Récit contemporain

Nous trois ou rien

Nous trois ou rien

Titre : Nous trois ou rien
Scénariste : Kheiron
Réalisateur : Kheiron
Acteurs : Kheiron Tabib, Leïla Bekhti, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Alexandre Astier
Date de sortie : 4 novembre 2015

Synopsis : Le film narre l’histoire vraie d’Hibat Tabib et de son épouse Fereshteh Tabib, jeunes Iraniens militants pour la démocratie. Le film raconte leur exil en France et leur arrivée en Seine-Saint-Denis, ainsi que leur implication dans la vie associative locale.

Note 4.5
 
Coup de coeur

-J’suis désolé pour tout ça.
-J’te remercie pour tout ça.

 

Humoriste, acteur, chanteur… : depuis plusieurs années Kheiron multiplie les casquettes et n’hésite pas à en ajouter de nouvelles à sa collection. On le retrouve ainsi en cette fin d’année 2015 au scénario et à la réalisation du film « Nous trois ou rien » dans lequel il tient également le rôle principal, celui d’Hibat Tabib : son père. Mêlant habilement drame et comédie, l’acteur y relate en effet le parcours de ses parents : de leur combat au côté de l’opposition au shah d’Iran jusqu’à leur installation en France, dans un quartier de Seine-Saint-Denis. Le film peut d’abord se targuer d’un sans faute au niveau du casting : Leïla Bekhti qui interprète la mère de Kheiron (Fereshteh) est comme d’habitude d’une justesse remarquable et il en va de même de Gérard Darmon (très émouvant), Zabou Breitman et de tous les autres acteurs, y compris ceux n’ayant qu’un rôle minime (on notera par exemple les apparitions remarquées d’Alexandre Astier en shah d’Iran ou encore de Kyan Khojando, ancien acolyte de Kheiron dans la série « Bref ». Le film séduit également par son humour et ses dialogues percutants qui s’appuient souvent sur les clichés pour mieux les retourner (bizarrement cela fonctionne beaucoup mieux que dans « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu »…). Les personnages féminins sont notamment très bien campés, qu’il s’agisse de la mère de Kheiron aussi bien que de sa grand-mère (interprétée par Zabou Breitman) ou encore des femmes du quartier dans lequel le couple élira résidence en France.

Nous trois ou rien scène 1

Malgré l’humour sous-jacent, le film n’a cependant rien d’une comédie légère et regorge au contraire de scènes bouleversantes, toujours amenées avec beaucoup de sobriété et de pudeur. C’est évidemment essentiellement le cas dans la première partie, celle qui se déroule en Iran et au cours de laquelle on assiste au quotidien d’Hibat et Fereshteh, tous deux profondément engagés dans la lutte contre le régime iranien (d’abord celui du shah puis celui des extrémistes religieux lui ayant succédé). Par le biais de quelques scènes marquantes et entre deux traits d’humour, Kheiron rend ainsi hommage à tous ces résistants iraniens (ses parents en tête) qui n’hésitèrent pas à tout sacrifier, y compris leur vie, pour que la dictature laisse enfin la place à la démocratie. Si le réalisateur entend bien ne pas relativiser la tragédie des événements vécus par ses parents et leurs amis, l’humour n’est cela dit jamais bien loin et permet souvent d’atténuer la tension et la tristesse accumulées après certaines scènes. Cette alternance savamment dosée entre le drame et la comédie ne fait que rendre encore plus touchant ce film dont on sent bien à quel point il tient au cœur du réalisateur qui y met un tel enthousiasme et une telle sincérité qu’on lui pardonne sans mal ses quelques maladresses, qui ne sont somme toute pas si nombreuses et qui concernent essentiellement la seconde partie, peut-être un peu plus convenue.

Nous trois ou rien scène 2

C’est donc haut-la-main que Kheiron relève son premier défi en tant que scénariste et réalisateur avec « Nous trois ou rien », touchant hommage à ses parents et à leur investissement non seulement dans la résistance iranienne mais aussi dans la vie associative française. Un très joli film dont il serait dommage de passer à côté.

Autres critiques : AuroreinParis (AuroreinParis)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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