Fantasy

Victimes et bourreaux

Antho--C1-web[1]

Titre : Victimes et bourreaux
Anthologiste : Stéphanie Nicot
Auteurs : Charlotte Bousquet (« La stratégie de l’araignée »), Michel Robert (« Qjörll l’assassin »), Justine Niogret (« Porter dans mes veines l’artefact et l’antidote »), Maïa Mazaurette (« Que justice soit faite »), Pierre Bordage (« Qui sera le bourreau ? »), Nathalie Dau (« Ton visage et mon cœur »), Jeanne A. Debats (« Frères d’armes »), Jean-Philippe Jaworski (« Désolation »), Sam Nell (« Le deuxième œil »), Lionel Davoust (« Au-delà des murs »), Paul Beorn (« Le démon de mémoire »), Xavier Mauméjean (« Mazabaleh »)
Éditeur : Mnémos
Date de publication : 2011

Synopsis : Chef de guerre perdu en territoire hostile, épouse martyrisée par le mari que pourtant elle aime, nains terrifiés par un dragon endormi, gourou indifférent à la souffrance de ses adeptes, criminel de guerre en quête d’une impossible rédemption : vous n’oublierez pas de sitôt les héros de Victimes et bourreaux! Partenaires de longue date des Imaginales, le festival des mondes imaginaires d’’Epinal, les éditions Mnémos ont accepté le principe d’’éditer chaque année une anthologie thématique de fantasy.

big_4

Elle avait menti. Elle avait menti afin qu’il se sente coupable. Afin qu’il soit détruit par l’idée d’avoir tout gâché. D’avoir tué pour rien, détruit lui-même ce qu’il guignait, et qu’il ignorait avoir déjà reçu. Non ! Mensonges. Infamie. Il était la victime. Pas le bourreau ! (Nathalie Dau – Ton visage et mon coeur)

Troisième anthologie ayant vu le jour suite au festival des Imaginales d’Épinal après « Rois et capitaines » en 2009 et « Magiciennes et sorciers » en 2010, « Victimes et bourreaux » nous propose à nouveau de découvrir les textes de certains des plus grands noms de la fantasy française de ces dernières années. Douze nouvelles ont été retenues pour cet ouvrage (dont Stéphanie Nicot assume encore une fois la publication), et si la qualité n’est évidemment pas toujours la même d’un texte à l’autre, il n’en reste pas moins que nous avons ici affaire à une excellente anthologie, presque à la hauteur de la toute première. Si le thème peut, au premier abord, paraître surprenant, il semble en tout cas avoir beaucoup inspiré les auteurs présents au sommaire de l’ouvrage qui ont choisi d’aborder le sujet sous des angles très différents. Certains mettent ainsi en scène des victimes et leur calvaire, comme Charlotte Bousquet et sa « Stratégie de l’araignée » dans laquelle elle reprend le personnage de son dernier roman (« Matricia »), ou encore Sam Nell qui nous fait vivre une scène de torture particulièrement atroce dans « Le deuxième œil ». D’autres, en revanche, s’interrogent sur la frontière ténue qui sépare parfois la victime du bourreau comme Lionel Davoust et son ambiguë personnage d’« Au-delà des murs », ou encore Pierre Bordage et sa nouvelle au titre évocateur « Qui sera le bourreau ? ».

Comme dans toute anthologie, certains textes se révèlent évidemment plus marquants que d’autres, et c’est notamment le cas ici de ceux qui ouvrent l’ouvrage. Parmi les douze, cinq m’ont ainsi particulièrement séduite, à commencer par deux textes parmi les plus courts : « Porter dans mes veines l’artefact et l’antidote » de Justine Niogret qui signe encore une fois une nouvelle follement originale, pleine de poésie et de mélancolie, et « Ton visage et mon cœur » de Nathalie Dau, nouvelle dans laquelle un homme victime d’un trop grand amour en vient à se changer en son propre bourreau. Michel Robert réussit également son coup avec « Qjörll l’assassin » où l’on fait connaissance avec une troupe de mercenaires en mission pour livrer un malfrat de la pire espèce à la justice, de même que Maïa Mazaurette et son « Que justice soit faite » qui nous plonge dans l’horreur de la grande peste du Moyen Age et la folie dévastatrice d’un homme d’église. J-P. Jaworski, enfin, se distingue quelque peu de ses confrères et nous offre avec « Désolation » un texte atypique mettant en scène une troupe de nains en expédition dans une cité oubliée, et dans lequel on reconnaît sans mal le talent et la maîtrise de l’auteur qui répond ici au sujet tout en rendant un bel hommage à une fantasy que l’on pourrait qualifier de plus « classique ».

Des auteurs talentueux, des textes tour à tour originaux, dépaysants, dérangeants ou captivants, voilà ce que vous trouverez en vous plongeant dans cette excellente anthologie dédiée aux amoureux de l’Imaginaire. A noter qu’à « Victimes et bourreaux » ont succédé en 2012 et 2013 « Reines et dragons » et « Elfes et assassins », cette fois sous la direction de Sylvie Miller et Lionel Davoust.

Voir aussi : Rois et capitaines ; Magiciennes et sorciers ; Reines et dragons ; Elfes et assassins ; Bardes et sirènes

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.