Récit contemporain

L’Insoumis

L'Insoumis

Titre : L’Insoumis
Réalisateur : Gilles Perret
Acteurs principaux : Jean-Luc Mélenchon, Sophia Chikirou
Date de sortie : 21 février 2018

Synopsis : Avec ses hauts, ses bas, sa tendresse, son humour et parfois sa virulence, Jean-Luc Mélenchon est un vrai personnage de film. Qu’il soit haï ou adulé, il ne laisse personne indifférent, et tout le monde -ou presque- s’accorde à lui prêter des qualités intellectuelles brillantes.
Sa campagne présidentielle de 2017 n’a ressemblé à aucune autre dans le paysage politique contemporain. C’est durant ces moments intenses de sa vie, et de ceux de la France, que Gilles Perret l’a accompagné au plus près. Une période propice à la découverte des cotés moins connus d’une personne indissociable de sa pensée politique.

Découvert en avant-première au cinéma Les Cinéastes du Mans, L’Insoumis est un film retraçant un moment politique particulier, de février à avril 2017, en plein campagne électorale pour les élections présidentielles françaises. Le réalisateur Gilles Perret, qu’on connaît déjà par La Sociale et Les Jours heureux, y suit Jean-Luc Mélenchon, candidat du mouvement La France Insoumise.

Après un prologue où il annonce qui il est et d’où il parle, Gilles Perret fait le choix de réaliser cette fois-ci un film sans aucun commentaire autre que celui des acteurs filmés. Autrement dit, on s’éloigne franchement du documentaire pour faire véritablement un long-métrage émotionnel et non analytique. Apparemment, il a réalisé quarante heures de tournage, quarante heures très riches d’un point de vue politique et philosophique, mais pas forcément passionnantes d’un point de vue dramatique dans le but de faire un film de moins de trois heures qui se focalise sur le rythme et les aspects stratégiques. Cela a dû demander un sacré travail de montage pour pour réduire, réduire et encore réduire pour tenir en une heure 35 minutes.

Jean-Luc Mélenchon n’y est pas vu comme un animal politique vociférant, mais on plonge dans son intimité pour découvrir un caractère complet. C’est un acteur à part entière ; il joue son rôle certes, mais l’émotion et la personnalité qui sont peintes font de lui un personnage de cinéma. Il y a le risque, forcément, de rendre le personnage plus sympathique, mais le point de vue choisi est avant tout spectateur et non partisan. Gilles Perret étant présent seul pour tourner ce film, sans éclairagiste, sans caméraman (sans aide financière d’ailleurs non plus, puisque ses frais ont été tenus grâce à des souscriptions), il a le mérite de rester dans un registre sincère. De fait, le film est à son image et à celle de cette campagne particulière : ici, point de restaurants chics à foison, de jets privés ou de réunion de ténors de type mafieux ; non, on arpente plutôt les bistrots, les TGV et les réunions de débrouille, au point même trouver le protagoniste préparer un discours capital entre une table basse en piteux état et des lits superposés (l’image est belle malgré tout, c’est celle de l’affiche, ce n’est pas pour rien). Il y a une ambiance de bonhomie et de spontanéité qui transparaît de ce film qui se laisse du coup regarder sans s’ennuyer (alors même que, si jamais vous n’avez pas vécu dans une caverne en 2017, la fin nous est déjà connue).

Enfin, L’Insoumis essaie de montrer la dimension humaine de la politique. Ainsi, on peut voir comment les à-côtés, positifs comme négatifs, influent parfois durement sur l’émotion globale d’une campagne. Joie, colère, tristesse, amitié, il y a un peu de tout. Moments d’intenses réflexions politiques et moments de détente bon enfant s’enchaînent à un rythme bien choisi, mais par le réalisateur, clairement pas par ceux qu’il a côtoyés. Au moins, on peut dire que ce n’est pas un film de commande contrairement au film de Raymond Depardon, Une partie de campagne, sur Valéry Giscard d’Estaing (qui, se trouvant ridicule, avait d’ailleurs longtemps censuré sa publication). Ce n’est pas non plus un faux thriller politique où tout sent le coup monté comme les documentaires sur les affaires de François Fillon (merci BFM et France 5…), ni un téléfilm plus qu’orienté comme Emmanuel Macron, les coulisses d’une victoire, où chaque éclairage et chaque posture comptent. Ceci est bien visible dans plusieurs séquences comme celle où les plus profondes réflexions philosophiques sont énoncées alors même que l’acteur principal se fait maquiller, qu’il a des lingettes plein le col de chemise, qu’un pinceau n’arrête pas de lui passer sur la figure et qu’il est loin d’être à son avantage.

En somme, L’Insoumis est un film avec quand même de la tension même si on connaît déjà la fin, il permet de se faire une idée de ce qui peut se passer dans l’intimité politique d’une personnalité de premier plan à un moment fatidique.

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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