Fantasy

Le bâtard de Kosigan, tome 4 : Le testament d’Involution

Titre : Le testament d’Involution
Cycle/Série : Le bâtard de Kosigan, tome 4
Auteur : Fabien Cerutti
Éditeur : Mnémos
Date de publication : 2018 (mai)

Synopsis : Et si l’origine du plus grand lac de la région de Cologne avait un rapport avec une prophétie réalisée en 1341 ? Et si cette même année, le chevalier de Kosigan avait réveillé des forces qui le dépassent ? Et si le destin de sa postérité se jouait cinq siècles plus tard dans la cave voûtée d’un bistrot parisien ? Et si les secrets révélés dans ce livre étaient dangereux ? Et qu’en les découvrant, vous deveniez complice…

Et voilà, cette fois c’est la fin ! Après notre première rencontre avec le charismatique et retors capitaine Pierre Cordwain de Kosigan quatre ans et trois tomes plus tôt, Fabien Cerutti met fin au premier cycle consacré au bâtard et à son descendant avec ce quatrième tome baptisé « Le testament d’Involution ». Contrairement aux premiers volumes de la série, qui pouvaient tout à fait se suffire à eux-mêmes, il faut noter que celui-ci ne peut en revanche nullement se lire indépendamment, les tomes 3 et 4 constituant une seule et même histoire et étant clairement indissociables l’un de l’autre.

Suite et fin (momentanée) des aventures du bâtard de Kosigan

Nous retrouvons donc notre mercenaire exactement là où on l’avait quitté à la fin du précédent opus… à savoir en très mauvaise posture. [Je vais éviter autant que faire se peut de faire de spoilers, mais je conseille malgré tout à ceux qui n’auraient pas lu « Le marteau des sorcières » de ne pas poursuivre leur lecture plus avant au risque de se voir révéler des éléments déterminants de l’intrigue du précédent tome.] Fidèle à sa réputation, notre brave bâtard se retrouve donc une nouvelle fois pris au piège d’une complexe toile d’intrigues impliquant de nombreux puissants acteurs. Des acteurs aux motivations souvent en totale opposition les unes avec les autres, mais que notre chef mercenaire s’est pourtant engagé à voir se réaliser puisque, assez comiquement, toutes les parties impliquées dans ce formidable jeu d’échec se sont attachées les services de Kosigan et sa troupe (oui, notre héros aime manifestement jouer avec le feu !). Il y a d’abord le duc von Hohenstaufen, grand-électeur au trône du Saint-Empire romain germanique qui cherche à la fois à limiter l’influence de l’Inquisition sur son territoire, et surtout à contrer les coups bas de ses paires. Il y a aussi évidemment le très détestable cardinal de Las Casas, chef du Saint-Office de l’Inquisition, qui entend pour sa part accroître l’influence de son ordre en mettant la main sur les dernières tisseuses de source (comprenez « sorcières ») de la région, ne reculant pour cela devant aucune atrocité. Et il y a enfin les sorcières elles-mêmes, qui cherchent non seulement à venir à bout de Las Casas, mais aussi à réunir toutes les conditions pour la réalisation d’une vieille et mystérieuse prophétie.

Lecture en demi-teinte pour les chapitres au XIVe siècle…

Si la première partie du récit s’était révélée très frustrante car nous laissant clairement sur notre fin, la seconde a le mérite de répondre enfin à la plupart des questions que le lecteur pouvait se poser. Les deux tomes restent cela dit assez déséquilibrés, le premier (pour passionnant qu’il soit) se limitant à poser le contexte, tandis que le second ne s’embarrasse plus tellement de subtilités et laisse la place à l’action pure et dure. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce quatrième opus est à mon sens un peu en dessous des précédents. Certes, le bâtard est toujours aussi attachant et la plume de Cerutti toujours aussi vive, mais j’ai trouvé l’intrigue mise en scène au XIVe siècle un peu trop bancale, comme si, contrairement aux autres fois, notre héros avait été un peu trop laxiste et ne s’était pas soucié de préparer plus de plan que cela. On a en effet trop souvent l’impression que le mercenaire improvise et se laisse porter par les événements. Un comble quand on sait que, dans ses précédentes aventures, il avait justement toujours une longueur d’avance sur ses adversaires ! De même, si on suit malgré tout avec plaisir les péripéties de Kosigan et sa troupe, le dénouement de cette affaire de Cologne se révèle un peu plus maladroit que ce à quoi l’auteur avait pu nous habituer. Je pense notamment à un passage à la fin du roman, lors duquel l’un des personnages se lance dans un long monologue visant à éclaircir certains détails de l’histoire : un déballage un peu trop abrupte et qui coupe net le rythme du récit. Les pistes laissées par l’auteur concernant la suite des aventures du bâtard sont toutefois prometteuses et ne manquent pas de titiller la curiosité du lecteur qui, en dépit des bémols cités plus haut, ne peut s’empêcher d’éprouver une pointe de tristesse à l’idée de quitter pour quelques temps ce sympathique chef mercenaire.

Le fou prend le roi

… mais captivante pour ceux du XIXe

Voilà pour ce qui est des événements ayant lieu au XIVe qui, jusqu’à présent, avaient toujours eu ma préférence comparés à ceux se déroulant au début du XIXe et mettant en scène le descendant du bâtard. Et bien pour une fois, c’est tout l’inverse qui s’est passé. Car si les aventures du mercenaire à Cologne m’ont un peu moins séduites que d’habitude, celles de Kergaël et ses compagnons m’ont en revanche totalement captivé. Le précédent tome nous avait pourtant déjà apporté pas mal de réponses, puisque l’auteur y dévoilait enfin l’identité des deux principales forces en présence, l’une s’appliquant à éradiquer toute forme de magie et évoluant depuis des siècles dans les hautes sphères de la société, et l’autre cherchant, au contraire, à lui rendre sa juste place dans l’histoire et à protéger les rares créatures surnaturelles encore vivantes. La confrontation entre les deux sociétés secrètes est toutefois sur le point de prendre fin : reste à savoir au profit de laquelle des deux… La tension est ici à son comble, l’auteur s’amusant à jouer avec les nerfs du lecteur en plaçant certains personnages dans des situations extrêmement périlleuses, avec évidemment des enjeux toujours très élevés. Fabien Cerutti joue aussi à nouveau à fond la carte de l’histoire secrète, réinterprétant notamment les principaux mouvements de révolution ou de retour à l’ordre établi ayant émaillé les XVIIIe et XIXe siècles pour les faire coïncider avec la réussite des manœuvres de l’un des deux camps. Sans rien dévoiler pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, sachez aussi que l’auteur se fait plaisir à l’occasion du dernier chapitre qui, par ses nombreuses références, ne manquera pas de ravir les connaisseurs du genre. Culotté mais très amusant !

Bâtard de Kosigan 3 Marteau des sorcières

Fabien Cerutti clôt avec ce quatrième tome le premier cycle des aventures du bâtard de Kosigan et de son descendant. Si la partie se déroulant au XIVe siècle est peut-être légèrement en dessous de ce à quoi l’auteur nous avait habitué dans les précédents tomes, les chapitres mettant en scène les protagonistes du XIXe sont en revanche passionnants et permettent de tisser encore davantage de lien entre notre histoire et celle telle que dépeinte par Pierre de Kosigan. Inutile de vous dire que le deuxième cycle est attendu avec beaucoup d’impatience, même s’il faudra vraisemblablement patienter un peu.

Voir aussi : Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 3

Autres critiques :
Alisson (Aliss’Online)
Blackwolf (Blog-O-livre)
Célindanaé (Au pays des cave trolls)
Jean-Philippe Brun (L’ours inculte)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

12 commentaires

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