Super-Héros

Suicide Squad [film, 2016]

Suicide Squad

Titre : Suicide Squad
Réalisateur : David Ayer
Acteurs : Joel Kinnaman, Will Smith, Margot Robbie, Jai Courtney, Cara Delevingne, Jay Hernandez, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Karen Fukuhara, Adam Beach, Viola Davis, Jared Leto
Date de sortie française : 3 août 2016

Synopsis : Les pires méchants de l’univers DC Comics réunis dans un même film.
C’est tellement jouissif d’être un salopard ! Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?

Note 2.5

[Harley Quinn en cassant une vitrine de magasin :]
Ben quoi ? Nous sommes des vilains, non ? C’est ce que nous faisons.

Warner Bros. et DC Entertainment jouent gros avec ce film Suicide Squad : non seulement l’Univers Cinématographique DC (DCCU) a peut-être calé avec Batman v Superman et il est temps de rassurer tous les fans qui trépignent, mais en plus pour la première fois dans ce type de films super-héroïques l’accent est mis sur les vilains, et là en plus une équipe de super-vilains ! Autant dire que Suicide Squad tient de la mission suicide, mais pas que pour les protagonistes.

Le film débute sur une bien longue mais indispensable introduction des différents personnages. Au bas mot, il y en a une douzaine à nous faire ingurgiter, alors forcément il ne faut pas traînasser en route ! Evidemment, Floyd Lawton (aka Deadshot, avec un Will Smith classique mais finalement efficace et bien dans ses pompes guns) et Harley Quinn (aka Dr Harleen Quinzel, avec une Margot Robbie très sexy et qui hérite des blagues les plus percutantes) tirent la couverture à eux, mais c’était prévu vu le battage médiatique et publicitaire déjà mis en place depuis un an. Les autres malfrats qui composent cette escouade sont moins mis en avant, mais ont bien souvent leur moment de gloire comme Killer Croc dans les égouts ou El Diablo en divinité aztèque. Forcément, à ce rythme d’action et avec un tel nombre de personnages, il faut avancer vite. Tout ce petit monde est dirigé par Joel Kinnaman (RoboCop), en-dessous des autres en Rick Flag(g) tant au niveau du charisme que du traitement scénaristique ; lui-même est dirigé de main de maître(sse) par une Amanda Waller parfaitement campée par Viola Davis qui fait réellement peur avec sa froideur tout en contrôle (la plupart du temps). Deux ombres planent de façon plus ou moins voilée au-dessus du fil : Jared Leto en Joker entre rock-star sociopathe et rappeur mafieux (dont le look est très intéressant pour le différencier des deux itérations précédentes du personnage, mais dont l’interprétation m’inquiète encore un peu… le rire satanique ne suffit pas) et Ben Affleck en Batman (dont la présence est parfaite, mais dont le traitement m’inquiète, car inévitablement la liste de personnes connaissant ses deux identités s’allonge très vite : vive le traitement « made in Zack Snyder » qui ne sait pas gérer deux identités en même temps).

Un beau pactole de personnages qu’il faut savoir gérer a donc été mis entre les mains de David Ayer ; il fait ce qu’il peut et a réussi à garder un bon rythme durant toute la première moitié en alternant les inévitables présentations et les clashs, musique aidant. D’ailleurs, l’utilisation de très bons titres des années 1970 et 1980 pendant ce début est un bon choix, même si certains y verront une copie des Gardiens de la Galaxie. Progressivement, le glissement se fait vers du rap des années 1990 et 2000, ce qui n’est pas gênant, le générique de fin étant justement bien fait. En revanche, le rythme de l’action s’essouffle doucement mais sûrement à partir du moment où l’équipe bien constituée doit affronter la vraie menace. Malgré un mini-twist en milieu de long-métrage, on sent bien que le scénario n’ira pas chercher plus loin. C’est dommage, car avec une telle galerie de personnages, il y en avait des choses à faire avec peut-être deux ou trois bons twists pour faire rebondir l’intérêt de l’action, là où on se retrouve avec quelques rares morceaux de bravoure que les ralentis et les niaiseries des happy ends ne mettent pas en valeur.

En revanche, s’il y a un dernier point positif à noter, c’est bien que le monde dans lequel évolue cette équipe est volontairement non réaliste et cela change par rapport aux précédentes itérations de DC Comics au cinéma ; définitivement, le DCCU se construit sur ce principe iconique, et moins réaliste, cela lui crée une identité. Pour le reste de ce que nous pouvons apercevoir, la chronologie commence à se mettre en place, que ce soit à Gotham plus particulièrement ou bien au sein du groupe des « métahumains » plus généralement ; on aperçoit des choses intéressantes, on entend des références (plus ou moins) subtiles ; on attend jusqu’au bout une petite scène de début de générique qui fait très bien le lien (« façon Nick Fury ») avec ce qu’on a déjà vu et ce qu’on verra bientôt. Mais bon, à part tout ce lot de fun absorbé d’un coup et aussitôt digéré, Suicide Squad a-t-il à un seul moment vécu sa sortie pour lui seul et pas uniquement pour forgé ce fameux DCCU ?

La réussite de Suicide Squad tient dans certains de ses personnages et dans l’atmosphère sombre et délurée qui y est mise en scène. Il n’y a pas de quoi sauter au plafond, mais on peut au moins dire qu’on ne s’ennuie pas, que la bande son est sympathique et que finalement on se souviendra de son ambiance (au moins davantage que Civil War ou X-Men : Apocalypse, c’est sûr)…

Voir aussi : Man of Steel ; Batman v Superman : L’Aube de la Justice

Autres critiques : Aurore (Aurore in Paris) ; Corentin (DCPlanet) ; Gaëlle (Pause Earl Grey) ; Jeffzewanderer (ComicTalk) ; Les Toiles héroïques ; Rp1989 (Lire, voir, jouer, écouter, découvrir) ; Thomas Sotinel (Le Monde) ; Un odieux connard ; Xavier Fournier (Comic Box)

 

 

 

À tenter 2.5 3.0

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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