte, sept hommes devront mourir. Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience. C’est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance.

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Elle enroula ses doigts sur la poignée froide, sensation nouvelle dans sa main gauche, et fit glisser quelques centimètres de métal hors du fourreau. Elle brillait vivement à la lumière de la lampe. La bon acier plie, mais jamais ne rompt. Le bon acier est toujours affûté et prêt à l’emploi. Le bon acier ne ressent ni pitié ni douleur, et surtout, jamais de remords. Elle laissa échapper un vrai sourire. Le premier depuis des mois. Le premier depuis que le fil de Gobba lui avait fendu le cou. La vengeance, alors.

Après « La première loi », trilogie ayant rencontré un très grand succès tant auprès des lecteurs que des critiques et qui tordait méchamment le coup aux principaux clichés de la fantasy, voilà que Joe Abercrombie nous revient en cette année 2013 avec « Servir froid ». L’événement est de taille et les éditions Bragelonne l’ont bien senti, le roman ayant fait l’objet d’une importante campagne de promotion et bénéficiant d’un support spécialement travaillé (couverture en dur, carte finement dessinée…). Un bel ouvrage, donc, mais vaut-il bien tout ce battage ? A ma grande surprise la réponse et oui, car en dépit d’une première expérience peu concluante avec les précédents romans de l’auteur, ce « Servir froid » m’a totalement conquise, à tel point que c’est presque avec regret que j’ai tourné la dernière page. Après celui de la quête, Abercrombie se lance dans le thème de la vengeance qui prend ici les traits de la redoutable Monza Murcatto, chef mercenaire implacable, trahie par son employeur et bien décidée à prendre sa revanche. Quoi qu’il en coûte, sept hommes devront mourir ! Commence alors pour les personnages comme pour le lecteur une captivante chasse à l’homme à travers la Styrie, le tout sur fond de guerres sanglantes et de machinations politiques. L’action s’enchaîne sans aucun temps mort, un rythme effréné qui ne rend la lecture que plus captivante et plus addictive encore, d’autant plus qu’Abercrombie nous régale de dialogues très savoureux, plein de cynisme et de mordant.

Comme pour la première trilogie de l’auteur, l’intrigue n’est certes guère originale, mais c’est dans son traitement que réside tout l’intérêt : batailles épiques, intrigues de cour, dangers…, tout y est, et pourtant pas une seule seconde Joe Abercrombie ne fait oublier à son lecteur que nous sommes bien loin des histoires traditionnelles de beaux et braves héros défenseurs du bien. Et c’est justement là tout l’intérêt de ce roman. Chaque personnage bénéficient ainsi d’une personnalité fouillée et d’une grande part d’ombre que ne les rend que plus authentiques et plus attachants, qu’il s’agisse du guerrier nordiste Shivers, du mercenaire débonnaire Cosca, de l’ancien forçat obsédé par les chiffres Cordial, et même de l’agaçant empoisonneur Morveer. La palme revient cela dit à Monza Murcatto, « héroïne » comme on a rarement l’occasion d’en voir et dont on suit les aventures avec grand plaisir. L’un des principaux attraits de ce roman réside également dans la qualité de l’univers élaboré par l’auteur (le même que celui de « La première loi »). Au fil de l’avancée de la quête des protagonistes, Joe Abercrombie nous propose en effet une petite visite agréable et fort complète de la Styrie, une des nombreuses régions qui composent son monde et où se déroule ici l’essentiel de l’action. De Port-Ouest à la majestueuse Talins en passant par Sipani, ville des brumes et des plaisirs, ou encore la belle Visserine assiégée, voilà un décor qui vaut franchement le détour !

Une très agréable surprise et un excellent moment de lecture passé aux côtés de cette mercenaire tenace et de ses compagnons. Merci aux éditions Bragelonne pour m’avoir permis de réviser mon jugement sur Joe Abercrombie dont je me ferai un plaisir de découvrir les romans suivants. Peut-être même me laisserais-je tenter par la suite de sa trilogie, pourtant précédemment abandonnée en cours de route…

Autres critiques : Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte) ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres) ; Lutin82 (Albédo – Univers Imaginaires) ; Oriane (La Pile à Lire)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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