Fantasy

Le fou et l’assassin, tome 6 : Le destin de l’assassin

Titre : Le destin de l’assassin
Cycle : Le fou et l’assassin, tome 6
Auteur : Robin Hobb
Éditeur : Pygmalion
Date de publication : 2018 (mars)

Synopsis : Lorsque les Quatre et leurs Serviteurs s’attaquent à Flétribois et enlèvent la fille de Fitz, ils mettent en branle des forces impossibles à arrêter. L’ancien assassin royal, croyant Abeille disparue à jamais, se lance à l’assaut de leur citadelle, accompagné du Fou. De Kelsingra au fleuve du désert des Pluies en passant par les îles Pirates, le Prophète blanc et son Catalyseur sont prêts à tous les sacrifices pour mener à bien leur vengeance. Abeille, quant à elle, est en vie et refuse le sort que ses ravisseurs lui réservent. Si elle a espéré leur échapper et retrouver les siens, elle décide finalement de les anéantir, quitte à les accompagner dans leur ruine. Les Blancs ont accès à des rêves prémonitoires, certes, mais rien ne les avait préparés aux Loinvoyant. Car l’instinct de survie sans faille de cette famille n’a d’égal que sa capacité de destruction.

Bibliocosme Note 4.5

Il ne manque pas de chansons évoquant des bateaux qui franchissent les confins du monde ; certains racontent qu’on passe au-dessus d’une immense chute d’eau pour atteindre ensuite une contrée peuplée de gens paisibles et sages et d’animaux étranges ; dans d’autres contes, les marins parviennent à une terre où des animaux intelligents et doués de parole trouvent les humains dégoûtants et stupides. Celui que j’aimais le plus, c’était celui dans lequel, après avoir navigué au-delà de toute les cartes connues, on aboutissait à une terre où on était encore un enfant ; on pouvait parler avec cet enfant et l’inviter à opérer des choix judicieux.

Et voilà, il est déjà temps de dire au revoir à Fitz avec le dernier tome de la nouvelle série de Robin Hobb. Un tome qui signe d’ailleurs bien plus que la fin du cycle du « Fou et l’assassin » puisqu’il semble cette fois bel et bien s’agir de la conclusion de l’ensemble des précédentes séries de l’auteur. Alors certes, on nous avait déjà plus ou moins préparé à cette éventualité, puisque toutes les intrigues et tous les personnages développés non seulement dans « L’assassin royal » mais aussi dans « Les aventuriers de la mer » et « Les cités des anciens » convergeaient depuis un moment, mais tout de même, quel choc de voir une histoire avec tant de ramifications et qu’on a suivi depuis tellement de temps prendre véritablement fin ! Fort heureusement, ce dernier tome est parfaitement à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre, Robin Hobb nous offrant en terme de conclusion un véritable feu d’artifice au cours duquel surviennent enfin tous les grands événements qu’on attendait depuis longtemps. Difficile de parler de l’intrigue de ce sixième tome sans trop en dévoiler, aussi ne vais-je mentionner que le minimum pour ne pas vous gâcher la surprise (si vous n’avez pas encore entamé la lecture de cette nouvelle série je vous conseille malgré tout de sauter le paragraphe qui suit). On retrouve ici toute notre petite troupe de choc composée non seulement de Fitz et de ses compagnons, mais aussi de pirates, de marchands de Terrilville, et bien sur de la vivenef Parangon, tous en route pour la cité de Clerres. Pour tous les membres de l’expédition, les enjeux sont de taille : car s’il s’agit avant tout pour les Cerviens de récupérer la petite Abeille et de venger les tortures subies par le Fou, pour les capitaines et l’équipage du Parangon, ce voyage signifie avant tout la disparition de leur moyen de subsistance.

Après avoir longuement suivi les préparatifs de l’expédition et trépigné face aux obstacles rencontrés et aux nombreux détours opérés, voilà notre assassin enfin prêt à passer à l’action ! Cette accélération du rythme tranche évidemment énormément avec les premiers tomes de la série et entraîne le lecteur dans un tourbillon d’actions dont il ressort pantelant et secoué. Pendant que son père planifie son évasion, Abeille se familiarise pour sa part avec la cité de Clerres et fait enfin la rencontre des fameux Quatre qui se révèlent tout à fait conformes à leur réputation. Après en avoir tant entendu parler, voilà que le lecteur a la possibilité d’élargir encore un peu plus les horizons de cet univers et de mettre enfin les pieds sur l’île des Blancs. Comme à son habitude, l’auteur multiplie les idées astucieuses et ajoute une touche de complexité supplémentaire à la structure déjà extrêmement riche de son monde. L’ouvrage alterne à nouveau entre le point de vue du père et celui de la fille, ce qui permet à l’auteur non seulement de jouer avec les nerfs de son lecteur mais aussi de renforcer le suspens ou la tension dramatique de telle ou telle scène. Chaque chapitre commence également toujours par un petit texte indépendant, extrait de correspondance ou compte rendu officiel, qui nous permet d’en apprendre un peu plus sur certains aspects de l’univers, notamment en ce qui concerne la magie des Anciens. Les dragons occupent également une place importante dans ce dernier tome et confirment à tous ceux qui en doutaient encore que leur retour marque bien l’arrivée de profonds changements pour l’ensemble des cités et royaumes, à commencer évidemment par les marchands de Terriville qui voient leur monopole sur le commerce dangereusement menacé.

Tout aussi excellent qu’il soit, ce sixième tome est aussi et surtout un crève-cœur. Treize tomes pour « L’assassin royal » ; neuf pour « Les aventuriers de la mer » ; huit pour « Les cités des anciens » ; six pour « Le fou et l’assassin » : voilà maintenant trente-six tomes que l’on suit les événements qui bouleversent les Six-Duchés et le Désert des Pluies, soit des milliers et des milliers de pages passées aux côtés de Fitz, du Fou, d’Althéa et Bradshen, de la vivenef Parangon, du maître assassin Umbre, de la reine Kettricken, et de tellement d’autres. Après tant d’heures passées dans un univers, on finit évidemment par s’y sentir comme chez soi et les personnages qui arpentent ce monde font alors figurent de vieux amis. Qu’il est difficile, dans ces circonstances, de leur dire adieu ! C’est bien simple, j’ai passé les cent dernières pages du roman à pleurer comme une madeleine sans pouvoir m’arrêter (et ce n’est pas fréquent !) Ce profond attachement qu’on éprouve à l’égard des personnages représente, à mon sens, le plus gros point fort de l’écriture de Robin Hobb. En dépit du nombre colossal de personnages mis en scène dans chacune des séries, l’auteur parvient à donner à chacun une personnalité qui lui est propre et à nous faire nous y attacher. C’est ainsi avec beaucoup de tristesse que l’on assiste à la disparition de certaines des figures parmi les plus emblématiques de la série (qui, c’est vrai, avaient déjà subi un sacré écrémage au fil des tomes). Ce sixième tome abonde également de références à des événements auxquels le lecteur a assisté dans les tous premiers tomes, et ces retours en arrière nous font jeter un regard empli de nostalgie sur les bons moments qu’on a passé au château de Castlecerf ou à bord des vivenefs. On mesure ainsi tout le chemin parcouru par les personnages, à commencer par Fitz et le Fou qui forment sans aucun doute l’un des duos les plus complexes et les plus mémorables qu’il m’a été donné de rencontrer en littérature.

C’est avec beaucoup de tristesse que l’on referme ce sixième tome du « Fou et l’assassin » qui met un terme sans doute définitif à l’histoire de Fitz Chevalerie ainsi qu’à celle de tous ses compagnons pour lesquels on éprouve depuis des années une profonde affection. Robin Hobb signe ici une conclusion superbement orchestrée, pleine d’action, de suspens, et surtout d’émotions. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous plonger dans cet univers, je ne peux que vous inciter à le faire : le voyage extraordinaire que vous y effectuerez vous marquera profondément et durablement.

Voir aussi : Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5

Autres critiques : Les fantasy d’Amanda

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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