Fantasy

La croisade éternelle, tome 2 : La prêtresse guerrière

Titre : La prêtresse-guerrière
Cycle/Série : La croisade éternelle, tome 2
Auteur : Victor Fleury
Éditeur : Bragelonne
Date de publication : 2020

Synopsis : La Croisade est désormais perdue dans les terres hostiles des monts Êmal, aux confins de l’Empire. Nisaba se retrouve sans son maître et n’a qu’un désir : retourner à la capitale auprès de son fils Haddon. Hélas, le culte d’Enlê réclame sa mort et la guerre embrase le pays. La jeune femme devenue guerrière doit choisir son camp entre de multiples factions déchirées par les conflits et les trahisons. Cependant, elle ignore que Haddon n’est déjà plus à Ubuk. Devenu l’esclave-lié de l’héritière du trône, l’adolescent a été témoin d’un événement dramatique qui le précipite à son tour sur les routes. Alors que l’Empire se disloque et que les masques tombent, Nisaba et son fils survivront-ils au fracas des armes ainsi qu’à la colère des dieux ?

Retour mitigé

Après un premier tome plus que prometteur, Victor Fleury nous replonge dans son univers inspiré de la Mésopotamie antique. On y retrouve Nisaba, héroïne dont le sort a été magiquement lié à celui du fils de l’actuelle souveraine d’Ubuk, et dont le destin venait de basculer à la toute fin du précédent volume qui se concluait par un cliffhanger plus que frustrant. [Attention SPOILERS : si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire « La prêtresse esclave », je vous invite à passer directement au paragraphe suivant.] Avec la disparition de l’un des personnages centraux du premier tome, Victor Fleury rebat toutes les cartes et plonge son lecteur dans l’inconnu. L’histoire prend alors un tournant qu’il était difficile d’anticiper puisque les lois qui régissaient jusqu’à présent la vie de Nisaba n’ont plus vraiment cours, et que la jeune femme retrouve enfin sa liberté. Plus que jamais décidée à rejoindre son fils et à rompre ses liens avec la famille royale, la jeune femme va se retrouver impliquée encore plus étroitement dans la croisade entamée par le prince héritier et dont les enjeux se révèlent être très différents de ceux mis en avant dans un premier temps. En dépit des nombreux rebondissements qui parsèment le parcours de Nisaba, celle-ci n’est désormais plus la seule à occuper le devant de la scène puisque l’auteur a fait le choix ici d’adopter un autre point de vue : celui d’Haddon, le fils de notre héroïne. Bien qu’éloignés géographiquement, les deux personnages vont être entraînés dans des intrigues et des conflits qui ne sont pas sans rapport les uns avec les autres, au point qu’il se pourrait bien que les choix de l’un ou l’une ait des répercussions tragiques sur le sort de l’autre. Contrairement au premier tome, qui m’avait vraiment enthousiasmée, ce deuxième opus m’a laissée un sentiment beaucoup plus mitigé, en partie en raison de ce dédoublement de la narration. Haddon est en effet un personnage bien moins intéressant à suivre que Nisaba car bien trop naïf et impulsif en raison de son jeune âge. Difficile de se passionner pour le parcours d’un adolescent qui passe son temps à se fier à tous ceux qui croisent sa route et à n’écouter que son bas-ventre, au mépris de toute logique.

Intrigue et personnages décevants

Le traitement de Nisaba n’est d’ailleurs pas aussi intéressant que dans le premier tome, notamment, là-aussi, à cause d’une trop grande insistance portée sur ses relations amoureuses. A base de « je t’aime, moins non plus », la relation entretenue entre la jeune femme et son nouvel amant occupe une place bien trop grande dans les considérations du personnage, ce qui, compte tenu de la gravité des enjeux dont il est question ici, a pour principale conséquence de faire apparaître Nisaba comme frivole, ce qui n’avait jamais été le cas jusque là. L’intrigue est pour sa part loin d’être inintéressante mais certains arcs narratifs s’avèrent extrêmement redondants, à l’image de celui impliquant les autres oblats de l’infant Akurgal. L’histoire donne ainsi à plusieurs reprises l’impression de tourner en rond ou de traîner en longueur, sentiment que ne font que renforcer les chapitres consacrés à Haddon. Bien que semé d’embûches et comportant un grand nombre de révélations sur des questions laissées en suspens dans le premier tome, le parcours de l’adolescent n’est guère captivant et donne l’impression d’être déconnecté du reste du récit. La transition entre les deux points de vue n’en est que plus rude, même si l’auteur réussit parfois à mettre efficacement en miroir les situations ou les choix de la mère et du fils. Les personnages secondaires sont pour leur part plus fades : ceux du premier tome ne jouent ici qu’un rôle marginal tandis que les nouveaux sont, pour la plupart, des antagonistes souvent très caricaturaux. Toutes ces maladresses cumulées rendent la lecture de ce second volume bien moins fluide que celle du précédent et donnent clairement l’impression d’avoir affaire à un tome de transition. Tout est en effet un peu brouillon, l’auteur multipliant les fils de son intrigue sans que ne se dégage, pour le moment, de véritable cohérence. Le choix de Victor Fleury d’accorder une plus grande importance au caractère mystique de son univers n’est également pas sans lien avec mes difficultés à apprécier ce deuxième volume puisqu’il s’agissait déjà du pan de l’univers de l’auteur qui m’avait le moins captivée dans le tome précédent.

Bilan mitigé pour ce deuxième opus qui m’aura fait une bien moins forte impression que « La prêtresse esclave » auquel j’avais adhéré (presque) sans réserve. Clairement transitoire, ce volume-ci m’a parue moins maîtrisé et plus fouillis en raison d’un trop grand nombre de digressions et/ou de répétitions. Le choix de l’auteur de mettre son héroïne en retrait afin de laisser davantage de place à son fils n’est quant à lui pas très judicieux dans la mesure où se dernier se révèle bien plus fade que sa mère. Espérons que le troisième tome, qui devrait paraître en octobre, se révélera plus satisfaisant.

Voir aussi : Tome 1 ; Tome 3

Autres critiques :  ?

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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