Les Seigneurs des tempêtes, tome 2 : La guerre des voeux
Titre : La guerre des voeux
Cycle/Série : Les Seigneurs des tempêtes, tome 2
Auteur : Kai Meyer
Éditeur : L’Atalante
Date de publication : 2014
Synopsis : Tarik et la troublante Sabatea ont atteint Bagdad, abandonnant Junis dans le désert. Tandis que Sabatea se retrouve retenue au palais, Tarik se fond dans les obscures ruelles des quartiers mal famés, où il rencontre le Commerçant Muet qui lui confie des informations ultrasecrètes sur le Troisième Vœu, un pouvoir dont les djinns entendent se rendre maîtres pour combattre l’humanité. Tarik se résout à se mettre en quête de ce nouveau mystère. Il y va de la survie de la population de Bagdad et de Sabatea, mais aussi du destin de Junis, son frère, qui, aux côtés des Seigneurs des Tempêtes, prépare une attaque désespérée contre les djinns.
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Après Samarkand, découvrez Bagdad !
Après un premier tome prometteur, Kai Meyer confirme l’essai avec le second volume des « Seigneurs des tempêtes ». On y retrouve tout ce qui avait fait le charme du précédent : une histoire se déroulant aux alentours de Bagdad et faisant la part belle au folklore oriental, une intrigue bien ficelée avec pas mal d’action, sans oublier des personnages complexes et attachants. Contrairement au « Pays des djinns » qui nous narrait le voyage périlleux entrepris par les protagonistes pour se rendre d’un point A à un point B, « La guerre des voeux » se déroule essentiellement à deux endroits distincts dont les personnages ne bougeront guère : la fameuse Bagdad, à deux doigts d’être encerclée par les djinns qui entendent venir à bout de la dernière grande cité humaine des environs, et dans laquelle ont été introduits Tarik et Sabatea ; et le campement des Seigneurs des tempêtes, auprès desquels Junis a trouvé refuge. [Attention aux risques de SPOILERS : si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire le volume précédent, je vous suggère de vous rendre directement au paragraphe suivant.] Lorsque l’on retrouve nos trois héros, ces derniers sont donc parvenus à remplir l’objectif qu’ils s’étaient fixés à leur départ de Samarkand : rallier Bagdad. On comprend toutefois bien vite que, dans le cas de Sabatea, ce périple ne constituait qu’une première étape, et que la suite ne sera pas plus reposante. Tarik, de son côté, a été profondément transformé par sa rencontre avec le Fou aux cicatrices et les révélations que celui-ci lui a faites concernant Maryam, amour de jeunesse qu’il pensait morte depuis longtemps aux mains des djinns. Junis, quant à lui, fait la connaissance de ces rebelles capables de manier le vent et qui survivent dans le désert depuis des années, en dépit des créatures terribles qui en ont fait leur territoire lors de l’avènement de la magie sauvage. Les deux ambiances sont donc assez différentes, mais la même tension imprègne les pages que l’on soit du point de vue de Tarik et Sabatea ou de Junis puisque tous trois ont bien conscience que la relative sécurité dont ils jouissent n’est que temporaire. Reste à savoir quand viendra l’attaque, et comment ils pourront se défendre le moment venu.
Djinns VS humains : l’affrontement final
Comme pressenti à la fin du premier tome, celui-ci mise davantage sur une ambiance de cour grâce à l’arc narratif consacré à Sabatea, avec des intrigues fomentées par des personnages retors et de nouveaux enjeux qui viennent s’ajouter à celui de la guerre contre les djinns. Tarik, lui, nous permet d’arpenter la ville de Bagdad et d’apprécier son ambiance « pré-siège », les investigations de celui-ci nous entraînant dans les bas-fonds de la cité aussi bien que sur ses marchés, dans ses bains ou dans ses repères secrets dans lesquels différentes guildes s’affrontent plus ou moins ouvertement pour le pouvoir. L’auteur introduit ici un certain nombre de nouveaux personnages qui, bien que destinés à rester en retrait par rapport au trio d’origine, n’en demeurent pas moins intéressants, soit parce qu’ils suscitent la sympathie, soit parce que leur personnalité et leurs motivations sont suffisamment troubles pour titiller la curiosité. L’évolution des relations entretenues entre ces différents acteurs prend toujours une place aussi importante dans le roman qui, s’il se focalise peut-être un peu trop sur la romance Tarik/Sabatea, au risque de se montrer répétitif, s’avère malgré tout très réussi par cet aspect. L’intrigue, elle, est toujours aussi bien rythmée, l’immobilisme des personnages n’empêchant pas l’auteur de multiplier les rebondissements et scènes d’action. Les explications qui sont apportées concernant l’origine de la magie sauvage et les curieux pouvoirs que possède désormais Tarik sont quant à elles satisfaisantes et renforcent la sensation d’exotisme suscitée par le cadre oriental du récit. Le bestiaire mobilisé s’étoffe quant à lui toujours un peu plus, avec l’arrivée de créatures particulièrement dérangeantes domptées par les djinns. Les scènes d’affrontement n’en sont que plus impressionnantes, d’autant que l’auteur évite l’écueil de la surenchère et se contente d’exploiter au maximum les possibilités offertes par des combats à bord de tapis volants. Si beaucoup d’interrogations trouvent ici leurs réponses, d’autres demeurent toujours en suspens, ce qui ne manquera pas d’inciter le lecteur à poursuivre avec le troisième et dernier volume de la série.
Ce deuxième tome de la trilogie « Seigneurs des tempêtes » se situe dans la droite lignée du précédent et tient parfaitement ses promesses. On y retrouve un cadre oriental dépaysant dans lequel évoluent tapis volants et génies des vœux, djinns et chevaux magiques, le tout sur fond de guerre de civilisation entre les créatures du désert et une humanité réduite à se terrer dans ses dernières places fortes. Bourré d’action et de rebondissements, ce second tome n’oublie pas de se concentrer sur ses personnages, tous de profils très divers et dont les motivations demeurent parfois encore un peu floues, ce qui ne fait qu’accroître la tension ambiante et renforcer la curiosité du lecteur. Reste à savoir si le final sera à la hauteur…
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