Fantastique - Horreur

L’héritière

L'héritière

Titre : L’héritière
Auteur : Jeanne A. Debats
Éditeur : ActuSF
Date de publication : 2014 (octobre)

Synopsis : Je m’appelle Agnès Cleyre et je suis orpheline. De ma mère sorcière, j’ai hérité du don de voir les fantômes. Plutôt une malédiction qui m’a obligée à vivre recluse, à l’abri de la violence des sentiments des morts. Mais depuis le jour où mon oncle notaire m’a prise sous son aile, ma vie a changé. Contrairement aux apparences, le quotidien de l’étude qu’il dirige n’est pas de tout repos : vampires, loups-garous, sirènes… À croire que tout l’AlterMonde a une succession à gérer ! Moi qui voulais de l’action, je ne suis pas déçue? Et le beau Navarre n’y est peut-être pas étranger.

Note 3.0

 

Les romans de fantasy urbaine made in France ne sont pas légion, et la première incursion de Jeanne A. Debats dans le genre est assez prometteuse. « L’héritière » met en scène le personnage d’Agnès, fille de sorcière ayant la capacité de voir et de communiquer avec les fantômes, qui retrouve son oncle après le décès de sa famille. Un oncle d’un genre un peu particulier qui lui offre un emploi dans un cabinet de notariat spécialisé dans les affaires de l’Alter-Monde, autrement dit celui des créatures surnaturelles qui peuplent notre monde. Une nouvelle vie commence alors pour la jeune femme qui va devoir apprendre à maîtriser son don dont on prend vite conscience qu’il est loin de représenter une bénédiction. L’auteur nous offre un récit bien rythmé, ponctué de nombreux rebondissements inattendus, et reprend à son compte tous les clichés de la « bit-lit ». On a donc affaire à une héroïne séduisante mais peu sûre d’elle et possédant des réflexes d’auto-défense impressionnants (surtout avec des escarpins !), et surtout un triangle amoureux impliquant deux amants radicalement différents, l’un loup-garou et l’autre vampire. Autant d’éléments que l’on retrouve presque systématiquement dans les ouvrages appartenant à ce genre à la mode mais avec lesquels l’auteur s’amuse ici avec beaucoup d’humour (vous apprendrez par exemple que les véritables vampires ne sont absolument pas fans de la tétralogie « Twilight »).

Comme dans tout roman d’urban fantasy qui se respecte, celui-ci n’hésite pas à puiser abondamment dans la mythologie et les bestiaires antique et médiéval. Nous avons ainsi un vampire, un loup-garou, une roussalka, une sorcière…, bref, chaque personnage à sa propre spécialité. Rien de particulièrement original de ce côté-là, sauf que l’action se passe pour une fois en France, à Paris pour être précis, et que cela permet à l’auteur de varier un peu l’angle d’approche. On apprend ainsi qu’il existe une répartition des différents quartiers de la capitale entres les différentes meutes de garous, ou encore qu’il existe une distinction non seulement d’ordre physiologique mais aussi sociale entre les vampires, généralement issus de la vieille aristocratie, et les loups-garous dont les rangs sont composés d’hommes et femmes davantage issus du prolétariat. L’auteur nous fait également profiter de petites anecdotes intéressantes sur la ville de Paris et ses lieux les plus emblématiques (le cimetière du Père Lachaise, les catacombes…). Les personnages sont pour leur part plutôt attachants, à commencer par Navarre sur lequel on apprend finalement peu de choses ici mais que les lecteurs l’ayant déjà découvert dans « Métaphysique du vampire » ou d’autres nouvelles (« Eschatologie d’un vampire » ; « Lance ») seront ravis de retrouver. Agnès est quant à elle une héroïne intéressante, malgré sa trop grande tendance à se préoccuper de sa tenue et à éclater en sanglots à mon goût.

 

Jeanne A. Debats nous offre avec « L’héritière » un bon roman d’urban fantasy dans lequel elle réutilise tous les codes du genre avec son humour et son ironie habituels, le tout dans un cadre un peu plus original que ce qu’on a l’habitude de voir. Un bon divertissement qui appelle une suite.

Autres critiques : Café Book Addict ; Célindanaé (Au pays des cavetrolls) ; Pauline (Les éditions secrètes) ; Sia (Encres & Calames) ; Thomas Riquet (Mythologica) ; Xapur (Les Lectures de Xapur)

Passionnée d'histoire (surtout le XIXe siècle) et grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement) mais aussi d'essais politiques et de recherches historiques. Ancrée très à gauche. Féministe.

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