Science-Fiction

Le Nexus du docteur Erdmann

Nexus docteur Erdmann

Titre : Le Nexus du docteur Erdmann
Auteur : Nancy Kress
Éditeur : Le Bélial’ (Une Heure-Lumière) [site officiel]
Date de publication : 14 janvier 2016 (2008 en VO)

Synopsis : Henry Erdmann est un physicien de haut vol, l’un des pères de l’Opération Ivy et de la puissance nucléaire américaine. Était, plutôt, car aujourd’hui, vieux et perclus, Henry Erdmann n’est que le triste reflet de celui qu’il fut, quand bien même il continue de donner quelques cours à l’université pour des étudiants qu’il ne comprend plus depuis bien longtemps… Aussi, lorsque cette douleur impensable lui vrille le cerveau, c’est presque avec soulagement qu’il accueille ce qu’il croit être une attaque cérébrale. Sauf qu’il ne s’agit pas de cela… De nombreux pensionnaires de la maison de retraite dans laquelle il réside semblent avoir subi le même sort. Et tous, bientôt, commencent à voir des choses… Des choses impossibles…

La malchance n’était qu’un tour de la roue, la maladie un autre, la mort rien qu’une transition d’un état vers un nouvel état. Ce qui devait advenir adviendrait, et au-delà de tout ça, le grand flux de l’énergie cosmique continuait à couler, façonnant cette illusion que les gens pensaient être le monde.

Parmi les récits de la collection Une Heure-Lumière du Bélial’ que nous avions laissés filer (et en l’occurrence il ouvrait quasiment la collection), figure Le Nexus du docteur Erdmann, de Nancy Kress, paru en 2008 en VO, en 2016 chez nous.

Panique à la maison de retraite

Henry Erdmann, éminent physicien mais vieillard de 90 ans, commence à voir son état se détériorer : malgré son aisance intellectuelle à discuter encore de sujets très pointus, il repère chez lui quelques symptômes inquiétants comme des palpitations, des nausées ou des évanouissements. Il s’épanche auprès de son aide-soignante préférée, Carry Vesey, et cherche à comprendre pourquoi d’autres résidents de l’institution médicalisée ressentent parfois, et à des moments communs, des effets tout à fait similaires. Se mêlent alors une certaine « enquête » de la part d’Henry Erdmann et Carry Vesey pour savoir d’où lui viennent ces symptômes inquiétants et l’apparition répétée, successive de phénomènes qui peuvent sembler paranormaux (une crise cardiaque survenue à un moment fatidique, un coffre fermé à clé qui est retrouvé ouvert sans autre explication, etc.) mais qui les mènent plutôt vers l’observation d’une expérience scientifique de grande ampleur.

La vieillesse est-elle un naufrage ?

Nancy Kress nous emmène dans un environnement qui ne fait pas plaisir à voir, car, chacun, nous sommes amenés à envisager ce que nous deviendrons à 80 ou 90 ans (encore faut-il déjà arriver à cet âge…). Sénile avant l’âge ? Intellectuellement avancé, mais avec un corps qui cède ? L’inverse ? Rien de tout cela ? Dans tous les cas, il y a de tout dans cette maison de retraites pour se repérer dans ces différentes possibilités. L’autrice ne se contente pas de nous exposer la vision du docteur Erdmann, mais navigue (notamment dans les premières pages) entre plusieurs esprits s’interrogeant sur ce qu’il se passe dans cet endroit. De fait, la question revient souvent : est-ce que vieillir à un sens ? On garde précieusement ses souvenirs, ses proches quand c’est possible ; on se sent plus proche de la fin que du début ; l’expérience vient compenser au quotidien les faiblesses qui sont apparues depuis longtemps… Bref, au vu des thèmes abordés, ce n’est pas un récit très joyeux, d’autant plus que ces histoires sont confrontées à d’autres drames personnels qui se jouent autour de cette fameuse maison de retraites (violence conjugale, drame aérien, etc.).

Belle vision science-fictionesque

Je suis tout de même allé voir ce qu’était un « nexus » en terminologie médicale (j’avais l’idée de connexion par le terme informatique, mais c’est plus précis que ça) : il s’agit donc d’une « jonction intercellulaire mettant en relation le cytoplasme de deux cellules voisines ». En somme, ce sont deux organismes (ou plus) tellement proches qu’ils mettent en commun une partie de leur contenu. À l’échelle d’esprits humains, comment une autrice peut-elle envisager cela ? Nancy Kress nous propose donc une vision intéressante sur la maturité de l’esprit humain, notamment pour envisager la suite à une vie « physique » et pour se confronter à quelque chose de plus grand que notre simple existence terrestre. Les éléments de science-fiction utilisés touchent fortement à une vision métaphysique du monde, nous laissant espérer qu’il y a toujours des choix à opérer, individuellement comme collectivement.

Le Nexus du docteur Erdmann donne donc une vision neuve d’un sujet maintes fois abordé : la vieillesse selon Nancy Kress est porteuse de bien des espoirs.

Autres critiques :
Acaniel
Aelinel (La Bibliothèque d’Aelinel)
BlackWolf (Blog-O-Livre)
Célindanaé (Au pays des Cave Trolls)
Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte)
OmbreBones (Chroniques de l’Imaginaire)

The Maki Project

Cette critique est la 18e de ma participation au Projet Maki 2020.

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

4 commentaires

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