Fantasy

La petite encyclopédie du merveilleux

La petite encyclopédie du merveilleux

Titre : La petite encyclopédie du merveilleux
Auteur : Édouard Brasey
Éditeur : Le Pré-aux-clercs
Date de publication : 2015 (pour la nouvelle édition)

Synopsis : C’est à la découverte d’un fabuleux trésor, d’un extraordinaire patrimoine légendaire sauvegardé de siècle en siècle par les conteurs, les mythologues et les folkloristes que nous convie cette Petite Encyclopédie du Merveilleux. Les lecteurs passionnés de fantasy ou de fantastique y retrouveront les fées enchanteresses, les elfes musiciens, les sirènes sensuelles, les nains grinçants et les lutins malicieux des peuples de la lumière, voisinant avec les dragons, chimères, licornes et bêtes pharamines du bestiaire fabuleux ainsi qu’avec les démons, sorcières, vampires et loups-garous des peuples de l’ombre. Au total, plus de deux cent cinquante personnages, esprits ou animaux sont ici répertoriés avec leur description, leur origine géographique et mythologique, leurs mœurs et leur histoire.

Note 5.0

Rien n’existe qui n’ait au préalable été rêvé. (Ismaël Mérindol, Traité de faërie, 1466)

 

Fées, elfes, dragons, vampires, zombies… : autant de figures dont l’origine remonte à plusieurs siècles et qui continuent pourtant aujourd’hui encore de peupler notre imagination. Mais est-on pour autant bien certains de tout connaître de ces créatures surnaturelles ? Avec sa « Petite encyclopédie du merveilleux », Édouard Brasey propose une description la plus documentée et la plus précise possible de tous ces êtres fabuleux qui émerveillent et terrifient les Hommes depuis l’aube des temps. Imposant sur le fond comme sur la forme, l’ouvrage se compose de trois grandes parties mettant à l’honneur les « Peuples de la lumière », le « Bestiaire fantastique » et les « Peuples de l’ombre », elles-mêmes subdivisées en chapitres thématiques (les peuples de la forêt, les peuples des métamorphoses, les montures fantastiques, les monstres marins et horreurs lacustres…). La taille impressionnante de cette « petite encyclopédie » laisse à penser que l’auteur a somme toute bien fait de limiter ses recherches à la culture occidentale, même si on retrouve parfois ici ou là quelques éléments propres aux civilisations asiatiques. Le travail de documentation effectué par Édouard Brasey est colossal et s’appuie sur une quantité substantielle de sources d’origines aussi diverses que variées, la plupart remontant cela dit au Moyen-Age. Ismaël Mérindol et son « Traité de faërie », Walter Scott, le révérend Robert Kirk : le nombre d’auteurs et d’œuvres consultés et mentionnés force le respect et nous permet de nous faire une petite idée des mentalités de l’époque et de son rapport au merveilleux.

Fée 5

Pour chaque créature mentionnée, l’auteur s’attache à regrouper toutes les informations concernant son apparence, son histoire, ses mœurs et l’endroit où elle demeure, tout en exposant les hypothèses formulées au fil des siècles concernant les moyens d’entrer en relation avec elle, de l’éviter, ou encore de s’en débarrasser. Vous en apprendrez ainsi plus en détail sur les sirènes, trolls, fantômes, sorcières, loups-garous et autres êtres surnaturels peuplant aujourd’hui encore les romans de fantasy et fantastique. Il y a également de fortes chances pour que vous découvriez l’existence de créatures dont vous n’avez jamais entendu parler. C’est peut-être le cas des Garaches, loups-garous femelles, ou encore des Selkies, femmes phoques vivant dans les eaux des îles Shetland (et auxquelles Robert Holdstock a d’ailleurs consacré une excellente nouvelle). Aviez-vous également déjà entendu parler des Lorialets, enfants mélancoliques nés d’une femme et d’un rayon de la Lune à laquelle ils doivent leurs prédispositions pour la musique et la poésie ? Ou encore des Bayards, ces chevaux-fées fruits de l’union d’un dragon et d’une serpente ? Et qu’en est-il des Brownies, bons génies du foyer raffolant d’une sucrerie qui porte aujourd’hui leur nom ? L’ouvrage revient également sur des légendes cantonnées à des lieux bien précis comme la bête du Guévaudan qui aurait sévi en Lozère au XVIIIe siècle, le monstre du Loch Ness qui hanterait un lac d’Écosse, ou encore le procès des sorcières de la petite ville de Salem.

Oedipe et le sphinx

Vous découvrirez peut-être ainsi l‘existence de légendes propres à votre localité : j’ai pour ma part fait connaissance avec la Velue, monstre aquatique cracheur de feu dont j’ai appris qu’il avait élu résidence il y a plusieurs siècles dans les eaux de la rivière coulant tout près de chez moi. On pourrait être tenté de croire qu’une telle accumulation d’informations se révélerait vite indigeste pour le lecteur : il n’en est rien. Les explications sont toujours très claires et très ludiques, l’auteur alternant efficacement descriptions narratives et témoignages faisant état de l’existence de telle ou telle créature à tel endroit. L’aménagement des pages est lui aussi très bien pensé et la lecture est d’autant plus agréable que l’ouvrage fourmillent de quantités d’illustrations toutes plus promptes à enflammer l’imagination les unes que les autres. La plupart sont d’ailleurs signées d’une artiste sans doute bien connue des amateurs de fantasy et de féerie : Sandrine Gestin, à qui on doit des représentations envoûtantes de fées, lutins, dragons, elfes, licornes… L’ouvrage contient également les reproductions de quelques toiles immortalisant tour à tour la lutte opposant Saint-George au dragon, Bellérophon partant chasser la chimère ou encore de séduisantes ondines tentant d’attirer de beaux jeunes hommes pour les noyer. Le regroupement thématique des créatures en fonction de leur apparence ou le plus souvent de leur habitat est quant à lui judicieux et permet d’observer les similitudes entre les mythologies et les croyances de différentes civilisations (grecques, romaines, celtes, germaniques…).

Griffon - Sandrine Gestin

Vous l’aurez compris, « La petite encyclopédie du merveilleux » d’Édouard Brasey n’a de petite que le nom : la somme des informations réunies ici par l’auteur est proprement époustouflante et nous permet de revenir à l’origine de près de 250 créatures surnaturelles plus effrayantes ou magnifiques les unes que les autres, certaines toujours aussi populaires aujourd’hui, d’autres ayant sombré dans l’oubli, d’autres encore uniquement connues dans quelques régions de France, d’Angleterre ou d’Allemagne. Un ouvrage incontournable qui ne manquera pas d’émerveiller tout amateur de fantasy qui se respecte (et les autres aussi…).

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.