Tokyo Ghost, tome 2 : Enfer Digital
Titre : Enfer Digital
Série : Tokyo Ghost, tome 2
Auteur : Rick Remender
Dessinateur: Sean Murphy
Éditeur : Urban Indies
Date de publication : 21 avril 2017
Synopsis : Nichés en plein coeur des Jardins Préservés de Tokyo, Led Dent et Debbie Decay n’ont pas pu échapper longtemps à l’enfer technologique instauré par Flak Corporation. Le pirate Davey Trauma a pris le contrôle de l’esprit et du corps de Dent, qu’il pousse désormais à tuer et à détruire tout ce qui peut se trouver sur ton passage. La ville de Tokyo a été la première à en payer le prix…
C’est mon histoire, Davey, tu comprends ? C’est moi qui compte, les autres c’est des merdes… qui complotent contre ma grandeur. Ils veulent que j’échoue.
L’Eden de la Tokyo préservée des ravages de la technologie n’est plus. Led Dent et Debbie Decay avaient espéré trouver là un refuge, une bulle « zéro tech » qui sauverait Led et permettrait aux deux héros de se retrouver. Tout cela s’est malheureusement terminé dans le sang. Led Dent est de retour dans l’archipel de Los Angeles où il a repris son occupation d’agent au service du consortium Flak, qui règne en maître sur cette société où le bon peuple se shoot au divertissement, aux jeux et au porno pour fuir la désolante réalité. L’on retrouve ainsi Led en plein boulot, dans une scène digne des meilleurs apparitions du Joker de Batman pour ouvrir le récit. Des dirigeants de Flak ont été enlevés par un groupuscule terroriste qui réclame des droits équivalents à ceux des plus riches. L’affaire réglée, Flak finit de mettre au point son nouveau plan : quitter le dépotoir qu’est devenu Los Angeles pour s’installer sans sa nouvelle ville Casino. Toutefois, un étrange fantôme semble décider à contrecarrer tant les plans de Flak que le travail de Led Dent.
L’écriture de Rick Remender pour ce second de volume de Tokyo Ghost est toujours riche en références avec Mad Max, en tête, Judge Dredd ou encore, comme mentionné plus haut, Batman. Une aventure menée tambour battant, toujours plus violente et sombre, d’ailleurs à déconseiller, sans doute, aux âmes les plus sensibles à la lecture de certaines planches. En fin de compte, l’écriture de Rick Remender n’est pas seulement riche en références, elle est riche, tout bonnement. Pléthore de thèmes au coeur de notre société y sont abordés, plus ou moins fugacement. Il ne serait guère utile d’en faire la liste ici, mais quelques axes n’en sont pas moins très intéressants. L’Homme face à la technologie et son addiction à cette dernière sont le propos même de Tokyo Ghost, allant de paire avec la thématique de la technologie face à la nature. La manipulation de l’information et la difficulté à discerner le vrai du faux, l’Homme et ses propres luttes intérieures, la luttes des classes, la dictature, la question de la conformité pour un semblant d’intégration face à l’indépendance. Tant de sujets qui sont abordés ici et sur lesquels on pourrait longuement s’étendre, sur lesquels l’auteur lui-même pourrait s’étendre davantage. Sauf que Tokyo Ghost est un diptyque et qu’il s’agit bien ici l’acte final du récit. C’est sans nul doute l’un des succès de Tokyo Ghost, avec une fin ouverte qui laisse libre cours à la réflexion du lecteur. C’est tout le propos de la science-fiction.
Ayant fait le choix de la version en noir et blanc pour ce second volume (avec une très belle qualité de papier et un format plus grand pour le même prix), j’ai néanmoins pris le temps de feuilleter longuement la version couleur. Sean Murphy aime toujours les couleurs un peu flashy, mais cela sied à merveille aux environnements que l’on est invité à traverser, dont certains ne sont d’ailleurs pas sans rappeler la Gotham City de la série animée de notre lointaine jeunesse. Le noir et blanc fait quant à lui merveille, faisant ressortir davantage encore la précision du trait du dessinateur. De bout en bout, c’est tout simplement superbe. Des scènes d’action terriblement dynamiques autant par le dessin que par le découpage, même si certaines scènes auraient mérité des pages pleines, des visages travaillés qui contribuent à rendre tous les personnages follement charismatiques. Méchants, gentils, on les apprécie tous.
Tokyo Ghost, c’est en quelque sorte un diptyque qui mériterait bien encore un volume ou deux. Le choix d’en rester là est pourtant certainement une excellente idée, préservant du risque d’être déçu d’un récit trop tiré en longueur. Sans nul doute l’un des grands moments de la science-fiction de ces dernières années dans la bande dessinée. Rien que ça !
Voir aussi : Tome 1
Autres critiques : Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?)
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