Récit contemporain

La succession

La succession

Titre : La succession
Auteur : Jean-Paul Dubois
Éditeur : Editions de l’Olivier (Littérature française)
Date de publication : 18 août 2016

Synopsis : Paul Katrakilis vit à Miami depuis quelques années. Jamais il n’a connu un tel bonheur. Pourtant, il se sent toujours inadapté au monde. Même la cesta punta, ce sport dont la beauté le transporte et qu’il pratique en professionnel, ne parvient plus à chasserle poids qui pèse sur ses épaules. Quand le consulat de France l’appelle pour lui annoncer la mort de son père, il se décide enfin à affronter le souvenir d’une famille qu’il a tenté en vain de laisser derrière lui. Car les Katrakilis n’ont rien de banal: le grand-père, Spyridon, médecin de Staline, a fui autrefois l’URSS avec dans ses bagages une lamelle du cerveau du dictateur; le père, Adrian, médecin lui aussi, est un homme étrange, apparemment insensible; la mère, Anna, et son propre frère ont vécu comme mari et femme dans la grande maison commune. C’est toute une dynastie qui semble, d’une manière ou d’une autre, vouée passionnément à sa propre extinction. Paul doit maintenant rentrer en France pour vider la demeure. Lorsqu’il tombe sur deux carnets noirs tenus secrètement par son père, il comprend enfin quel sens donner à son héritage…

Note 4.5

Coup de coeur

Une simple photo envoyée de France, prise avec un appareil bon marché, suffisait à bouleverser ma vie. Bien plus que l’annonce de la mort de mon père, cette image du compteur me rappelait qui j’étais, d’où je venais, par quelles gonades j’avais dû passer, cette bite, ce gland et cet interminable séjour dans l’utérus des Gallieni. Ces gens-là, incapables de vivre, de supporter leur propre poids sur cette terre, m’avaient fait, fabriqué, détraqué.

Paul Katrakilis s’est expatrié à Miami pour vivre de sa passion. Ses dernières années ressemblent à un rêve éveillé, une vie tranquille, une amitié solide, l’arrivée miraculeuse d’un petit chien, seul un amour manque peut-être à l’idyllique tableau. Mais le suicide de son père médecin l’oblige à rentrer en France. Paul ne semble pas plus déboussolé que ça, grand-père, oncle et mère ayant choisi la même disparition. On retrouve chez Jean-Paul Dubois tout ce qui fait le charme de son écriture : ton désabusé, regard lucide sur ses contemporains, les mêmes obsessions chez ses personnages de livre en livre. Comme si, après tout, le second degré et l’humour mélancolique étaient les meilleurs remparts pour donner un sens à nos brèves existences. Puis le roman perd de sa légèreté pour glisser insidieusement vers des émotions plus profondes. Dubois brasse un flot de sentiments qui nous met la boule au ventre, et c’est alors en tout point remarquable. Le deuil, la fin de vie, la filiation, la folie : autant de thèmes que l’auteur d’Une vie française déroule avec justesse et force.

Un très grand roman, de ceux qui trottent longtemps dans la tête. Coup de cœur évident.

Livrovore passionné de lecture, de cinéma, de théâtre et en règle générale par tout ce qui a trait à la culture, sans prétention.

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