L’empire barbare, tome 2 : Théodoric le Grand
Titre : Théodoric le Grand
Cycle : L’empire barbare
Auteur : Gary Jennings
Éditeur : Pocket
Date de publication : 2012
Synopsis : Ve siècle de notre ère. Thorn l’hermaphrodite est devenu l’homme de confiance de Théodoric, roi des Goths, qui revendique ses droits sur les territoires d’un Empire romain d’Occident vacillant. De retour d’une mission auprès de l’empereur Zénon à Constantinople, Thorn tombe aux mains de Strabo, le pire ennemi de Théodoric. Une violence inouïe se déchaîne alors pour la conquête du pouvoir. Confronté aux plus sombres et fascinantes rencontres de son existence, Thorn n’en poursuit pas moins ses recherches sur les origines de son peuple et combat fidèlement aux côtés de son roi. Ensemble, ils marchent sur Rome pour bâtir un nouvel empire unique dans l’Histoire : l’Empire barbare.
Les Romains, les Huns ou n’importe quelle autre race d’hommes peuvent ravager une terre en long, en large et en travers. Ses diverses parcelles peuvent changer de maître de nombreuses fois. Le sol peut être irrigué de sang, jonché d’ossement, creusé de milliers de tombes, être couvert d’armures vouées à la rouille et à la pourriture… tout cela s’effacera et finira par disparaître en l’espace d’une simple vie humaine. Seule la terre ne change jamais. Un homme ne se doit d’être loyal qu’envers l’immuable terre dont il est issu, plutôt que d’obéir à ses dieux, ses rois ou à ses ancêtres.
Avec ce deuxième et ultime volume de « L’empire barbare », Gary Jennings poursuit sa fresque historique consacrée à la chute de l’Empire romain d’Occident et à l’ascension de Théodoric le Grand. On retrouve évidemment avec plaisir notre narrateur et protagoniste, Thorn, qui gravite désormais autour des grands de l’époque, qu’il s’agisse de l’empereur d’Orient Zénon, de Strabo, principal concurrent à la souveraineté du peuple Goth, et bien sur de Théodoric dont on assiste à irrépressible élévation. Autant d’illustres personnages dont notre héros sera amené à croiser le chemin tour à tour sous son apparence d’homme ou de femme. Car souvenez-vous que Thorn est loin d’être un être humain ordinaire : il est un hermaphrodite, à la fois homme et femme puisque possédant les organes génitaux spécifiques aux deux sexes. Loin d’être un handicap, cette dualité lui permet d’endosser tour à tour l’une ou l’autre de ces identités en fonction des circonstances. C’est bien sûr en tant que Thorn, maréchal de Théodoric, que notre héros se rendra en ambassade à Rome auprès des sénateurs et autres hauts dignitaires de l’empire et qu’il organisera la prise de Ravenne et la défaite d’Odoacre. C’est cependant en tant que Véléda, son pendant féminin, qu’il se laissera capturer comme otage par le cruel Strabo, ou qu’il infiltrera la redoutable tribu des Amazones.
Vous l’aurez compris, cette capacité à passer d’un sexe à l’autre offre au protagoniste de vastes possibilités. Comme dans le premier tome, il est cependant un peu agaçant d’entendre Thorn affirmer à plusieurs reprises que ses actes de compassion ou de pitié lui ont été dictés seulement par sa nature féminine. Depuis quand des sentiments tels que l’empathie ou la jalousie et des traits de caractère comme la superficialité ou la coquetterie sont-ils devenus l’apanage exclusif des femmes ? On prend malgré tout plaisir à suivre les aventures de Thorn qui consacre cette fois l’essentiel de son récit à l’ascension de Théodoric en Occident. Malgré quelques petits arrangements avec l’histoire « officielle » et un compréhensible manque d’objectivité de la part du narrateur, on sent une fois encore que Gary Jennings s’est abondamment et sérieusement documenté sur ce Ve siècle qu’il dépeint avec justesse comme une période de grande incertitude. Contrairement au premier tome, on sent malgré tout quelques moments de flottement dus peut-être moins à un ralentissement du rythme qu’à de grosses digressions. Je pense notamment au passage consacré à la recherche des origines du peuple Goth qui, sans être complètement dépourvu d’intérêt, arrive toutefois comme un cheveu sur la soupe et nous éloigne trop longtemps du cœur de l’action.
Un second tome un peu en dessous du premier en raison, sans doute, de la volonté de l’auteur d’étirer son récit et d’y ajouter des éléments historiques, certes intéressants, mais pas toujours essentiels à l’intrigue. « L’empire barbare » reste cela dit un diptyque très réussi nous plongeant efficacement au cœur du Ve siècle au côté d’un héros à la fois héroïne très attachant(e).
Voir aussi : Tome 1
3 commentaires
belette2911
Fais-moi culpabiliser de ne pas encore avoir ouvert ces deux romans !!
Boudicca
Je t’en prie 😉
belette2911
MDR