Fiction historique

Rimbaud, l’explorateur maudit

Rimbaud Explora

Titre : Rimbaud, l’explorateur maudit
Scénariste : Christian Clot / Philippe Thirault
Dessinateur : Thomas Verguet
Éditeur : Glénat (collection Explora)
Date de publication : 2016 (mars)

Synopsis : On connaît Rimbaud le poète. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’à l’âge de 29 ans, il partit seul étudier une région dangereuse et inexplorée de l’Éthiopie. Ce travail fut publié par la Société de Géographie française. C’est sur les traces de ce Rimbaud « l’explorateur » que part Valentin Bracq, son ami d’enfance. En 1892, il arrive à Harrar dans l’ancienne maison de l’auteur. Rimbaud est déjà mort de la gangrène. Valentin va alors mener une véritable enquête, et revivre le voyage de son ami en Abyssinie comme si c’était le sien.

Note 2.5

Arthur ne nous doit rien. C’est nous qui lui devons tellement

 

Depuis quelques années la collection Explora s’attache à retracer le parcours des plus grands explorateurs par le biais de bandes dessinées particulièrement soignées, tant sur le plan graphique que scénaristique. Si on est guère étonné de voir Marco Polo, Magellan, Richard Burton ou encore Charles Darwin faire partie de la sélection, la présence de Rimbaud parmi tous ces aventuriers a davantage de quoi surprendre. Pourtant ce n’est pas pour rien qu’on avait attribué au poète le surnom d’« homme aux semelles de vent ». Outre l’Europe et l’Asie, c’est en Afrique que Rimbaud passera une partie de sa vie, et plus spécifiquement à Harar, une région d’Éthiopie où il se met au service d’Occidentaux ayant installé des comptoirs dans le secteur. Mais le poète a la bougeotte et ne supporte pas de rester trop longtemps au même endroit. Il participera ainsi à plusieurs expéditions (souvent peu rentables) dans des territoires jusqu’à présent non fréquentés par les Européens car jugés trop dangereux. Il entrera ainsi en contact avec certaines des tribus peuplant la région et adressera ses remarques concernant la topologie des lieux à la Société de géographie de Paris qui n’hésitera pas à publier ses comptes rendus. Le poète semble donc parfaitement mériter le statut d’explorateur, et c’est à Philippe Thirault et Thomas Verguet qu’a cette fois été confié le soin de relater cette période charnière de la vie de l’écrivain. Le résultat est toutefois plutôt mitigé.

Rimbaud Explora planche 1

Découvrir une nouvelle facette de la personnalité du poète tourmenté aurait pu se révéler intéressant, mais l’album pâtit malheureusement d’un scénario assez mal construit. Comme dans les autres tomes de la collection l’approche privilégiée n’est pas tellement de proposer un résumé complet de la vie du personnage mais plutôt de se focaliser sur un ou deux moments révélateurs de la personnalité de l’explorateur ou de l’intérêt de sa découverte. Seulement l’épisode choisi ici n’est à mon sens pas le plus approprié car il donne l’image d’un homme particulièrement antipathique, capricieux et motivé uniquement par l’appât du gain. Il faut attendre le dossier historique proposé en complément à la fin de la bande dessinée pour apprendre que l’intérêt du poète pour l’Abyssinie était loin de se limiter à l’argent. Pourquoi, alors, ne pas le montrer davantage au contact des populations locales dont il essayait apparemment d’apprendre la langue et se plaisait à photographier le quotidien ? Et pourquoi avoir consacré tellement de planches aux cauchemars de Rimbaud qui nous apparaît certes comme un personnage torturé mais finalement bien peu comme un explorateur ? La révélation des toutes dernières pages réussit malgré tout à surprendre et rehausse ainsi quelque peu le niveau de l’ouvrage. Les graphismes de Thomas Verguet sont pour leur part plutôt réussis et provoquent sans difficulté le dépaysement recherché.

Explora

S’il semble que Rimbaud puisse effectivement être considéré comme un explorateur en raison de ses travaux sur l’Abyssinie, il manque au poète la passion et la curiosité qui animent les véritables découvreurs. La qualité de l’album s’en ressent, aussi lui préférera-t-on sans hésiter les deux autres volumes sortis au même moment dans la même collection et consacrés à Charles Darwin et Alexandra David-Néel.

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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