Fantastique - Horreur

Je suis une légende

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Titre : Je suis une légende
Auteur : Richard Matheson
Éditeur : Folio SF
Date de publication : 2001 (1954 pour la version originale)
Récompenses : Prix spécial Bram Stoker 2012

Synopsis : Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l’abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil… Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu’aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire.

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Le silence n’était jamais aussi mortel à l’air libre qu’entre quatre murs, en particulier ceux de cet énorme bâtiment de pierre grise abritant la littérature d’une civilisation éteinte. Mais peut-être était-ce juste le fait d’être enfermé ; une impression purement psychologique. Pas de quoi se réjouir, cependant : il n’existait plus de psychiatre auquel il pût confier ses névroses et ses hallucinations auditives. Le dernier homme sur Terre se trouvait irrémédiablement voué à supporter seul ses fantasmes.

Une légende, ce roman signé Richard Matheson en est de toute évidence aujourd’hui devenue une. Il faut dire que, bien qu’écrit en 1954 par celui que beaucoup considèrent désormais comme l’un des maîtres incontestables de la SF, l’ouvrage n’a rien perdu de sa force ! On y découvre notre monde ravagé suite à une épidémie ayant causé la quasi extinction de la race humaine, apocalypse non pas due à une quelconque catastrophe naturelle ou bien à un déferlement de zombies (comme c’est la mode depuis quelque temps) mais plutôt à la prolifération … de vampires ! C’est dans ces circonstances que le lecteur fait la rencontre de Robert Neville qui, pour autant qu’on le sache, pourrait bien être le dernier homme vivant sur terre. A travers ce personnage hanté par le fantôme de sa femme et sa fille perdues, rongé par la culpabilité et tentant tant bien que mal de trouver un nouveau sens à sa vie en améliorant son triste quotidien, Richard Matheson s’attaque au thème de la solitude avec une sensibilité et une intelligence remarquables. A quoi se raccrocher quand on ignore si l’on est, oui ou non, le dernier de son espèce ? Comment ne pas sombrer dans la folie alors qu’il ne reste plus personne à qui parler, à aimer ?

Le roman se déroule au rythme de l’enchaînement de journées, moments pendant lesquelles on suit le protagoniste dans l’accomplissement de ses tâches routinières (sécuriser la maison, se ravitailler…) dont il s’acquitte avec une relative liberté jusqu’à parfois presque oublier la menace, et de nuits, pendant lesquelles ce sont les morts qui prennent cette fois le contrôle, le condamnant à se terrer, seul, dans son repère. Et puis soudainement, un élément va venir faire basculer cette routine : une étourderie qui pourrait se révéler fatale, une rencontre inattendue… Autant d’événements qui, au premier abord, peuvent paraître totalement insignifiants mais qui ont pourtant sur le lecteur un effet incroyablement électrisant : on attend, on espère, on s’inquiète, bref, on vit et vibre en totale symbiose avec le protagoniste. Et c’est là que réside tout le talent de Richard Matheson qui, dès les premières lignes, parvient à complètement subjuguer son lecteur qui ne peut que regarder avec un mélange de fascination et de compassion défiler le quotidien de cet homme dans un monde qui semble familier mais qu’il ne reconnaît pourtant plus. Une autre preuve témoignant du talent de l’auteur réside en sa capacité à maintenir un climat de nervosité constant tout au long du roman. Autant vous dire que ce n’est pas vraiment le genre de lecture à conseiller tard le soir lorsque vous êtes seul chez vous (expérience personnellement tentée et à ne pas réitérer) !

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La qualité du roman de Richard Matheson ne tient cela dit pas uniquement à l’intérêt porté par le lecteur au sort du protagoniste. En effet, si le choix de la cause de l’apocalypse responsable de la disparition de notre civilisation ne manque déjà pas d’originalité en soi, l’auteur a également l’excellente idée de tenter de proposer une explication plausible et rationnelle au phénomène responsable de la catastrophe, tout en se réappropriant l’ensemble des clichés inhérents au mythe du vampire. On suit ainsi avec un plaisir et une excitation croissante la quête de vérité du héros ainsi que l’évolution de son étude de ces morts-vivants suceurs de sang qui suscitent une multitude d’interrogations  : leur apparition date t-elle de la dernière épidémie ou bien cet événement tragique aurait-il déjà pu se produire dans l’histoire sans que personne ne l’ai envisagé sous cet angle ? L’existence de ces créatures est-elle le fruit de la superstition ou repose t-elle sur de véritables et solides bases scientifiques ? Pourquoi l’ail leur est-il si désagréable ? Et qu’en est-il de la croix, qui semble elle aussi leur inspirer tant d’effroi ? Son efficacité serait t-elle la même sur des vampires juifs, musulmans ou athées ? Autant de questionnements légitimes auxquels l’auteur apporte des pistes de réponses souvent très convaincantes.

Guère difficile de comprendre les raisons du succès de « Je suis une légende » qui n’a pas usurpé sa place parmi les plus grands classiques de la science-fiction. Richard Matheson nous offre là un roman court mais intense, et qui se dévore d’une seule traite. Il ne me reste plus maintenant qu’à visionner son adaptation cinématographique qui, j’espère, saura se montrer à la hauteur (c’est désormais chose faite ici).

Autres critiques : Aelinel (La bibliothèque d’Aelinel) ; Yossarian (Sous les galets, la plage)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

Aucun commentaire

    • Boudicca

      Merci et je suis tout à fait d’accord en ce qui concerne le film. Je l’ai vu dans la foulée et j’ai été très déçue (la chronique arrivera sous peu sur le blog d’ailleurs^^)

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