Super-Héros

Last Hero Inuyashiki, tome 1

Titre : Last Hero Inuyashiki
Série : Last Hero Inuyashiki, tome 1
Auteur : Hiroya Oku
Éditeur : Ki-Oon
Date de publication : 2015 (septembre)

Synopsis : À 58 ans, Ichiro Inuyashiki est loin d’être un modèle pour ses enfants. Vieux avant l’âge, méprisé de tous, il a vécu toute sa vie en employé de bureau minable et n’a pour toute amie que sa chienne Hanako. Comme si cela ne suffisait pas, on lui diagnostique un cancer en phase terminale lors d’un examen de routine… C’en est trop pour le pauvre vieillard. Alors qu’il pleure de désespoir dans un parc en pleine nuit, une lumière aveuglante apparaît… et c’est l’impact !

Note 4.0

Bon, c’est décidé, à partir d’aujourd’hui, je vais sauver autant de vies que possible. Ce sera la preuve… Que je suis encore humain.

Hiroya Oku est le papa de Gantz, manga de science-fiction qui fit couler pas mal d’encre il y a de cela quelques années. Gantz, ultra violent, soit on a adoré, soit on a trouvé cela sans intérêt. A l’époque, je penchai plutôt pour la seconde option et ne suis pas allé au bout. C’est pour cette raison sans doute que je n’eus pas vent de la sortie du premier volume de Last Hero Inayushiki à l’été 2015. La sélection du FIBD d’Angoulême de cette année me mit la puce à l’oreille, le sixième volume étant, en effet, en compétition. Même s’il ne fut pas récompensé, je décidai de me lancer dans l’aventure.

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Dans la bande dessinée japonaise, science-fiction rime souvent avec méchas (entendez par-là des gros robots, à l’image de Neon Genesis Evangelion, ou bien encore du film Pacific Rim de Guillermo Del Toro). Last Hero Inuyashiki ne déroge pas tout à fait à la règle puisqu’il y est question de robot, ou plutôt de cyborg. Ichiro Inuyashiki est un petit col blanc japonais de 58 ans, vieux avant l’âge, frêle, fatigué. Mais surtout, il est méprisé de tous. Son travail ne lui apporte aucune reconnaissance ni professionnelle, ni familiale. Son épouse et ses deux enfants ne voient en lui que celui qui tient les cordons d’une bien maigre bourse et n’affichent que honte en sa compagnie. Il n’y a bien qu’Hanako, la chienne qu’il vient d’adopter, qui lui montre de l’intérêt. Comble de malheur, au détour d’un examen médical, Ichiro apprend qu’il est atteint d’un cancer dans un état trop avancé pour espérer être soigné. Oui, Ichiro Inayushiki, c’est un peu le Walter White (de la série Breaking Bad) du manga. Indéniablement, Hiroya Oku cherche la compassion du lecteur pour son personnage principal. Et l’on peut dire que cela fonctionne. Après tout, il est humain, nous aussi. Désespéré, désemparé, incapable de trouver le moment comme le courage d’annoncer la nouvelle à ses proches, Ichiro erre dans la nuit jusqu’à un parc. Dans un flash de lumière soudain, le vieil homme est percuté par un objet non identifié. Alors qu’il s’éveille quelques temps plus tard, le voilà revigoré, mais en réalité, transformé. Ichiro Inuyashiki est désormais un cyborg aux pouvoirs inattendus. Comment en user et à quelle fin ? Voilà ce qu’est Last Hero Inuyashiki.

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Comme son titre l’indique, Ichiro décide d’œuvrer pour le bien, au service de la veuve et de l’orphelin, des malades et des laissés pour compte. Aussi l’auteur prend-il intelligemment le contre-pied des poncifs, américains surtout, du genre. Point question ici de milliardaires ou de mec branché, hyper musclé. Pas de combats à grande échelle non plus. Le personnage principal est un monsieur tout le monde qui prend le parti d’agir à son niveau, et c’est un plaisir de voir le héros commencer à trouver enfin un sens à sa vie. L’écriture est donc très agréable, le personnage attachant, de même que les autres protagonistes qui apparaissent à la toute fin de ce premier volume. Last Hero Inuyashiki n’est pas non plus dénué d’humour, l’auteur n’hésitant pas à faire la publicité de son manga Gantz en se jouant d’ailleurs des critiques qui ont été évoquées plus haut. Plus original, Hiroya Oku proclame haut et fort son amour du manga One Piece et de son créateur Eiichiro Oda.

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Si Gantz n’avait à mon sens pas grand intérêt du point de vue narratif, la partie graphique était en revanche beaucoup plus convaincante. Deux dimensions sont à bien distinguer ici. D’une part, le travail sur les personnages et notamment sur les visages, qui est superbe. Le trait s’est encore affiné depuis Gantz et les visages tant masculins que féminins sont sublimes et les expressions parfaitement rendues. D’autre part, en ce qui concerne les décors, deux méthodes sont utilisées par le mangaka, même si dans les deux cas, les décors sont toujours extrêmement détaillés. Soit les décors sont fait de façon traditionnelle, à la main dira-t-on, soit, et c’était déjà le cas sur Gantz, des photos ont été retravaillées à l’ordinateur pour en faire des décors photo-réalistes en faisant par exemple ressortir les traits. Le travail est à n’en pas douter minutieux, mais on aime ou on aime pas. Par ailleurs, la mise en image est très efficace, avec quelques dessins en pleines pages et des enchaînements de cases dynamiques.

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Enfin, si les mangas souffrent bien souvent de soucis de mise en page dus au format choisi pour l’impression, Last Hero Inuyashiki n’est en revanche pas concerné. L’ensemble est très lisible, avec une traduction tout à fait satisfaisante : il semble terminé le temps où l’on avait parfois des tournures de phrases un peu douteuses. Un dernier mot sur l’emballage avec un fourreau parsemé de touches anodisées du plus bel effet et apportant une petite touche « futuriste » à l’ensemble.

Ce premier volume de Last Hero Inuyashiki se lit vite et avec beaucoup de plaisir. Il est difficile de rester indifférent au personnage principal et à son histoire, que ce soit avant ou après sa transformation. C’est bien une aventure humaine qui attend ici les lecteurs.

Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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