Bertram le baladin
Titre : Bertram le Baladin
Auteur : Camille Leboulanger
Éditeur : Critic
Date de publication : 2017 (octobre)
Synopsis : Dans un monde où la création du papier s’est perdue, des musiciens errent de part et d’autre des contrées afin de récolter des histoires et de les raconter. Célèbre membre de la Guilde, Bertram le Baladin s’est fait dérober son luth. Il part le retrouver avec une femme témoin du larcin.
Il joua toujours plus vite, toujours plus fort, jusqu’à ce que ses doigts lui fassent mal, jusqu’à ce qu’il sente le battement de la musique au fonds de lui commencer à lui faire défaut. Alors il s’arrêta un instant, une moitié de mesure à peine, que les battements des mains comblèrent à sa place. La public hurlait comme un monstre marin, une vague qui s’écrasait contre le bord de la scène. On dansait, ou on l’aurait voulu, mais Bertram jouait bien trop vite pour cela, alors on se jetait les uns contre les autres dans un joyeux chaos.
S’il y a bien une chose à laquelle Bertram est attaché, c’est bien son luth, qui lui permet de composer les chansons ayant fait sa renommée dans toutes les Terres-Hautes et qui garantit son statut de membre de la Guilde des musiciens. Seulement le précieux instrument échappe un soir à la surveillance du baladin qui, désemparé, se voit contraint d’accepter l’aide d’une fugitive qui prétend connaître l’identité du voleur. Camille Leboulanger m’étant jusqu’à présent inconnu (malgré une précédente parution chez L’Atalante : « Enfin la nuit »), c’est avant tout la très belle couverture d’Alain Brion, ainsi que la simplicité de l’intrigue qui m’ont tout compte fait convaincu de me plonger dans cette lecture. Or, si la découverte s’est finalement révélée fort plaisante, le tout partait pourtant assez mal, la première partie du récit étant loin d’être la plus réussie. On peine dès le départ à s’attacher à ce fameux Bertram le Baladin qui agace très vite par son arrogance, et il en va de même de Sans-Nom, son acolyte, sur laquelle on sait bien trop peu de choses pour là aussi éprouver de l’empathie. Celle-ci a de plus la mauvaise habitude de foncer tête baissée dans les ennuis, n’hésitant pas, par exemple, à se laisser entraîner par deux hommes qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam dans un endroit isolé, alors même qu’elle a flairé le piège et qu’elle ignore tout du nombre d’opposants qui l’attend sur place. Voilà qui n’aide pas franchement à favoriser l’identification du lecteur…. Fort heureusement, la seconde partie du roman est beaucoup plus réussie et permet de donner aux personnages ainsi qu’à l’intrigue davantage de profondeur et d’émotion.
Betram, notamment, gagne en complexité et surtout en charisme à mesure que l’auteur nous en dévoile davantage sur son histoire et les raisons de son obsession pour ce luth. La seconde partie se fait également mieux rythmée, moins prévisible, avec notamment un retournement de situation que je n’avais pas du tout vu venir et qui permet de relancer l’intrigue de manière fort habile. Bien que le décor se limite à la ville de Strid et à la Citadelle de la Guilde, le récit ne manque donc pas de rebondissements qui sont de mieux en mieux amenés au fil des pages. Le style de Camille Leboulanger est pour sa part dépourvu de maladresses et permet une lecture fluide et aisée, parfois entrecoupée de passages plus poignants que les autres, notamment lorsqu’il est question de musique. Celle-ci se trouve évidemment au cœur du roman et, s’il n’est jamais évident de coucher sur papier les détails d’une mélodie ou l’émotion qu’elle est censée faire naître chez un auditoire, l’auteur s’en sort ici avec élégance et n’hésite d’ailleurs pas à décrire longuement les performances réalisées par ses personnages. L’univers du roman est quant à lui peu détaillé, mais les quelques éléments donnés suffisent ici à la compréhension du lecteur qui plonge sans difficulté dans ce monde d’inspiration médiévale classique. Sans être révolutionnaires, certaines des trouvailles de l’auteur n’en sont pas moins intelligemment exploitées, à commencer par cette guilde des musiciens parcourant le monde pour donner et recevoir les nouvelles, palliant ainsi à l’absence de tout support papier dont la technique de fabrication a été perdu.
Camille Leboulanger signe avec « Bertram le baladin » un roman court et de bonne facture qui, en dépit d’une première partie un peu faiblarde à mon goût, procure un agréable moment de divertissement, sans prétention. Un auteur à suivre !
Autres critiques : Blackwolf (Blog-o-livre) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Lhotseshar (Au pays des cave trolls) ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres)
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