• Le Silence de la Cité

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    Titre : Le Silence de la Cité
    Auteur : Élisabeth Vonarburg
    Éditeur : Denoël (Présence du Futur), puis Alire (Romans) [fiche officielle]
    Date de publication : 1981, puis 1998
    Récompenses : Prix Boréal 1982 ; Prix Rosny-Aîné 1982 ; Grand Prix de la science-fiction française 1982

    Synopsis : Plus de trois siècles se sont écoulés depuis les catastrophes climatiques de la fin du second millénaire et les héritiers de la civilisation détruite, de plus en plus rares et de plus en plus désaxés, vivent dans une Cité souterraine avec leurs doubles technologiques.
    Dernière enfant de cette Cité, Élisa est une petite fille aux capacités physiques étonnantes ; fruit des expériences génétiques de Paul, elle annonce une humanité résolument nouvelle.
    Mais Élisa saura-t-elle se libérer du passé qui l’a littéralement modelée et, du même souffle, en libérer ses nombreux enfants ?
    Et qu’en sera-t-il des hommes – et surtout des femmes – qui, hors les Cités, ont survécu à la barbarie et aux mutations de toutes sortes ?

    Note 3.5

    Elle ne savait pas qu’il pouvait mourir.
    Il avait une peau brune toute ridée, une masse de cheveux blancs toujours en désordre, des yeux bruns qui souriaient au fond de leur réseau de rides ; ou bien c’étaient les rides qui souriaient. De toute façon, on ne pouvait pas dire s’il souriait en regardant sa bouche : il avait trop de moustache. Grand-Père. Elle l’appelait Grand-Père.
    Elle ne savait pas que c’était un homme-machine.
    Elle n’avait presque jamais besoin d’utiliser son bracelet de communication. Elle avait perdu sa poupée, elle était tombée, Gil ou Marianne lui avaient fait mal en jouant, ou elle s’était disputée avec eux, et il surgissait avant même qu’elle ait vraiment eu le temps de se mettre à pleurer. Il parlait, ou il ne disait pas grand-chose, mais il était toujours là quand il le fallait vraiment. Elle ne savait pas bien pourquoi, mais quand il sentait le tabac, ou l’herbe coupée, et que sa moustache était jaunie, il était davantage… là. Elle sentait très bien, alors, s’il était gai, ou sérieux, ou préoccupé – mais toujours comme il l’aimait. C’était Grand-Père.

    Rencontrée aux Utopiales de Nantes 2014, Elisabeth Vonarburg a une pêche et un tonus qui font plaisir à voir. Dans Le Silence de la Cité, elle nous narre le récit initiatique d’une jeune fille bien seule dans un monde post-apocalyptique hostile. Première conclusion, même des décennies après son écriture, ce roman est particulièrement frais, pas d’un très grand fun certes car angoissant et glauque, mais sûrement aussi prenant qu’il a dû l’être à sa sortie.