Fiction historique

Barracuda, tome 1 : Esclaves

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Titre : Esclaves
Série : Barracuda, tome 1
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Éditeur : Dargaux
Date de publication : 2010

Synopsis : Par les mers, la cour de Dona Emilia del Scuebo navigue paisiblement sur le vaisseau du capitaine de La Loya. Cependant, de mauvais vents amènent les malheureux à croiser la route de l’équipage du redouté Barracuda. Les riches passagers sont faits prisonniers par les avides pirates de Blackdog, leur chef. Le vieux capitaine, aussi violent que rusé, prend immédiatement conscience du profit qu’il peut tirer de détenus aussi prestigieux. Sur l’île malfamée de Puerto Blanco, repaire insalubre de la vermine des mers, Blackdog monnaie à prix d’or les vies de Dona Scuebo, de sa fille, la belle Maria, et de leur jeune valet, tout en se concentrant sur son nouveau projet : partir à la recherche du trésor des Scuebo. Les destinées des uns et des autres vont alors s’entrecroiser autour d’une même quête – le diamant du Kashar, joyau du trésor de la famille Scuebo.

Note 4.0

On écrit pour saluer le gamin, l’enfant, l’adolescent qu’on laisse derrière soi – sans possibilité de retour. On écrit pour ne pas les oublier.

 

Déçue par ma dernière incursion dans l’univers de la piraterie en bande dessinée, c’est avec une petite pointe d’appréhension que j’ai malgré tout décidé de me lancer dans la série « Barracuda » qui comprend à l’heure actuelle six volumes. Appréhension complètement balayée dès les toutes premières pages tant le travail conjugué de Jean Dufaux et de Jérémy (dont il s’agit du premier album en tant que dessinateur) est bluffant. Visuellement, d’abord, c’est une sacrée claque. Remarqué par le regretté Philippe Delaby, Jeremy signe des planches sublimes qui nous immergent aussitôt dans l’univers violent et coloré des pirates de Puerto Blanco. Si les décors sont assez impressionnants, ce sont malgré tout les personnages qui tirent leur épingle du jeu, l’artiste excellant à représenter des visages tour à tour avenants ou effrayants mais toujours très expressifs et bourrés de détails. Pour accompagner des graphismes d’une telle qualité, il fallait un scénario à la hauteur, et celui de Jean Dufaux ne déçoit pas ! L’album s’ouvre sur la chasse menée par le Barracuda, redoutable vaisseau pirate mené par le non moins redoutable Blackdog lancé à la poursuite d’un navire espagnol. Pour les forbans le butin est de taille : non seulement ils tombent sur trois belles jeunes femmes qu’ils estiment pouvoir revendre à bon prix au marché aux esclaves, mais on leur fait en plus miroiter la possibilité de mettre la main sur le diamant du Kashar, pierre d’une grande valeur mais que certains estiment maudite…

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« Pas de pitié ! Pour personne ! Jamais ! » La devise de l’équipage de Blackdog donne le ton de ce premier album : Jean Dufaux nous dépeint un monde dur et empreint de violence où les pirates n’ont rien à voir avec l’image du brave et sympathique rebelle véhiculée par certains médias depuis plusieurs années. La plupart des personnages en feront rapidement les frais. Vente aux enchères, viol, bastonnade : le fait que les trois protagonistes soient à peine plus que des enfants n’empêche pas l’auteur de les mettre durement à l’épreuve. Si certains se révèlent d’ores et déjà plus ambigus que d’autres, tous se retrouvent dans des situations tellement délicates ou entourés de personnages tellement énigmatiques que l’on ne peut qu’être intrigué par la tournure que prendront les événements pour chacun d’entre eux. Si certains des éléments du scénario restent résolument classiques (une carte au trésor, une île, une malédiction…), l’auteur tente malgré tout de s’éloigner des poncifs propres à ce genre de récit en situant dans un premier temps l’essentiel de son action à terre. Et plus spécifiquement à Puerto Blanco, repère pirate rappelant fortement le New Providence du début du XVIIIe où l’on vient non seulement pour se réapprovisionner entre deux voyages mais aussi et surtout pour faire affaire. Autre singularité intéressante : la place accordée aux personnages féminins qui ne sont de toute évidence pas là pour servir de simples faire-valoir à leurs homologues masculins.

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Avec ce premier tome Jean Dufaux et Jérémy posent les bases d’une série qui s’annonce fort prometteuse et qui devrait sans mal séduire les amateurs de récits d’aventure et de piraterie. Une bonne surprise à ne pas rater !

Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5 ; Tome 6

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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